Tacite

v. 55-v. 120

Extrait d'un ouvrage biographique français du XIXe siècle qui, s'il a naturellement un peu vieilli, trace néanmoins un portrait vivant et informatif du grand orateur :

« Tacite, célèbre historien latin, a vécu au 1er siècle de l’ère vulgaire et au commencement du second. Quelques-uns des manuscrits de ses ouvrages lui donnent le prénom de Publius, au lieu de Caius, qui paraît être le véritable. Il est invariablement appelé Cornelius, et néanmoins on ne le croit point issu de la famille patricienne que ce nom désigne et que le sien rendrait encore plus illustre. Parmi les Cornelius si nombreux de l’ancienne Rome, on démêle des plébéiens et même des affranchis : il est difficile et peu important de savoir desquels descendait celui qui a immortalisé le nom de Tacite. Probablement il était fils de Cornelius Verus Tacitus, chevalier romain, procurateur ou intendant de la Gaule Belgique et contemporain de Pline l’Ancien. On connaît cet intendant par une inscription trouvée à Juliers et par quelques lignes de Pline, où il est dit qu’il eut un fils qui, après avoir grandi de trois coudées en trois ans, périt d’une contraction de nerfs avant l’âge de puberté. Certains auteurs ont prétendu que cet enfant monstrueux était, non le frère, mais le fils de l’historien Tacite. Il suffit, pour écarter cette hypothèse, d’observer que Pline l’Ancien écrivait ce récit avant l’an 79, ou même avant 77, à une époque où Tacite ne pouvait avoir fait un long séjour en Belgique, et avoir élevé un fils jusqu’à l’âge de plus de trois ans, ou même jusqu’à l’adolescence. En effet, Tacite, outre qu’il ne portait pas le nom de Verus, avait à peine vingt-trois ou vingt-deux ans en 77, étant né en 54 ou 55, au commencement du règne de Néron, cinq ou six ans au plus avant son ami Pline le Jeune, qui était dans sa dix-huitième année en 79, au moment de l’éruption du Vésuve (1). Tacite se dit Romain; mais c’était un titre qu’on pouvait prendre sans être né dans les murs de Rome; et s’il fallait en croire les habitants de Terni, surtout leur historien Angeloni, ce serait à leur ville qu’appartiendrait l’honneur d’avoir produit ce grand écrivain : ils lui ont, au XVe siècle, élevé des statues, afin de soutenir cette tradition, qui n’est d’ailleurs confirmée par aucun témoignage. On ne sait rien non plus de l’enfance et de l’éducation de Tacite. Il a pu être disciple de Quintilien; mais on n’en trouve nulle trace dans les anciens livres. On serait plus fondé à présumer qu’il a, dans sa jeunesse, suivi au barreau les plaidoieries d’Aper et de Julius Secundus, orateurs alors très renommés. Sa correspondance avec Pline le Jeune prouve qu’il avait de bonne heure cultivé la poésie; et le style de ses ouvrages en prose annonce assez avec quel soin et quel succès il s’était livré à l’étude des grands modèles de l’art d’écrire, particulièrement de Thucydide. Entre les sectes philosophiques, il paraît avoir préféré la stoïcienne : on le trouve presque partout imbu des maximes, pénétré des sentiments qui la caractérisent. Ce fut sous le règne de Vespasien, vers l’an 73 ou 74, qu’il entra dans la carrière qui s’ouvrait à l’émulation et aux talents de la jeunesse romaine. On a droit de conjecturer qu’il commença par porter les armes, non-seulement à cause de l’exactitude et de l’habileté qu’on remarque dans ses récits lorsqu’il s’agit d’usages et de détails militaires, mais surtout parce que ce service était encore l’apprentissage ordinaire de ceux qui se destinaient à des fonctions civiles. On sait d’une manière plus directe qu’il embrassa la profession d’avocat peu d’années avant Pline le Jeune, qui s’honore d’avoir marché sur ses traces (2). Depuis Auguste, il fallait, pour devenir questeur, avoir été vigintivir : on nommait ainsi vingt officiers de police qui surveillaient les monnaies, les prisons, l’exécution des jugements. Il est fort vraisemblable que Tacite a passé par le vigintivirat avant d’arriver à la questure, que lui conféra l’empereur Vespasien qui mourut en 79. Il suffisait alors d’avoir vingt-quatre ans accomplis pour être questeur, ce qui autorise à supposer que Tacite l’était en 78; mais on n’a sur ce point aucun autre détail. Il avait le titre de chevalier et la questure lui ouvrait l’entrée du sénat. Vers la même époque et peut-être dès 77, il épousa la fille d’Agricola, alliance qui donne lieu de croire qu’il tenait déjà un rang honorable parmi les jeunes Romains. Il a célébré les vertus de sa belle-mère Domitia, et les biographes lui prêtent l’intention d’étendre cet éloge sur sa propre épouse, qu’il n’a cependant loué nulle part. En considérant les circonstances de sa vie, on ne voit pas comment jusqu’alors il aurait eu le temps d’administrer une province Belgique : ceux qui lui attribuent une telle fonction le confondent apparemment avec son père. Il nous apprend lui-même qu’il dut à