Lepage Robert
En 1975, il ment sur son âge – il n’a alors que 17 ans et prétend en avoir 18 – pour entrer au Conservatoire d’Art Dramatique de Québec. À la fin de ses études, il part pour Paris effectuer un stage à l’école de théâtre dirigée par Alain Knapp, dramaturge, comédien et metteur en scène français.
En 1980, de retour à Québec, il présente avec le Théâtre Repère la pièce Circulations qui reçoit un prix à la Quinzaine internationale de théâtre de Québec. Après plusieurs créations, Robert Lepage triomphe définitivement en 1985 en présentant La Trilogie des Dragons avec laquelle il raffle une série de prix et qui lui vaut la reconnaissance à l'échelle internationale. Lepage présente par la suite Vinci(1986), son premier spectacle solo, Le Polygraphe (1987) et Les Plaques tectoniques (1988).
En 1989, le Centre national des Arts à Ottawa lui confie la direction artistique du Théâtre français, poste qu’il occupera jusqu’en 1993. La même année, il tient un rôle dans le film Jésus de Montréal du réalisateur québécois Denys Arcand. En 1991, Robert Lepage présente son deuxième spectacle solo, Les Aiguilles et l’opium et, un an plus tard, mets en scène A Midsummer Night’s Dream au Royal National Theatre de Londres. Il est le premier Nord-Américain à diriger une pièce de Shakespeare dans cette institution de renom.
Il fait à la même époque ses premières incursions dans le monde musical en assurant la mise en scène de deux opéras (Le Château de Barbe Bleue et Erwatung) ainsi que celle de la tournée Secret World du chanteur rock Peter Gabriel.
Le groupe Ex Machina, qu’il fonde à Québec en 1994, regroupe des artistes de tous les milieux et lui permet de développer des projets à la grandeur de ses ambitions. Le groupe à la composition éclectique, comptant entre autres des comédiens, des auteurs, des scénographes, des chanteurs d'opéra, mais aussi des marionnettistes, des professionnels de la vidéo et du film, des contorsionnistes, des acrobates et des musiciens, s’installe trois ans plus tard dans la Caserne Dalhousie qui devient sans contredit le plus haut lieu de création de la Basse-Ville de Québec. Leur première création, Les sept branches de la rivière Ota, une saga sur l’histoire d’Hiroshima, est présentée un peu partout à travers la planète.
En plus des nombreux projets qu’il mène de front au Québec et à l’étranger, Robert Lepage, pressé par la productrice Denise Robert, accepte de faire le saut en cinéma. Le Confessionnal est présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en 1995.
La même année, Robert Lepage, avec le concours de Daniel Langlois, fonde In Extremis Images qui produit ses trois films suivant Le Polygraphe (1996), une adaptation de sa pièce de théâtre, Nô (1998) et Possible Worlds (2000), en version originale anglaise. Ces efforts cinématographiques constants ne contraignent pas Lepage à délaisser le théâtre pour autant. