Machiavel confiné, le médecin et le politique

Nicole Morgan

Au cours de sa vie relativement longue, Machiavel a connu cinq épidémies de peste, y survivant comme nous le faisons : fuite à la campagne lorsqu’il était enfant, puis une série de confinements qui tourna à l’exil politique à la fin de sa vie. Et c’est ainsi que dans la solitude de son bureau, il créa un espace épistémologique où se sont assis à la même table du savoir, le savant (version médicale) et le politique. Car cet homme, dont le nom est honni, avait une âme de médecin.

Machiavel pestiféré
Mais commençons par l’incontournable de l’époque : la peste.  En Mai 1479, écrit l’historien Alexander Lee[1] alors que Florence était en pleine épidémie, «  Niccolò Machiavelli, alors âgé de dix ans, fut embarqué sur une charrette  et on le précipita hors de la ville aussi vite que son cheval pouvait le permettre. Depuis que le premier cas avait été signalé en Lombardie, près de deux ans auparavant, la peste avait dévasté une grande partie du nord de l'Italie. A Milan, 20 000 personnes étaient décédées au cours des seuls premiers mois ; et maintenant que la peste avait atteint la Toscane, les Florentins étaient terrifiés. Le père de Machiavel, Bernardo, ne prit aucun risque. Alors qu'il resta confiné dans sa maison avec sa femme, il envoya ses trois plus jeunes enfants, Niccolò inclus, à la ferme de leur oncle à la campagne - et pria pour qu'ils soient en sécurité. »[2]  

Ce n’était que le début, un prélude des temps à venir. Au cours de sa relativement longue vie, Machiavel a connu cinq épidémies[3]. Rien de surprenant à ce qu’elle ait hanté Machiavel comme tous ses contemporains humanistes mais elle faisait aussi partie du quasi quotidien européen (et mondial) depuis des lunes et elle le restera longtemps au point qu’on en parlait peu. Si la peste continue à faire des ravages à la fin du XVIème siècle, Shakespeare n’en parle pas, mais elle est bien là en filigrane de Hamlet ou de Roméo et Juliette[4]  Les analyses de textes littéraires ou philosophiques demandent que l’on comprennent les contextes. 

La peste hanta Machiavel non pas tant comme une Angst personnelle (il en a vu d’autres) mais parce qu’il était horrifié par les ravages qu’elle faisait sur le corps social et qui étaient pour lui le plus grand des dangers et qu’il s’agissait d’avertir en priorité.   Ce cynique de réputation était en fait médecin du corps social dans l’âme. Relisons Le Prince. Tout comme une maladie peut affaiblir, voire tuer, un être humain de violentes luttes de classe rongent le corps politique. Les démagogues étaient un « fléau » pour l'État ; la servitude était une « maladie » ; et le désordre était une « maladie ».

En cela il fait partie de ce grand mouvement humaniste qui quittait l’univers féodal et cherchait « la meilleure forme de gouvernement » afin de garder le royaume en santé. Thomas More à la même époque proposa une meilleure gestion par la raison. Machiavel faisait moins confiance au patient et proposait un régime santé réaliste. [5]   J’ajoute que même s’ils ont publié pratiquement la même année, et s’ils ne se sont jamais rencontrés leurs deux propositions de morale pratique doivent être considérées si l’on veut comprendre les enjeux de leur époque et…de la nôtre.

Revenons à Machiavel et la médecine qui elle-même s’avance vers la modernité. On cherche des causes finales naturelles (et non plus religieuses). La peste, la famine et l'inondation sont présentées dans les Discours sur la première Décade de Tite-Live (le livre le plus profond de Machiavel) comme les moyens dont use la nature pour se débarrasser d'un trop-plein ou de la méchanceté humaine : « Lorsque beaucoup de matière superflue est rassemblée dans un corps simple, écrit-il, la nature se secoue d'elle-même à plusieurs reprises et suscite une purge qui sauve ce corps. Il arrive de même dans le corps complexe qu'est l'espèce humaine. Lorsque tous les pays sont remplis d'habitant, de sorte qu'ils ne peuvent plus y vivre et qu'ils ne peuvent aller ailleurs, parce que tous les lieux sont occupés et remplis ; lorsque la malice et la malignité des hommes sont parvenus à leur comble, il faut nécessairement que le monde se purge par l'une des manières susdites.[6] » [7] 