Vespasien le commencement de ses honneurs publics, accrus depuis par Titus et encore plus par Domitien (1). Il n’obtint pourtant pas sous Titus la préture, qu’il avait espérée sous Vespasien même; et il ne paraît point qu’avant l’avènement de Domitien, il eût exercé d’autres charges que celles de questeur, d’édile et peut-être de tribun. Mais aux jeux séculaires de 88, il se trouvait au nombre des quindecimvirs dépositaires des livres sibyllins : c’est lui encore qui nous instruit de ce détail de sa propre vie, et il ajoute que ce n’est pas pour s’en vanter qu’il le rappelle. En même temps il était préteur; et nous manquons de renseignements sur la manière dont il s’est acquitté de cette fonction importante. Il sortit de Rome avec son épouse en 89 : était-ce disgrâce ou retraite volontaire, ou bien allait-il remplir quelque fonction, quelque mission dans une province? Ceux qui ont agité ces questions n’ont pu les résoudre d’une manière précise : seulement Bayle a montré que, selon toute apparence, Tacite n’avait point été banni. C’est surtout bien mal à propos que certains auteurs prolongent pendant dix ans cet exil prétendu; car on trouve Tacite rentré dans Rome avant la mort de Domitien, qui ne vécut que huit ans après les jeux séculaires. Toutefois, en 93, lorsqu’Agricola périt dans la capitale de l’empire, l’absence de son gendre durait encore. « Quel surcroît de douleur, s’écrit Tacite, pour moi et pour sa fille, de n’avoir pu soutenir sa défaillance, jouir de ses embrassements et de ses derniers regards! Nous l’avons perdu quatre ans d’avance par l’effet de notre éloignement ». L’historien n’ose affirmer que Domitien ait fait empoisonner Agricola, quoique tel fût le bruit public, et que les proscriptions ordonnées peu après par le farouche empereur aient rendu ce premier crime beaucoup trop croyable. « Bientôt, dit Tacite, nos mains sénatoriales conduisirent Helvidius en prison; la cruelle séparation de Mauricus et de Rusticus fut notre ouvrage, et il fallut nous couvrir du sang de Sénécion ».

En prenant ces paroles à la lettre, on a voulu en conclure que Tacite, au sein du sénat, avait cédé au torrent et s’était prêté au bon plaisir de Domitien. Mais le style figuré, pour ne pas dire passionné, des derniers chapitres de la Vie d’Agricola, permet bien, ce nous semble, de n’appliquer les expressions collectives qu’on vient de lire, qu’à l’assemblée des sénateurs, et de supposer qu’ils n’avaient pas tous sans exception coopéré à ces iniquités sanguinaires. On se délivra de Domitien en 96; et dès l’année suivante, Tacite parvint au consulat : son nom ne figure point dans les fastes, parce qu’il n’était pas consul ordinaire, mais subrogé par Nerva, nouvel empereur, à Virginius Rufus, qui venait de mourir et dont il prononça l’éloge funèbre : ainsi, dit Pline le Jeune, la fortune, toujours fidèle à Virginius, lui gardait après sa mort le plus éloquent des panégyristes. C’est le seul acte que l’on connaisse de ce consulat, qui n’était au surplus qu’un vain titre et qui laissait à Tacite assez de loisir pour qu’il se livrât à des travaux littéraires. Il composa, en 97, la vie de son beau-père; en 98, le Tableau des mœurs des Germains. Avait-il visité ces peuples, parcouru leur pays, observé immédiatement leurs habitudes? Cela n’est rapporté ni indiqué nulle part; mais on serait fort tenté de le croire, à ne considérer que l’exactitude de cette description, le nombre et la précision des détails qu’elle renferme : elle semble trop originale pour avoir été rédigée d’après des mémoires étrangers; et d’ailleurs comme on ne sait point où Tacite a passé les quatre années de 89 à 93, rien n’empêche de supposer qu’il ait fait, durant cette absence, quelque séjour en Germanie. Quoi qu’il en soit de cette conjecture, il n’eut pas plutôt (sic) achevé ce livre qu’il conçut l’idée et traça le plan de ses grands ouvrages historiques. Il n’avait cependant point renoncé au barreau : nous le retrouvons, en 99, chargé, avec son ami Pline le Jeune, de soutenir l’accusation intenté par les Africains contre le proconsul Marius Priscus. Cette affaire eut de l’éclat – elle nous est connue par le récit qu’en fait Pline, dans une de ses lettres, liv. 2, ép. 11, « Le sénat, dit-il, nous ordonna, à moi et à Cornelius Tacitus, de prendre la cause des Africains contre le proconsul qui, dénoncé par eux, se retranchait à demander des juges ordinaires, sans proposer aucune défense. Notre premier soin fut de montrer que l’énormité des crimes dont il s’agissait ne permettait pas de civiliser l’affaire; car Priscus était prévenu d’avoir reçu de l’argent pour condamner à mort des innocents ». Son avocat, Fronto Catius, voulait qu’on se restreignît à examiner s’il y avait eu péculat. Mais le sénat, en donnant des juges chargés de prononcer sur ce chef d’accusation, décida aussi que ceux à qui l’on disait que Priscus