La classe de philosophie
Georges Gusdorf montre dans ce texte que la culture philosophique est propice à la mise en question du sens commun, des évidences, des apparences et l'éclosion d'une conscience critique.
« À la crise de l'adolescence, la classe de philosophie propose le débouché de l'aventure, et les disciplines de l'esprit. C'est l'éphébie de la raison. L'enfant avait connu les délices de la féerie, la passion des romans, tous les enchantements des horizons imaginaires. La classe de philosophie révèle une autre aventure, sur place, par la remise en question des évidences prochaines. L'apparence ne va pas de soi, le réel appelle justification: sous les yeux, à portée de la main, les gouffres se creusent. Les faits et les valeurs jusque-là étaient liés au sens commun; il suffisait de les recevoir selon leur signification préfabriquée. Désormais le sens commun est soumis à critique, et l'on découvre qu'il n'y a pas de vérité en dehors d'une interrogation sur la vérité. La seule constatation que le réel peut ne pas être vrai ouvre les portes d'un autre univers. »