Machiavel avait lu le Décaméron composé en 1348[9]  en pleine Peste Noire.[10]  La première journée commence par une longue introduction dans laquelle Boccace décrit de manière saisissante les ravages effroyables de la peste noire qui a atteint Florence et l'impact de l'épidémie sur toute la vie sociale de la cité. « Combien de vaillants hommes, que de belles dames, combien de gracieux jouvenceaux, que non seulement n'importe qui, mais Galien, Hippocrate ou Esculape auraient jugés en parfaite santé, dînèrent le matin avec leurs parents, compagnons et amis, et le soir venu soupèrent en l'autre monde avec leurs trépassés. »  

Machiavel n’a que faire des solutions santé individuelles irresponsables. Il continue ses recherches parcourt les rues de Florence et prend le pouls de la société. Il se souvient que les « cris horribles » s’entendent surtout dans les quartiers pauvres, de plus en plus nombreux.  Au plus fort des pandémies l'activité économique à Florence s’arrêtait.  « Les magasins, écrit-il, sont fermés, [et] les commerces ». Les artisans se sont retrouvés sans travail et sans argent. Le crédit s'est tari. Les banquiers refusaient de risquer de prêter de l'argent à ceux qui n'avaient pas de revenus et qui risquaient de toute façon de mourir avant que le prêt ne puisse être remboursé. Dans le même temps, note-t-il, les prix ont grimpé en flèche. Même les produits de première nécessité - pain, huile, légumes - sont soudainement devenus très chers.[8] Ceux qui avaient les moyens, fuyaient la ville pour la campagne. Les pauvres « étaient contraints… de rester dans leurs maisons ». 

Il décrit les croyances qui partent dans tous les sens et envahissent le net de l’époque (le bouche à oreille): « La plupart s’occupent à chercher l’origine du mal et les uns disent : “Les astrologues nous menacent” ; les autres : “Les prophètes l’ont prédit”. On se rappelle tous les prodiges qui ont eu lieu ; on attribue le mal à la nature du temps, on en accuse la qualité de l’air propre à propager la peste ; on se souvient que la même chose arriva en 1348 et en 1478 : chacun cherche des souvenirs pareils ; et l’on finit par conclure que ce fléau n’est pas le seul qui nous menace, et qu’une foule d’autres maux sont prêts à fondre sur nous. »  D’autres minimisent les risques et certains vont dans le déni, surtout s’il se sont enfui dans leurs maisons de campagnes. En 1503, le frère de Machiavel, Totto, tenta de calmer ses craintes en affirmant que les marins, qui étaient plus que la plupart en contact avec la peste, n’étaient que rarement infectés.

Côté gouvernement, l’on ne cherchait pas à dénier la gravité de la situation « Au fur et à mesure des épidémies, le gouvernement de Florence a essayé de gérer la situation du mieux qu'il pouvait. Des hôpitaux de la peste ont été créées ; des quarantaines ont été imposées aux personnes soupçonnées d'être infectées ; les portes de la ville étaient fermées ; et des efforts ont été faits pour alléger les souffrances des personnes touchées par le ralentissement économique. En 1383, les fonctionnaires avaient été autorisés à « prêter » aux pauvres jusqu'à trois boisseaux de maïs provenant des réserves de la commune et à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l'approvisionnement en céréales - y compris par effraction dans les maisons de ceux qui avaient fui pour saisir les provisions. « En 1417, des appels ont été lancés pour des mesures encore plus dramatiques. Rinaldo Gianfigliazzi - l’un des hommes d’État les plus influents de Florence - avait exigé que, puisque les pauvres « mouraient de faim », ils soient « subventionnés par des fonds publics ». Certains sont allés plus loin.  Soupçonnant peut-être qu’une telle indemnité serait au-delà des moyens de la République, Bartolomeo Valori, un autre membre de l’élite dirigeante, a fait valoir que, comme les pauvres ne pouvaient pas « s'aider eux-mêmes », les riches devraient alléger leur fardeau - peut-être par le biais de prêts forcés ou d'une forme d'expropriation[11] ».