avait vendu le sang de plusieurs victimes innocentes, seraient assignés et entendus. Il ne comparut qu’un seul de ses complices, Flavius Martianus; un autre venait de mourir fort à propos. Une assemblée se tint, présidée par l’empereur Trajan, qui était alors consul; c’était au commencement de janvier, époque où Rome voyait le plus de sénateurs réunis. Là et en présence de l’accusé Priscus, sénateur lui-même, et de Martianus, duquel il avait reçu sept cent mille sesterces pour flétrir et faire étrangler en prison un chevalier romain, Pline parla le premier, durant près de cinq heures, et l’on entendit ensuite Marcellin, défenseur de Martianus. Le lendemain, Salvius Liberalis, plaida pour le proconsul, et Tacite répondit avec l’énergie et la gravité majestueuse qui caractérisaient son éloquence. Le plaidoyer de Fronto pour Priscus dura jusqu’à la nuit et ne se termina que dans une troisième séance, où les accusés furent condamnés à des peines assez douces pour des attentats énormes; mais on déclara que Pline et Tacite avaient dignement rempli leur ministère et l’attente du sénat. On voit par d’autres lettres de Pline, que Tacite composait aussi des pièces de vers et que les hommes les plus instruits de ce temps recherchaient sa société. Celui avec lequel il entretenait le commerce le plus intime, était Pline lui-même, qui lui a écrit onze épîtres, ou du moins dix; car il en est une qui semble être plutôt une réponse de Tacite. Ces lettres nous apprennent qu’ils se communiquaient réciproquement leurs ouvrages; qu’ils mettaient en commun tout ce qu’ils avaient de lumières, de talents et de gloire. C’est à la prière de l’historien que Pline le Jeune fait une relation détaillée de la mort de son oncle et des autres circonstances de l’éruption du Vésuve. Il sait que l’éloquence de son ami peut, mieux qu’aucune autre, immortaliser ces tristes souvenirs, et il espère qu’elle sera aussi employé à jeter quelque éclat sur la conduite que Pline vient de tenir lui-même dans l’affaire de Baebius Massa; non pourtant qu’il demande qu’on altère ou qu’on amplifie la vérité; il est persuadé qu’un récit fidèle suffit aux actions honorables et il n’attend de Tacite ni exagérations ni réticences officieuses. Dans une lettre adressée à Maxime, Pline raconte un fait dont il a été, depuis peu de jours, informé par Corneille Tacite. Celui-ci assistait aux jeux du cirque, à côté d’un chevalier romain qui, à la suite d’un entretien savant et varié, lui demanda s’il était d’Italie ou d’une autre province. Vous me connaissez, répondit l’historien, et j’en ai l’obligation aux belles-lettres. À quoi le chevalier répliqua : Etes-vous Tacite ou Pline? Je ne puis, ajoute ce dernier, vous exprimer avec quel délice nous avons vu nos deux noms ainsi rapprochés et confondus en quelque sorte avec celui de la littérature elle-même. L’un des deux illustres amis mourut vers l’an 103; il paraît que Tacite lui survécut longtemps; on suppose qu’il est mort octogénaire, ce qui étendrait sa carrière jusque vers l’an 134 ou 135; mais nous n’avons sur ce point aucun renseignement positif. Il n’est rien dit de ses enfants; et néanmoins on a lieu de croire qu’il laissait une postérité, puisqu’au llle siècle, l’empereur Tacite se glorifiait de descendre de ce grand historien, et qu’au Ve, un préfet des Gaules, nommé Polemius, le comptait parmi ses aïeux. C’est ce que nous apprenons de Sidoine Apollinaire, qui dit que ce préfet, né au sein d’une famille gauloise très-illustre, était poëte, orateur, philosophe, platonicien, et vivait sous le règne de Julius Népos, prédécesseur immédiat d’Augustule. On ne rapporte aucun fait de la vie de Tacite, après la fin du premier siècle de l’ère vulgaire; il a probablement consacré les années suivantes à la composition ou à la révision de ses ouvrages. Nous ne possédons qu’une partie de ses écrits; car, sans parler encore de la perte qu’on a faite de plusieurs livres de ses Annales et de ses Histoires, il ne subsiste rien de son panégyrique de Virginius, ni de son discours contre le proconsul Priscus, ni de ses autres plaidoyers, ni de ses poésies, ni d’un livre de facéties, dont Fulgence Planciadès le déclare auteur. Au troisième livre de ses annales (c. 24), il annonce qu’après avoir achevé les travaux qu’il a entrepris, il écrira, s’il en a le temps, l’histoire du règne d’Auguste. Ce livre nous manque aussi, soit qu’il n’ait jamais été composé, soit qu’il ait disparu comme tant d’autres. Au nombre de ceux qui nous restent de cet illustre écrivain, on comprend quelquefois le Dialogue sur les orateurs ou sur les causes de la corruption de l’éloquence : excellent opuscule dont nous avons déjà fait mention aux articles de Quintilien et de Suétone. Des savants l’ont attribué soit à l’un soit à l’autre de ces deux auteurs; mais Tacite, outre que son nom se lit sur plusieurs anciens manuscrits de ce