Internet

La première définition du cyberespace donnée par Willliam Gibson (il crée en 1983 le terme cyberespace dans Neuromancien) est la suivante: «Le cyberespace. Une hallucination consensuelle vécue quotidiennement en toute légalité par des dizaines de millions d'opérateurs, dans tous les pays, par des gosses auxquels on enseigne les concepts mathématiques... Une représentation graphique de données extraites des mémoires de tous les ordinateurs du système humain. Une complexité impensable. Des traits de lumière disposés dans le non-espace de l'esprit, des amas et des constellations de données. Comme les lumières de villes, dans le lointain.» (Paris, J'ai lu, collection SF, 1988, p. 64.)

Dans un entrevue récente, Gibson reconnaît ne pas avoir tenu compte au départ (autour de 1981) de la dimension démocratique et communautaire du cyberespace.

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Essentiel

«Le virtuel, tant vanté, est un terme de plus en plus utilisé qui a tendance à remplacer celui de réseau dans le langage courant, et subit les mêmes variations et glissements. En fait, tout comme le concept de réseau, c'est une notion passerelle, qui sert à rejoindre les contraires, à en faire une seule entité, dans une formule qui est le véritable chiffre du réseau contemporain sous la forme d'Internet.»
Lucien Sfez (1999)

Enjeux

L'Internet 4e génération selon un de ses pionniers, Vint Cerf
On l’appelle un des «Pères de l’Internet» parce qu’il a contribué à la mise au point au protocole tcp/ip qui régit toute la circulation de l’information sur le réseau. Récemment interviewé par un journaliste de la bbc, Vinton Cerf, aujourd’hui vice-président de mci, un géant américain des télécommunications, jouit d’une autorité incontestable sur les questions liées au développement de l’Internet.
Cerf découpe l’histoire de l’Internet en trois périodes : la première, de 1972 à 1982, fut celle de la construction et de l’élaboration des technologies nécessaires au déploiement du réseau ; pendant la seconde période, nous avons assisté à sa consolidation et à l’apparition du commerce en ligne. Au cours de la troisième période, l’usage de l’Internet se généralise. Une étude récente faisait état de 605 millions d’utilisateurs à travers le monde en 2002. L’Internet 4e génération, verra, selon lui, le réseau s’étendre encore davantage pour devenir l’infrastructure de communication de base de toute technologie.

La téléphonie, dans sa forme actuelle, devrait être une des prochaines victimes du développement d’Internet. À court terme, grâce à la technologie Voice over IP qui transforme un appel téléphonique classique en signes numériques, le réseau téléphonique deviendra lui-même partie du Net. Vinton Cerf fait actuellement partie de comités qui œuvrent à la mise au point et à l’implantation de nouvelles normes d’adressage et de nouveaux types d’adresses. Dès lors que le réseau pourra reconnaître des numéros de téléphone, on verra exploser l’offre de services téléphoniques sur Internet.

Le grid computing ou connexion en grille, que le réseau rend possible, fait miroiter des promesses fabuleuses. Elle virtualise le traitement et le stockage de l’information et permet un usage à distance, ou même une location, de capacités informatiques. On pourrait envisager que des usagers utilisent gratuitement des applications logées sur des ordinateurs distants. La compagnie Apple vient de démontrer le potentiel de la connexion en grille en reliant 1100 processeurs, ceux dont sont munis ses ordinateurs personnels haut de gamme. Apple est parvenu à réaliser, pour à peine 5 M$, le 3e ordinateur le plus puissant jamais conçu. À titre de comparaison, le Japan Earth Simulator qui détient encore le premier rang a coûté près de 350 M$.

Devant les réactions hostiles à Internet à qui on impute des ravages, Vint Cerf se fait philosophe: «Si vous jugez Internet par rapport aux éléments qu’il recèle, vous vous trompez. Internet n’est autre qu’une réflexion de notre société et ce miroir reflétera ce que nous voyons. Et pour conclure, si vous n’aimez pas ce que vous voyez dans ce miroir, le problème n’est pas à chercher du côté de la glace, mais du côté de la société.»

Source: Bulletin de l'ambassade de France à Londres / BBC




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Les nouvelles « laisses électroniques »
«Internet et la téléphonie mobile nous relient désormais en tout temps, en tout lieu, au travail. Un cadre interviewé par Nicole Aubert explique en quoi ces nouvelles " laisses électroniques" (l'expression est de Jean-Emmanuel Ray, Professeur IEP et Sorbonne) sont génératrices de fausses urgences : « Avant, quand on demandait une réponse par courrier, on obtenait la réponse trois jours après. Aujourd'hui, on envoie un mail et on s'attend à recevoir une réponse quelques minutes après. » La nouvelle sociabilité électronique tolère mal la lenteur dans les échanges ; elle tolère encore moins qu'on essaie de se soustraire de sa pressante sollicitude en se débranchant. Un autre cadre ajoute : « On est submergé d'informations et de sollicitations parce que tout le monde pense qu'ils ont fait leur boulot en envoyant tout en copie, et ça génère une inflation pas possible. C'est une accumulation de sollicitations qui crée un stress terrible. » Une étude montrait qu'aux États-Unis un travailleur reçoit en moyenne 85 courriels par jour. L'efficacité prodigieuse des nouveaux outils s'efface souvent derrière les contres-effets qu'ils produisent dans une logique d'ensemble.»

BERNARD LEBLEU, «La culture de l'urgence», L'Agora, vol 11 no 1, printemps 2005




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«Avec le cyberespace est mise en scène une symbolique de type religieux — une religion de l'immanence — fondée sur le réseau technique, notamment Internet. Plusieurs auteurs ont souligné cette dimension religieuse. Christian Huitema a bien titré son ouvrage Et Dieu créa Internet, et Kevin Kelly, rédacteur en chef adjoint de Wired, a pu décrire sa première visite à Internet comme une "expérience religieuse". (cité par Mark Dery, dans Vitesse Virtuelle. La cyberculture aujourd'hui, Paris, Éditions Abbeville, 1997, p. 57).

Le cyberespace réactualise une mythologie du XIXe siècle, celle fondée par les saint­simoniens, liée au "désenchantement" de la religion chrétienne et à son déplacement sur l'industrie et les réseaux techniques. Le réenchantement de notre mode industriel s'est opéré depuis grâce aux technologies dont Internet semble aujourd'hui le paradigme.»

PIERRE MUSSO, «Le cyberespace, figure de l'utopie technologique réticulaire», dans Sociologie et sociétés, «Les promesses du cyberespace», vol XXXII, no 2, automne 2000, p. 32.




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Plusieurs gourous des nouvelles technologies annoncent un essor de la société civile. En effet, Internet décuplerait la faculté des individus et des groupes de communiquer, de rechercher et de stocker de l'information. Toutefois, avec l'avènement du cyber-commerce, certains craignent la disparition des intermédiaires de la vente et de la distribution, fragilisant du même coup tout un pan de la société civile.

CHEVRIER, MARC, La société civile, l'État subsidiaire et la responsabilité civique au Québec, Encyclopédie de l'Agora, dossier Société Civile

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