Mais on résistait à commencer par résister au confinement. La colère montait et Machiavel, « haut fonctionnaire » avant la lettre, avait suffisamment lu et vu pour ne pas savoir que la frustration populaire pourrait facilement se transformer en désordre public : « On entend maintenant parler de ce vol, maintenant de ce meurtre : les piazzas et les marchés, où les citoyens se rassemblaient souvent, sont maintenant… vils repaires de voleurs. Les groupes marginaux - tels que les prostituées, les colporteurs et les étrangers - étaient particulièrement vulnérables. Il n'en faudrait pas beaucoup pour que le crime cède la place à des troubles civils ; les émeutes n'étaient jamais loin.»[12]

Les émeutes ou la loi de la violence, la plèbe ou la dictature des émotions (la dona e mobile), le tyran ou le fou déchainé, Machiavel les craignaient plus que la peste ou du moins disaient qu’ils faisaient plus de dégâts sur le corps social que la maladie qui ronge et détruit le corps physique.  

Répétons-le : il voulait soigner ce grand corps politique malade, en proie à la violence et à la tyrannie décousue et narcisse des princes décadents.[13]  Il propose diagnostics et remèdes.

Il connaît bien la théorie médicale, laquelle « classifie les maladies en trois groupes : malformations congénitales (mala complexio), déséquilibre du tempérament, trauma. La plupart des maladies étaient rangées depuis l'Antiquité grecque dans la seconde catégorie, celle du déséquilibre du tempérament. En conséquence, les soins médicaux étaient doubles, soigner la maladie mais aussi la prévenir en trouvant le régime adapté au tempérament, constitué par des exercices et une alimentation appropriée, en fonction du tempérament, de l'environnement (air, climat, lieu) et éventuellement des influences célestes. 

On peut ainsi définir une diététique politique comme un savoir pratique des régimes appropriés aux cités, de leur constitution et de leur environnement, destiné à prévenir la maladie. Par "politique", nous entendons à la suite de Machiavel ce qui relève du vivre civil : un vivre dont la définition comprend le règne de la loi par opposition à la violence comme à la décision d'un individu ou d'un groupe à des fins personnelles. Cette double finalité : soigner et prévenir - recoupe une dualité importante dans la réflexion machiavélienne, celle des temps corrompus et des temps où les mœurs sont purs. Aussi envisagerons-nous les deux aspects : celui du soin qui répond à la crise Florentine contemporaine de Machiavel, celui de la prévention par un régime durable. »[14] 

Pour Machiavel il est impératif de trouver un équilibre délicat entre les classes sociales tout en gardant un peu de tension entre les rivalités et pouvoirs (un atout pour la grandeur de la République). La première partie de la proposition est classique et Aristote n’est jamais loin. La deuxième partie nous fait rentrer dans la modernité de la realpolitik. Le Prince écoute son docteur et n’utiliser la manière forte qu’au besoin en prenant comme modèle-santé celui des les Princes du passé qui ont bien réussi.

C’est ainsi que le Prince doit mentir, car nous dit Machiavel, les malades ne sont pas raisonnables. La plèbe n’aime rien tant que l’événement ou l’apparence. Pains et cirques aideront à avaler les remèdes. Chez Machiavel le mensonge est souvent nécessaire certes mais son utilisation ne doit être justifiée que par la raison d’état.  Rien n’est plus antinomique à la pensée de Machiavel qu’un narcissique tyran qui ne fait que mentir pour son avantage personnel. Relisons pour nous en convaincre Maurice Merleau-Ponty, pour qui le Toscan ouvrait la possibilité d’un « humanisme sérieux » en compagnie de Patrick Boucheron qui nous invite à passer « Un Été avec Machiavel.[15] »

Mais revenons au sujet.  Voilà pour la médecine préventive qui sait être vigoureuse à l’interne. Lorsqu’il s’agit de fléau extérieur, les remèdes doivent n’en être que plus vigoureux. Il faut vaincre un ennemi avec méthode et une armée constituée. Machiavel est en effet le père de l’armée moderne de métier qui ne recrute plus de mercenaires.[16]