livre, serait encore assez désigné par le caractère des idées et même du style. On y a remarqué des tours et des expressions qui se retrouvent dans ses autres ouvrages. Le grammairien Pomponius Sabinus a cité, comme énoncée par cet écrivain, une observation critique sur les faux ornements des productions de Mécène, calamistros Maecenatis, et c’est en propres termes ce qui se lit au vingt-sixième chapitre du dialogue. L’auteur dit qu’il était dans sa première jeunesse lorsqu’il entendit cette conversation; et il en fixe la date à peu près à l’an 75 de notre ère, lorsqu’en effet Tacite n’avait qu’environ vingt ans, ou moins même, si l’on adoptait l’opinion, un peu hasardée, de Juste Lipse et de Dodwel, qui ne le font naître qu’en 59 ou 60. Toutes ces circonstances suffiraient pour le désigner; mais il est particulièrement reconnaissable au soin que prend l’auteur de ce dialogue, de rattacher partout à l’histoire politique et à la science des mœurs sociales, la théorie de l’art oratoire. Cette littérature forte et profonde est celle qui convient à l’historien des empereurs. Si les formes et les mouvements du discours n’y sont pas toujours les mêmes que dans ses livres purement historiques, il ne faut assurément pas s’en étonner : un écrivain tel que lui sait prendre plus d’un ton, donner à un entretien d’autres couleurs qu’à un simple récit, et parler le langage des orateurs quand il les met en scène. Nous devons dire cependant que tous les modernes ne s’accordent pas à lui attribuer cette production : Beatus Rhenanus a le premier élevé des doutes sur ce point; Juste Lipse, Gaspar Barth et Vossius ont laissé la question indécise; Henri Estienne, Boxhorn, Freinshemius, Graevius, Pichon, etc., ont pensé qu’elle devait se résoudre en faveur de Quintilien; Morabin, la Bléterie, Tiraboschi, ne veulent pas qu’on la décide pour Tacite; mais c’est pour lui que se déclarent ou qu’inclinent P. Pithou, Colomiez, Dodwell, Schurzfleisch, Sigrais, Brotier, Schulz, Oberlin, Dureau de la Malle, etc.; et cette opinion nous paraît de beaucoup la plus vraisemblable. Du reste, le mérite du dialogue sur les orateurs est généralement reconnu; il suffit de prendre une idée sommaire du sujet pour en sentir l’importance. Doit-on préférer l’éloquence à la poésie? Les anciens orateurs valaient-ils mieux que ceux du temps de Vespasien? Et si l’éloquence a dégénéré, quelles en sont les causes? Ces questions débattues, la décadence du genre oratoire demeure avérée, et imputable à la mauvaise éducation, à l’impéritie des maîtres, à la nonchalance de la jeunesse. Chacun des interlocuteurs soutient constamment son caractère : le poëte Maternus y parle de son art avec enthousiasme; l’avocat Aper a de la rudesse, son éloquence de barreau est véhémente; Messala est un patricien qui se possède davantage, il se contient dans les bornes d’une discussion grave. Des portraits fidèles, des parallèles ingénieux, des contrastes habilement ménagés, des tours variés et toujours justes, donnent un grand intérêt à cet opuscule. Il est compris dans la première édition des œuvres de Tacite; mais il manque dans un grand nombre des suivantes. On l’a joint quelquefois aux institutions oratoires de Quintilien; et il a été imprimé à part, in-8o, à Upsal, en 1706; à Goettingue, en 1719; à Leipsick, en 1788. Fauchet, L. Giry, Maucroix, Morabin, Bourdon de Sigrais, Dureau de la Malle, Chénier et Dallier l’ont traduit en français. Entre ces versions, celles de Dureau de la Malle et de Chénier nous semblent les plus fidèles, les plus élégantes et, à tous égards, les plus dignes du texte. Nous avons indiqué déjà un autre écrit qu’on n’a pas coutume non plus d’insérer dans le recueil des ouvrages de Tacite, et qui se place dans celui des lettres de Pline : c’est une courte épître, que la Bléterie regarde, non sans quelque fondement, comme une réponse à celle où Pline avait conseillé à son ami d’associer l’exercice de la chasse aux travaux littéraires. « J’avais bien envie, répond Tacite (du moins nous le supposons ainsi), de suivre vos leçons, mais les sangliers sont si rares ici qu’il n’y a pas moyen de réunir Minerve et Diane que vous me dites de servir à la fois. Il faut donc ne rendre hommage qu’à Minerve, encore avec ménagement, comme il convient dans une campagne, et pendant l’été. Sur la route même, j’ai esquissé quelques bagatelles, qui ne sont bonnes qu’à effacer aussitôt; pur babillage, pareil aux conversations que l’on tient dans une voiture. J’y ai ajouté quelque chose depuis mon arrivée, ne me sentant pas disposé à un autre travail. Ainsi je laisse en repos les poëmes qui, selon vous, ne s’achèvent nulle part plus heureusement qu’au milieu des forêts. J’ai retouché une ou deux petites harangues, quoique ce genre d’occupation soit peu aimable, peu attrayant, et qu’il ressemble plus aux travaux qu’aux plaisirs de la vie champêtre ».

