Pandémie

Épidémie qui se propage dans plusieurs régions du monde et liée à une mortalité particulièrement élevée.

La dernière grande pandémie fut celle de la grippe espagnole qui se déclara à la suite de la guerre 1914-18 et causa plus de 20 millions de morts.

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Enjeux

Qui vacciner et quand? Les leçons à tirer de la pandémie avortée de 1976.

Nous vivons constamment sous la menace d’une pandémie : grippe aviaire, virus du Nil. La présente campagne pour la prévention de la grippe aviaire est particulièrement terrifiante. Les personnes agées se réveillent la nuit en se demandant avec angoisse si elles auront droit au vaccin.

Étant donné le coût d’une telle opération à l’échelle mondiale, et son impact sur les populations humaines et sur les animaux, on n’ose pas faire l’hypothèse qu’il puisse y avoir des mobiles douteux et des intérêts inavouables à l’origine de tout cela.

Nombreux sont pourtant les spécialistes en santé publique qui ont de sérieuses réserves sur l’utilité d’une telle manipulation d’une émotion aussi puissante que la peur. Tous se souviennent de la campagne de 1976 contre la grippe porcine et des scandales, mis à jour quelques années plus tard, dont elle fut entachée. Certes il faut prévenir une catastrophe comme la grippe espagnole, mais il faut aussi éviter la répétition d’un scandale comme celui de la grippe porcine.

Dans un camp militaire de l'État du New Jersey, en janvier 1976, un homme meurt de la grippe. La coupable: une mutation du virus de la grippe porcine rappellant l'origine de la meurtrière grippe espagnole.

Le Center for Desease Control, du gouvernement fédéral américain, réunit des experts sur la question. Ceux-ci, peu surpris car il est connu que le virus de l'influenza connaît des mutations à tous les 10 ans environ, reconnaissent un danger potentiel. Aucun consensus sur la necessité d'une action immédiate ne se dégage toutefois.

Le mémo que reçoit la Maison Blanche peu après recommande néanmoins un programme de vaccination générale de 134 millions de dollards! Le risque de pandémie est évoqué dans ces termes: «Strong possibity with probability unknown»1 (Forte possibilité, probabilité inconnue.)

Aussitôt, une énorme machine bureaucratique se met en branle. Le président Ford s'associe personnellement à la campagne, sans pourtant être bien renseigné sur son déroulement. Devait-il hésiter? Le mémo seul constituait une épée de Damoclès au milieu d'une campagne électorale difficile. On dégage des millions de dollars pour vacciner sur-le-champ la population entière des États-unis d'Amérique: 220 millions de vaccins!

«C'était une occasion de défendre l'épidémiologie dans l'intérêt public»2, se rappelle un des médecins présents à la réunion du CDC.

Or, que se produit-il? Tout avait été planifié trop vite. Des problèmes de manufacture, de stocks et de distribution ralentissent l'opération. Une épidémie d'un autre virus d'influenza se déclare alors que toutes les ressources sont mobilisées par la première alerte. De plus, on constate après-coup une incidence du vaccin sur le déclenchement du syndrôme de Guillain-Barré, lequel s'accompagne de paralysie et provoque parfois de mort. Le vent tourne. La population proteste et on interrompt le programme en décembre avant d'avoir distribué le quart des vaccins prévus.

Coût de l'opération: plus de 500 victimes du syndrôme Gillain-Barré dont 25 morts, plusieurs millions de dollars pour les vaccins et la distribution, sans compter les nombreuses poursuites judiciaires intentées contre le gouvernement.

Et la pandémie? Elle ne se produisit jamais. Le virus disparut de lui-même sans avoir fait d'autre victime que ce militaire de la base de Fort Dix qui fut à l'origine de toute l'affaire.

1. The Swine Flu Affair: Decision-Making on a Slippery Disease, Richard E. Neustadt and Harvey V Fineberg, DHEW, 1978
2. Cité en anglais dans The Swine Flu Affair: Decision-Making on a Slippery Disease, Richard E. Neustadt and Harvey V Fineberg, DHEW, 1978, p.12

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