Car la guerre il faut la faire.  Elle fait partie du quotidien florentin, européen, mondial Machiavel se doit de donner des conseils aux princes qui se doit de protéger la santé et donc LA LIBERTÉ de la République contre malfrats, brigands, bandes armées, armées étrangères qui rôdent toujours autour de Florence.  Et c’est ainsi qu'il faut comprendre ces mots qu’il mit dans la bouche d'un citoyen florentin, Rinaldo:

"Que personne ne condamne les armes tournées contre la patrie. Car les cités, bien qu'étant des corps mixtes, ont des ressemblances avec les corps simples. De même que naissent chez ceux-ci des maladies, que seul le fer ou le feu peuvent soigner, de même apparaissent dans les cités des maux tel qu'un bon et miséricordieux citoyen aurait tort de ne pas les traiter, mais devrait les soigner même par le fer, si nécessaire. Existe-t-il une maladie plus grave pour une République que la servitude ? Existe-t-il un remède plus nécessaire que celui qui peut la soulager de cette infirmité ? Seules sont justes les guerres nécessaires et miséricordieuses les armes dont dépendent tous les espoirs."

Machiavel définit même un temps-limite de la maladie et de l'intervention, celui où le mal a atteint ses extrémités. Paradoxalement, ce n'est pas le temps le moins propice à l'action. Ce temps-limite est celui que connaît l'Italie contemporaine de Machiavel décrite dans le chapitre final du Prince. Elle y apparaît souffrant des maux les plus extrêmes :

"... il était nécessaire que l'Italie fût réduite aux extrémités où elle est aujourd'hui, et qu'elle fût plus esclave que les Hébreux, plus asservie que les Perses, plus déchirée, envahie et qu'elle eût supporté toutes espèces de ruine. (...) De sorte que, demeurée comme sans vie, elle attend celui qui puisse soigner ses blessures, qui mette fin aux pillages de la Lombardie, au rançonnement du royaume et de la Toscane, et qui la guérisse de ses plaies depuis longtemps putréfiées » [17]

Machiavel confiné

Les conseils de Machiavel tout bien pensés soient-ils, furent d’autant moins bien reçus qu’ils n’étaient pas sollicités par les Princes de Florence.  Tout au plus demandaient-ils l’avis des courtiers qui au départ furent des intermédiaires commerçants.  Un faux pas et c’était la mort ou l’exil. C’est vieux comme la philosophie politique.  Cela a commencé avec Platon qui avait rêvé de transformer Denys l’Ancien de Syracuse en premier philosophe-roi, celui qui serait enfin capable de faire de la bonne politique !  Et le voici qu’il s'installe au palais du tyran. Est-il besoin de le préciser?   Après une idylle de courte durée Denys signe son arrêt de mort, puis se reprend, ordonne que l'on renvoie Platon et qu'on le vende comme esclave. On le place sur un bateau spartiate pour qu'il soit vendu à Eugide où, heureusement, un riche admirateur de Platon, Annicéris de Cyrène, le reconnaît[18].

Les tyrans n’aiment pas apprendre, ce que Machiavel apprit très vite après avoir fait une cour intense à Laurent le Magnifique. Certes le florentin était moins cruel que Denys de Syracuse qui tenait de Caligula, mais lui et son entourage ne supportaient pas davantage les conseils. Machiavel se fit autant d’ennemis que faire se peut. En 1513 il est accusé d’avoir participé à une conjuration. Arrêté en février, il est mis au cachot et torturé. Il est relâché en mars 1513 lors de l'amnistie générale accordée à l'occasion de l'accession au trône papal du cardinal Jean de Médicis. Mais il ne fait pas bon rester à Florence. Il se retire alors dans sa propriété de Sant’Andrea en Percussina pour ce des années de confinement (forcé au nom d’exil) à la campagne.