On ne conteste pas l’authenticité des autres écrits qui subsistent sous le nom de Tacite. Telle est d’abord la Vie d’Agricola, que Thomas admire comme le chef-d’œuvre et le modèle des éloges historiques. Ce livre contient de vives peintures et d’éloquents discours; il offre l’expression, toujours noble et vraie, des sentiments les plus fiers et des affections les plus tendres. L’auteur se montre tout à tour énergique et pathétique, avec une convenance parfaite. La diction est partout savante; mais l’art profond qu’elle recèle dans la structure des phrases, dans le choix et l’arrangement des mots ou même des syllabes, ne se manifeste que par les grands et rapides effets qu’il produit. Quel que soit pourtant l’éclat de cet ouvrage si justement célèbre, nous doutons qu’il porte, autant que ceux qui l’ont suivi, l’empreinte du goût sévère et du génie pénétrant de Tacite; ce n’est pas non plus celui qui a fixé le premier les regards et l’attention des hommes de lettres du XVe siècle. Il manque dans les premières éditions de cet historien; il ne paraît que dans celles de Milan, vers 1496, et de Venise, en 1497. Depuis il en a été fait plusieurs réimpressions et traductions, même particulières. Pour ne rien dire d’une première version française, publiée à Paris en 1656, in-12, ni de celles qui embrassent, avec la vie d’Agricola, d’autres livres de son gendre, nous n’indiquerons ici que deux traducteurs français, Desrenaudes en 1797, et Mollevault, en 1822. Ces deux versions, imprimées à Paris, in-18, sont accompagnées du texte, et l’on a joint de plus à celle de Mollevault une carte dressée par Walckenaer, et représentant l’état de l’Angleterre au temps où Agricola la subjuguait et la gouvernait. En effet, l’ouvrage latin, outre le mérite éminent qu’il a comme production littéraire, a aussi l’avantage d’éclairer l’histoire ancienne des îles Britanniques; mais Tacite a jeté bien plus de lumière encore sur la géographie et les mœurs primitives de la Germanie. Ce livre si court, sur un vaste sujet, est d’un homme qui abrège tout, parce qu’il voit tout, dit Montesquieu. C’est une admirable introduction à l’histoire de l’Allemagne, ou plus généralement de l’Europe moyenne et occidentale. On y retrouve les premiers germes des coutumes et des lois de plusieurs siècles; et dans ce tableau des habitudes privées, des opinions communes et du régime civil, il y a des traits si caractéristiques et si profonds, que d’âge en âge, et de nos jours même, ils demeurent reconnaissables, quoique modifiés ou affaiblis par le temps. Quiconque veut rechercher les origines des institutions modernes, militaires, judiciaires, féodales, a besoin de recourir, avant tout, à cet antique exposé des mœurs des Germains; et s’il nous fallait dire quel est le plus instructif des livres de Tacite, nous serions fort tenté de nommer celui-là. Il y règne une méthode si lumineuse et si naturelle, que les transitions, quoique bien fréquentes, ne se laissent jamais apercevoir. De tant de détails rapidement parcourus, aucun n’est inutile, ni obscur, ni déplacé : la précision du style, toujours élégante, devient énergique ou pittoresque, toutes les fois qu’il le faut. L’antiquité ne nous a pas laissé un plus parfait modèle de description; et pour sentir tout le prix de cet opuscule, il suffirait de le comparer aux morceaux du même genre qui se rencontrent dans les livres de Diodore de Sicile. On a cependant accusé Tacite de n’avoir peint et loué des peuples barbares, que pour faire la satire des Romains; Voltaire a fort accrédité cette prévention. Cette relation a, sans doute, des intentions morales, mais, à nos yeux, son caractère le plus sensible est une exactitude scrupuleuse : elle ne ressemble assurément point à un panégyrique; et la satire, s’il y en a, y demeure indirecte et sage. De tous les écrits de Tacite, nous croyons que c’est celui qui a été le plus souvent publié : il est joint aux autres dans la plupart des éditions, à partir de la première, et il a été assez fréquemment imprimé sans eux, soit à part, soit avec Diodore de Sicile, soit en différentes collections relatives aux peuples germains. Entre les éditions particulières, nous indiquerons seulement celles de Nuremberg, vers 1473, in-fol.; de Rome, vers 1474, in-4o; de Leipsick, in-4o, en 1509; de Bâle, 1519, même format; d’Augsbourg, 1580, in-8o; de Strasbourg, in-8o, 1594; de Wittemberg, in-8o, 1664; d’Erlang, 1618, in-4o; de Francfort, in-8o, 1725. Renouard en a donné, en 1795, une