Résistance du monde et harmonie intérieure
Dimanche le 17 mars 2002
Quand ce qui lie se confond avec ce qui délie
«Quand la fortune nous exempte du travail, la nature nous accable du temps», disait Rivarol. «Nous sommes toujours dans le malheur, précise Schopenhauer, parce que nous oscillons entre ses deux causes principales: la misère et l’ennui». Dans le même esprit, Gustave Thibon nous dit que la résistance extérieure est essentielle à l’homme et à sa densité intérieure. «La résistance du monde extérieur crée donc en grande partie notre harmonie et notre simplicité intérieures. Cette résistance abolie, les démons de l’ennui et du raffinement surgissent du fond de nous-mêmes et nous rongent comme des termites. La guerre que nous ne subissons plus du dehors, nous la créons du dedans. Nous ressemblons à la gerbe qui se plaindrait du lien qui l’enserre. Le lien coupé, les épis se dispersent et leur opulence meurt... Car le lien opprime la gerbe, mais il la fait.» (Gustave Thibon, Retour au réel, Lyon, Lardanchet, 1946, p. 213.).