Laissons  Christopher S. Celenza , doyen du Georgetown College de l'Université de Georgetown,  nous faire partager un art du confinement lorsqu’on s’appelle Machiavel  [19]

 « Dans sa ferme, dès son arrivée il chasse les grives - « deux au moins, au plus six» - chaque jour. Une fois cette diversion terminée, il s'installe dans une routine : « Le matin, écrit-il, je me lève avec le soleil, et je vais dans l'un de mes bois que je viens de dégager, où je reste deux heures pour regarder le travail effectué la veille et passer du temps avec les bûcherons. Ils sont toujours au milieu d'une dispute, soit entre eux, soit avec les voisins. »  

« Après avoir quitté les bois, je vais à une source, puis à un endroit où j'accroche mes filets à oiseaux. J'ai un livre avec moi - Dante, ou Pétrarque, ou un poète mineur, comme Tibulle, Ovide ou d'autres de ce genre. J'ai lu sur leurs passions romantiques, leurs amours, et je me souviens des miennes, prenant plaisir pendant un moment à ces pensées. » 

Puis commence la deuxième phase de sa journée, où la lecture répétée d'un classique léger, quelque chose qu'il a déjà lu plusieurs fois mais auquel il revient volontiers, lui permet de réfléchir sur sa propre vie. Après cette diversion et ce soin de l'âme, Il reprend la route : « vers l'auberge. Je discute, continue-t-il avec les gens qui passent, je leur pose des questions sur les nouvelles où ils vivent, j'apprends ceci et cela, et je prends note de la diversité des goûts et des imaginations des hommes. »

La curiosité de Machiavel et, encore une fois, sa sensibilité proto-anthropologique, ses recherches médicales sont ici exposées.  Il apprend toujours, comme Montaigne plus tard et comme Karl Marx encore plus tard. Car le sait-t-on Karl Marx qui se voulait également médecin du corps social a passé les dernières années de sa vie en anthropologue-voyageur d’une curiosité sans limite.

Mais au soir s’ajoute une autre dimension.  Il écrit : « Je rentre à la maison et je me mets à mon bureau. Dans l'entrée, j'enlève mes vêtements de jour, couverts de boue et de saleté, et je mets des vêtements royaux et adaptés à une cour. Changé en vêtements appropriés, je pénètre dans les anciennes cours des hommes anciens. Reçu avec amour par eux, je me nourris de cette nourriture qui est la mienne seule, pour laquelle je suis né. Là, je n'ai pas honte de parler avec eux et de leur demander les raisons de leurs actes, et eux, avec leur humanité, me répondent. Pendant quatre heures, je ne m'ennuie pas, j'oublie tous les soucis, je n'ai pas peur de la pauvreté et je ne suis pas consterné par la mort. Je me donne entièrement à eux ». 

C’est un rêve révolutionnaire. Dans le bureau de Machiavel, on quitte le monde féodal.

Car dans la solitude de son bureau, et en plein confinement (forcé) Machiavel est en train de créer un espace d’égalité entre le savant et le politique. Et c’est ainsi qu’il va oser écrire Le Prince au nom d’un savoir et d’une connaissance qui n’entrent pas dans les jeux de pouvoirs. On retrouve le fantasme du philosophe-roi si cher à Platon. C’est dans l’air du temps. Thomas More est, à la même époque, en train d’écrire dans sa maison de Chelsea sur la Tamise un traité de bon gouvernement, dédié à Henry VIII qui ne lui avait pas demandé et qu’il s’agissait d’éduquer en l’amusant.

http://agora.qc.ca/documents/bon_anniversaire_thomas_more_et_merci_pour_le_sourire

Il ne s’agit pas ici de prouver que l’on va trouver en arrière les réponses aux formidables défis de notre temps. Ils sont nouveaux et nos confinements ne se ressemblent pas. Ne reste éternelle que la quête, cette fragile petite lumière qui cherche à comprendre pour apaiser.

 

 

 

 

 


[1] Machiavelli: His Life and Times . Published March 19th 2020 by Picador

 

[2] What Machiavelli knew about pandemics. Politics, Juin 2020. https://www.newstatesman.com/2020/06/what-machiavelli-knew-about-pandemics

 

[3] Ce furent des semaines terrifiantes. La famille de Machiavel a été durement touchée. Au moins trois de ses proches sont décédés et pendant une brève période, il a semblé que Bernardo Machiavelli, lui aussi, avait été infecté. Mais c'était juste un avant-goût de ce qui allait arriver. Endémique de l'Italie de la Renaissance depuis la peste noire de 1348, la peste bubonique (Yersinia pestis) hantera Machiavel pour le reste de ses jours. Au cours de sa longue et mouvementée carrière de diplomate, philosophe et conseiller du gouvernement, il sera témoin d'au moins cinq autres épidémies majeures rien qu'à Florence et plus d'une fois, il craint même pour sa vie. Op.cit. What Machiavelli knew about pandemics