édition in-18, qui renferme de plus la Vie d’Agricola. Ces deux livres ont été traduits en anglais par J. Aikin, l’un en 1774, in-8o; l’autre, in-4o, en 1778. Nous n’entrerons pas dans le détail des versions allemandes; et à l’égard des traducteurs français, nous nous bornerons en ce moment à tenir compte de ceux qui n’ont travaillé que sur cette description de la Germanie. Le roi d’Espagne Philippe V s’était exercé à la rendre dans notre langue, pendant son éducation à la cour de son aïeul Louis XIV. Nous ignorons quel est l’auteur d’une version imprimée à Lyon, in-8o, en 1706; celle qui a été publiée in-12, à Paris, en 1776, est de Boucher, procureur au parlement. C.-L.-F. Panckoucke en a mis au jour une nouvelle en 1824, avec une introduction, un commentaire et le texte latin, grand in-8o, accompagné d’un atlas. Graberg a joint un lexique à une version italienne des Mœurs des Germains et de la Vie d’Agricola, Gênes, 1814, in-8o.

Les deux ouvrages de Tacite qui ont le plus d’étendue sont ses Annales et ses Histoires : on a quelquefois prétendu qu’ils ne formaient originairement qu’un seul et même corps. Allatius attribue cette opinion à Quaerengus qui la fondait apparemment sur un texte de saint Jérôme, où il est dit que l’histoire des empereurs depuis l’avénement de Tibère jusqu’à la mort de Domitien, était comprise en vingt livres; mais Tertullien, en citant le livre cinq, parle précisément de celui que nous appelons le cinquième des histoires; il est vrai qu’ailleurs ce même cinquième livre est désigné comme le seizième par Tertullien, ce qui prouve ou qu’on mettait peu d’exactitude dans ces citations, ou que la distinction et la numérotation des livres de Tacite n’étaient pas très-bien connues. Depuis qu’on n’hésite plus à séparer les deux ouvrages, la plupart des savants sont persuadés que les Histoires ont été composées avant les Annales. Vossius, Bayle, Rollin, la Bléterie, Tiraboschi, Brotier, en jugent ainsi d’après un passage du livre onzième des Annales, où l’auteur renvoie à ce qu’il a raconté dans l’Histoire du règne de Domitien, narratas libris quibus res imperatoris Domitiani composui. Quelques-uns aiment mieux croire que l’historien a suivi, dans son travail, l’ordre des événements; qu’en conséquence il a commencé par le règne de Tibère, sujet des premiers livres des Annales; et quoique cette conjecture ne soit pas la plus vraisemblable, il a convenu de s’y conformer dans la publication et l’étude de tous ces livres. On croit que l’histoire ne les a entrepris qu’après la mort de Nerva, qu’il qualifie Divus, et sous le règne de Trajan, au nom duquel il n’ajoute point un pareil titre : Principatum divi Nervae, et imperium Trajani. Aulugelle a écrit un chapitre sur la signification des mots Histoires et Annales; il n’en explique pas la différence d’une manière très-constante et très-précise. Seulement il semble assez que les Annales devaient procéder toujours par années, et que l’Histoire n’était point assujettie à une chronologie si rigoureuse. Mais, en comparant les deux ouvrages de Tacite, on voit qu’à cet égard, il s’est donné à peu près la même liberté dans l’un et dans l’autre, et qu’il s’y est permis presque également d’achever de grands récits en se portant un peu au delà des dates auxquelles il allait être obligé de revenir. Chez lui la distinction consisterait plutôt en ce que les faits se pressent davantage dans les Annales, et que les narrations prennent plus d’étendue dans les Histoires, ainsi qu’on va le voir par l’exposé de la matière et de l’état de ces deux grandes compositions. Les quatre premiers livres des Annales, que l’on possède entiers; le cinquième qui est mutilé, et le sixième, dont il ne s’est rien perdu, contiennent le règne de Tibère, depuis l’an 14 jusqu’en 37. Les quatre livres suivants, dans lesquels était compris le règne de Caligula, nous manquent, ainsi que le commencement du 11e; en sorte qu’en ouvrant ce qui reste de celui-ci, on est transporté à l’année 47, 5e de Claude; la lacune est d’environ dix ans. On n’en remarque plus de très-sensible ou de très-importante jusqu’au chapitre 35 du livre 16. Ce chapitre ne nous conduit qu’à l’an 66; et la perte de la fin de ce dernier livre des Annales, nous prive du tableau des deux dernières années de Néron. Les seize livres embrassaient donc cinquante-deux ans; dans les vingt livres d’Histoires, s’ils nous avaient été tous conservés, Tacite continuerait ses récits depuis la mort de Néron, en 68, jusqu’à celle