Réalisme

Georges-Rémy Fortin

Réalité et réalisme selon le Quis? Quid? de Paul Foulquié :

« Réalisme – Dér. du lat. realis (réel) dér. de res.

A. Pyschol. : caractère de celui qui est réaliste, c.-à-d. qui ne s’embarrasse pas de théories ou de précédents, mais s’accommode du réel.

B. Crit. : doctrine qui admet la réalité du monde extérieur »

Foulquié, Paul, Quis? Quid? philosophique à l’usage des candidats au baccalauréat, Paris, Éditions de L’École, 1977

Les réalismes selon Frédéric Nef :

« Il n’y a pas un seul réalisme, mais plusieurs réalismes. Le réalisme est d’abord entendu comme une thèse d’indépendance de l’esprit (réalisme métaphysique), mais il est aussi question de réalisme des valeurs de vérité (réalisme sémantique), de réalisme des universaux, dans un sens plus historique. J’entendrai par réalisme tout court le réalisme métaphysique, sans toutefois impliquer nécessairement une disjonction de l’esprit et du monde (ou même une corrélation du sujet et de l’objet, qui est une forme de synthèse disjonctive). » (p. 36)

Nef, Frédéric, Traité d’ontologie pour les non-philosophes, Paris, Gallimard, 2009

Le réalisme des universaux du haut Moyen Âge, de Jean Scot Érigène, Anselme de Canterbury, Odon de Cambrai et Guillaume de Champaux, étudié ici par Christophe Erismann :

« Notre réalisme ne s’oppose pas à l’idéalisme, mais au nominalisme, ou mieux encore au particularisme ontologique, en ce qu’il défend l’existence réelle des universaux. Un universel est une entité qui peut exister en plusieurs endroits simultanément. L’universel peut exister séparément des individus (solution platonicienne) ou dans les individus (solution dite aristotélicienne). » (p. 34)

« Nous obtenons deux positions doctrinales : le réalisme théologique, d’obédience platonico-augustinienne, qui défend l’existence d’universaux ante rem compris comme les idées divines, et le réalisme ontologique, partisan des universaux in re, qui est, quant à lui, élaboré à partir d’Aristote et de Porphyre, des Catégories et de l’Isagoge. » (p. 59)

« Les grands partages philosophiques entre Reales et Vocales/Nominales ne se sont pas initialement décidés sur le fait de savoir s’il existe autre chose que des particuliers, mais sur la manière d’expliquer les textes d’Aristote et de Porphyre, de les exposer in re (comme portant entièrement sur les choses), ou in voce (comme portant entièrement sur les voix ou les mots). » Alain de Libéra, L’art des généralités, cité par C. Erismann, p. 5

Erismann, Christophe, L’homme commun, La genèse du réalisme ontologique durant le haut Moyen Âge, Paris, Vrin, 2011

L’hétérogénéité de l’être à la pensée selon le néo-thomiste québécois Louis Lachance :

« […] la cause de la diversité des affirmations se trouve dans les réalités affirmées. L’esprit, indifférent à telle ou telle affirmation, est déterminé par l’apport objectif. Et, comme c’est la même réalité qui différencie et constitue, il s’ensuit que l’activité mentale est constituée par quelque chose d’autre qu’elle-même, par une réalité hétérogène à son fond natif. » (p. 14)

« […] l’être n’est pas quelque chose d’extérieur à Dieu ou aux créatures. […] Il est au contraire caractérisé par l’intériorité, l’intimité, la profondeur. Il pourvoit tout de son réalisme, de son plein. Il donne à tout de réaliser un foyer de perfection, un centre d’intérêt. » (p.122)

Lachance, Louis, L’être et ses propriétés, Montréal, Les Éditions du Lévrier, 1950

L’objet en soi selon le réalisme spéculatif de Quentin Meillassoux :

« […] tout ce qui de l’objet peut être formulé en termes mathématiques, il y a sens à le penser comme l’objet en soi. » (p. 16)

« C'est là l'énigme qu'il nous faut affronter: la capacité des mathématiques à discourir du Grand Dehors, à discourir d'un passé déserté par l'homme comme par la vie. Pour le dire encore sous la forme d'un paradoxe (qu'on nommera « paradoxe de l'archifossile ») : comment un être peut-il manifester l'antériorité de l'être sur la manifestation ? » (p.37)

Meillassoux, Quentin, Après la finitude, Essai sur la nécessité de la contingence, Paris, Éditions du Seuil, 2006

Le réalisme métaphysique québécois de Charles De Koninck, Thomas De Koninck, Jacques Lavigne, Charles Taylor et Jean Grondin selon Pierre-Alexandre Fradet :

« À l’instar des réalistes spéculatifs, et souvent bien avant eux, les « réalistes québécois » font quelque fois signe vers la possibilité de palper l’en-soi lui-même, c’est-à-dire ce qui est en dehors de toute forme de subjectivité et d’attentes corruptrices, ce qui existe dans un monde en tout point irréductible au nôtre. Ils font donc un grand pas en direction d’un Dehors radicalement étranger à l’humain : au lieu de reléguer dans la sphère mystique ou le champ indicible du Tout-Autre, ils suggèrent qu’on peut entretenir un certain rapport avec lui. » p. 20-21

Fradet, Pierre-Alexandre, Le désir du réel dans la philosophie québécoise, Montréal, Éditions Nota Bene, 2022

 

 

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