La conscience

Jean-Jacques Rousseau

Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable à Dieu! c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses actions; sans toi, je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m'égarcr d'erreur en erreur à l'aide d'un entendement sans règles et d'une raison sans principes (…)

Mais ce n'est pas assez que ce guide existe : il faut savoir le reconnaître et le suivre. S'il parle à tous les coeurs, pourquoi donc y en a-l-il si peu qui l'entendent? Eh! c'est qu'il nous parle la langue de la nature, que tout nous fait oublier.

La conscience est timide; elle aime la retraite et la paix; le monde et le bruit l'épouvantent : les préjugés dont on la fait naître sont ses plus cruels ennemis; elle fuit ou se tait devant eux : leur voix bruyante étouffe la sienne; le fanatisme ose la contrefaire et dicter le calme en son nom (...) O mon enfant, puissiez-vous sentir un jour de quel poids on est soulagé quand, après avoir éprouvé la vanité des opinions humaines et goûté l'amertume des passions, on trouve enfin près de soi la route de la sagesse, le prix des travaux de cette vie, et la source du bonheur dont on a désespéré.

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