 

[4] « La peste a été la force la plus puissante qui a façonné la vie de Shakespearev et celle de ses contemporains », reconnait Jonathan Bate, l'un de ses nombreux biographes The Infectious Pestilence Did Reign. How the plague ravaged William Shakespeare’s world and inspired his work, from Romeo and Juliet to Macbeth. https://slate.com/culture/2020/03/shakespeare-plague-influence-hot-hand-ben-cohen.html

[5]  L’Utopie a été publiée en 1516, une année après Le Prince

[6] La Cité comme organisme vivant : L'émergence d'une diététique politique dans l'oeuvre de Machiavel. CERPHI http://cerphi.ens-lyon.fr/archives/cerphi%202002-2007/hum/prince3c.htm

 

[7]  L’Utopie a été publiée en 1516, une année après Le Prince

[8] What Machiavelli knew about pandemics. Politics, Juin 2020. https://www.newstatesman.com/2020/06/what-machiavelli-knew-about-pandemics

[9] Le Décaméron est composé de « cent nouvelles, ou fables, ou paraboles, ou histoires, comme il vous plaira de les appeler, racontées en dix jours par une honnête compagnie de sept dames et de trois jeunes hommes pendant le temps de la peste... ». Le récit de l'épidémie, de la rencontre des dix jeunes gens, de leur départ et de leur séjour à la campagne, d'où ils rentreront ensuite à Florence, constitue donc le cadre du recueil.  Ce n'est qu'une parenthèse, à l'extérieur de laquelle règnent la mort, le désordre social, la décomposition morale longuement décrits dans l'introduction, et il n'est guère de récit, si joyeux soit-il, qui ne porte la trace même fugitive d'une réflexion sur ces trois aspects de la réalité présente. Inversement, cette même réalité sert de justification morale à la constitution d'un groupe jeune... et mixte, ainsi qu'à la liberté de certains de leurs propos.

 

[10] Dans Le Décaméron,  composé entre 1349 et 1353, lBoccace décrit les ravages de la Peste noire. Débutée en 1347, cette pandémie aurait tué en cinq ans la moitié de la population urbaine européenne. "On ne peut pas donner de chiffre exact, mais cela pourrait représenter entre 25 et 30 millions de personnes qui sont mortes en 1347 et 1352",

 

[11]  What Machiavelli knew about pandemics. Politics, Juin 2020. https://www.newstatesman.com/2020/06/what-machiavelli-knew-about-pandemics

[12] Ibid.

[13] Le pauvre homme, ou ce qu’il en reste, doit se retourner dans sa tombe lorsqu’on qualifie Donald Trump de machiavélien. Trump est le pire des princes en ce qu’il ne cherche pas le bon équilibre de sa République.  Et s’il utilise le mensonge c’est dans un but de santé sociale et toujours à bon escient. (Il faut quelquefois mentir au malade non raisonnable)

[14] Op.cit. http://cerphi.ens-lyon.fr/archives/cerphi%202002-2007/hum/prince3c.htm

 

[15] Patrick Boucheron : Maître de conférences en histoire médiévale à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Un Été avec Machiavel. DES EQUATEURS Collection : Équateurs parallèles. Paris Juin 2017.

 

[16] Patrick Boucheron. Machiavel et la fin des mercenaires. L’Histoire.2002-7 (267). https://www.cairn.info/magazine-l-histoire-2002-7-page-28.htm

 

[17] Op. cit. La Cité comme organisme vivant : L'émergence d'une diététique politique dans l'oeuvre de Machiavel. CERPHI http://cerphi.ens-lyon.fr/archives/cerphi%202002-2007/hum/prince3c.htm

 

[18]

[19] Excerpted from “Machiavelli: A Portrait” by Christopher S. Celenza. Copyright © 2014 by Christopher S. Celenza. Reprinted by arrangement with Harvard University Press, a division of Harvard University. All rights reserved. https://www.salon.com/2015/03/01/inside_the_mind_of_machiavelli_the_early_writings_that_foretold_a_revolution/

 

[20] Plato in Sicily . Plato travelled to the decadent strife-torn court of Syracuse three times, risking his life to create a philosopher-king https://aeon.co/essays/when-philosopher-met-king-on-platos-italian-voyages

 

[5]  L’Utopie a été publiée en 1516, une année après Le Prince

[6] La Cité comme organisme vivant : L'émergence d'une diététique politique dans l'oeuvre de Machiavel. CERPHI http://cerphi.ens-lyon.fr/archives/cerphi%202002-2007/hum/prince3c.htm

 

[7]  L’Utopie a été publiée en 1516, une année après Le Prince

[8] What Machiavelli knew about pandemics. Politics, Juin 2020. https://www.newstatesman.com/2020/06/what-machiavelli-knew-about-pandemics

[9] Le Décaméron est composé de « cent nouvelles, ou fables, ou paraboles, ou histoires, comme il vous plaira de les appeler, racontées en dix jours par une honnête compagnie de sept dames et de trois jeunes hommes pendant le temps de la peste... ». Le récit de l'épidémie, de la rencontre des dix jeunes gens, de leur départ et de leur séjour à la campagne, d'où ils rentreront ensuite à Florence, constitue donc le cadre du recueil.  Ce n'est qu'une parenthèse, à l'extérieur de laquelle règnent la mort, le désordre social, la décomposition morale longuement décrits dans l'introduction, et il n'est guère de récit, si joyeux soit-il, qui ne porte la trace même fugitive d'une réflexion sur ces trois aspects de la réalité présente. Inversement, cette même réalité sert de justification morale à la constitution d'un groupe jeune... et mixte, ainsi qu'à la liberté de certains de leurs propos.

 

[10] Dans Le Décaméron,  composé entre 1349 et 1353, lBoccace décrit les ravages de la Peste noire. Débutée en 1347, cette pandémie aurait tué en cinq ans la moitié de la population urbaine européenne. "On ne peut pas donner de chiffre exact, mais cela pourrait représenter entre 25 et 30 millions de personnes qui sont mortes en 1347 et 1352",

 

[11]  What Machiavelli knew about pandemics. Politics, Juin 2020. https://www.newstatesman.com/2020/06/what-machiavelli-knew-about-pandemics

[12] Ibid.

[13] Le pauvre homme, ou ce qu’il en reste, doit se retourner dans sa tombe lorsqu’on qualifie Donald Trump de machiavélien. Trump est le pire des princes en ce qu’il ne cherche pas le bon équilibre de sa République.  Et s’il utilise le mensonge c’est dans un but de santé sociale et toujours à bon escient. (Il faut quelquefois mentir au malade non raisonnable)

[14] Op.cit. http://cerphi.ens-lyon.fr/archives/cerphi%202002-2007/hum/prince3c.htm

 

[15] Patrick Boucheron : Maître de conférences en histoire médiévale à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Un Été avec Machiavel. DES EQUATEURS Collection : Équateurs parallèles. Paris Juin 2017.

 

[16] Patrick Boucheron. Machiavel et la fin des mercenaires. L’Histoire.2002-7 (267). https://www.cairn.info/magazine-l-histoire-2002-7-page-28.htm

 

[17] Op. cit. La Cité comme organisme vivant : L'émergence d'une diététique politique dans l'oeuvre de Machiavel. CERPHI http://cerphi.ens-lyon.fr/archives/cerphi%202002-2007/hum/prince3c.htm

 

[18]

[19] Excerpted from “Machiavelli: A Portrait” by Christopher S. Celenza. Copyright © 2014 by Christopher S. Celenza. Reprinted by arrangement with Harvard University Press, a division of Harvard University. All rights reserved. https://www.salon.com/2015/03/01/inside_the_mind_of_machiavelli_the_early_writings_that_foretold_a_revolution/

 

[20] Plato in Sicily . Plato travelled to the decadent strife-torn court of Syracuse three times, risking his life to create a philosopher-king https://aeon.co/essays/when-philosopher-met-king-on-platos-italian-voyages

 

 

Extrait

Les émeutes ou la loi de la violence, la plèbe ou la dictature des émotions (la dona e mobile), le tyran ou le fou déchainé, Machiavel les craignaient plus que la peste ou du moins disaient qu’ils faisaient plus de dégâts sur le corps social que la maladie qui ronge et détruit le corps physique.  

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