de Domitien, en 96, espace de vingt-huit années seulement. Il ne reste que les quatre premiers livres et le commencement du cinquième. Ils correspondent aux règnes éphémères de Galba, Othon, Vitellius, et à celui de Vespasien, jusqu’à la guerre de Civilis, en 70. Les livres suivants achevaient l’histoire de Vespasien, et y ajoutaient celles de Titus et de Domitien. Quant aux règnes de Nerva et de Trajan, l’historien semblait les avoir réservés pour servir de matière à un troisième ouvrage. Il destinait à sa vieillesse ce doux et consolant travail; mais on a lieu de croire qu’il n’a pas eu le temps de s’y livrer; il n’en est fait aucune mention dans le cours des siècles qui ont suivi le sien. Toujours venons-nous de voir que de trente-six livres historiques qu’il avait composés, il en subsiste à peine dix-sept. Plus d’une fois on s’est empressé d’annoncer la découverte de quelques parties des dix-neuf autres; en 1606 surtout, des Napolitains conçurent ou inspirèrent cet espoir; leurs promesses ont été vaines; et nous devons nous résigner à regretter toujours ces trésors, dévorés par le temps, ou détruits par l’ignorance, à moins que des palimpsestes ne nous en restituent quelques débris. Mais les livres qui nous restent de Tacite, s’ils ne suffisent point à notre instruction, suffiront du moins pour perpétuer sa gloire. Les lettres de Pline ne laissent aucun doute sur la célébrité dont cet historien a joui de son vivant. Quelques-uns pensent que c’était lui que Quintilien désignait par ces paroles du livre 10 (ch. 1) des Institutions oratoires : « Pour l’honneur de notre âge, un écrivain vit encore, qui sera nommé un jour, que chacun reconnaît assez aujourd’hui (qui olim nominabitur, nunc intelligitur). Il a plus d’admirateurs que d’imitateurs : sa liberté lui a nui; on a mutilé ses ouvrages; mais ce qui en demeure porte l’empreinte ineffaçable de son génie et de la hardiesse généreuse de ses sentiments ».

Depuis sa mort, Tacite a été fort diversement jugé. D’un côté, Vopisque et Tertullien l’accusent de mensonge; de l’autre, Spartien, Orose, Sidoine Apollinaire, louent sa bonne foi aussi bien que son talent. L’empereur qui, au llle siècle, portait son nom, ordonna de placer ses livres dans toutes les bibliothèques, et d’en tirer un très grand nombre de copies; ce deuxième ordre n’aura eu sans doute qu’une exécution fort imparfaite dans l’étroit espace d’un règne de six mois, autrement on ne concevrait pas comment auraient pu disparaître tant de parties de ces ouvrages. Quoiqu’ils aient continué d’être cités par quelques écrivains, comme saint Jérôme, Sulpice-Sévère, Cassiodore, Jornandès, Fréculphe, Jean de Salisbury, on peut dire qu’en général ils ont été fort peu étudiés pendant le Moyen Âge. Mais depuis le renouvellement des lettres, ils sont devenus l’objet d’une longue controverse qui peut-être dure encore. Si Côme de Médicis et le pape Paul III ont cherché dans Tacite les leçons de la plus profonde politique; si Bodin, Muret, Juste Lipse, ont révéré en lui l’un des grands maîtres de l’art d’écrire; si Montaigne l’a couru d’un fil, et si enfin la plupart des savants du XVle siècle ont contribué à expliquer, répandre ou recommander ses écrits, il faut dire aussi qu’Alciat et Ferret critiquaient sa latinité, que Casaubon le reléguait parmi les auteurs du deuxième ordre, et que Budé l’accusait d’imposture, de perversité, ou, en propres termes, de scélératesse. Dans l’âge suivant, il a trouvé encore des censeurs rigides, tels que Perron, Strada, Rapin, St-Evremond; mais il recevait les hommages de la reine Christine, de Balzac, de Gui Patin, de la Mothe le Vayer, de Tillemont, et de Racine qui l’appelait le plus grand peintre de l’antiquité. Au XVllle siècle, tandis que Rollin, Voltaire, Mably, lui adressent beaucoup de reproches, et Linguet presque autant d’injures qu’à un contemporain, il retrouve tant d’admirateurs que nous n’en pourrons nommer qu’un fort petit nombre : en Angleterre, Gordon et Gibbon; en France, la Bléterie, Brotier, d’Alembert, Thomas et Laharpe. Il est, aux yeux de d’Alembert, le premier des historiens; il n’a fait que des chefs-d’œuvre, ajoute La Harpe; c’est lui, selon Thomas (Essai sur les éloges, chap. 15), qui est descendu le plus avant dans les profondeurs de la politique et qui a donné le caractère le plus imposant à l’histoire. Quels sont maintenant les défauts si graves que lui imputent ses censeurs modernes? D’abord sa latinité leur paraît suspecte; et cette critique étrange s’est reproduite, même depuis qu’elle a été réfutée par Muret, dont l’autorité est d’un si grand poids en une telle matière. Il nous semble qu’après tout, c’est une langue assez riche et assez pure que celle qui exprime les plus fortes pensées et les plus vifs sentiments, qui colore les détails, qui peint les caractères, qui anime les récits, qui rend sensibles les nuances les plus délicates. Nous ne saurions nous plaindre non plus de la précision et de la rapidité du style, quand l’expression demeure partout juste et complète, nerveuse sans effort, claire par son énergie même et moins figurée que pittoresque. S’il y reste quelques traces d’affectation, comme le soupçonnait Montaigne, nous devons avouer qu’elles ne nous sont pas sensibles. Tacite craignait à tel point d’altérer l’histoire en la chargeant d’ornements étrangers, qu’il n’y insérait d’autres harangues que celles qui avaient été réellement prononcées. Il ne les transcrivait pas littéralement : il élaguait les détails superflus et supprimait les digressions prolixes, resserrait et enchaînait les idées afin de leur donner plus de force et de clarté; mais il en conservait le fond et ne l’inventait pas. C’est à notre avis ce qu’on doit reconnaître en comparant le discours que tient l’empereur Claude, au chapitre 24 du livre 11 des Annales, avec le texte qui se lit sur deux tables de bronze retrouvées à Lyon et regardées comme antiques. De part et d’autre, l’empereur s’élève contre le préjugé qui proscrit les innovations; il rappelle les changements politiques qui se sont opérés successivement dans l’État romain; il soutient qu’il est avantageux d’acquérir en Italie, hors de l’Italie, des citoyens distingués, des sénateurs illustres; et il fait particulièrement l’éloge des Gaulois, dont la fidélité ne s’est pas démentie depuis qu’on a traité avec eux. La différence ne consiste qu’en ce que l’histoire a retranché quelques détails locaux et personnels, et une dissertation plus inutile sur l’origine du roi Servius et sur les noms du mont Caelius. Mais il est, dit-on, des faits bien plus importants que Tacite a mal connus ou infidèlement retracés. En effet, les fausses idées qu’il donne des Juifs et des chrétiens sont, à notre avis, sans excuse; puisqu’il écrivait l’histoire, il devait s’éclairer assez pour ne point partager des préjugés populaires si odieusement injustes. Nous regrettons aussi qu’en rapportant de prétendus miracles de Vespasien, il se laisse soupçonner d’y ajouter foi. Doit-on dire ensuite que son humeur indépendante et satirique l’entraîne au delà des bornes de la vérité, quand il s’agit des mœurs et des actions des maîtres du monde? Nous ne le pensons point. Il n’est pas sans doute impartial entre la tyrannie et la liberté, entre le vice et la vertu; mais Tibère, Claude et Néron ne pouvaient être calomniés. Suétone et les traditions des âges suivants ne leur sont pas plus favorables. Aucune des flétrissures qu’il leur imprime n’est effacée ou affaiblie par des témoignages de quelque valeur, et jusqu’ici l’on n’a su opposer aux siens que de pures dénégations ou des considérations vagues sur l’invraisemblance des excès monstrueux qu’il signale; comme si la perversité humaine, exaltée par l’usage du pouvoir absolu, enhardie par l’impunité, encouragée par l’adulation, devait reconnaître des limites! À vrai dire, les premiers à qui ces morceaux de Tacite ont déplu étaient des personnages qui s’y croyaient dénoncés d’avance. Thomas a dit que Louis XI, Henri VIII, Philippe II, n’auraient jamais dû voir Tacite dans une bibliothèque sans une espèce d’effroi. Toutefois, sauf les pertes que nous avons indiquées, ces redoutables livres ont traversé les âges et retrouvé, depuis quatre siècles, plus de lecteurs que jamais.

(…)

(… S)on caractère, son génie, et à vrai dire tout ce qu’il y a de mémorable dans sa vie, il faut le chercher dans ses ouvrages : c’est là qu’il continue de vivre pour les délices des hommes sages, pour l’effroi des pervers et pour l’instruction de la plus lointaine postérité.

Extraits de "Tacite", dans LOUIS-GABRIEL MARCHAND (dir.), Biographie universelle ancienne et moderne: histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes... Tome quarantième (Spaan-Tapper). Ouvrage rédigé par une société de gens de lettres et de savants. Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée. Paris, Mme C. Desplaces, Michaud, 18??, p. 555-566

Textes de Tacite

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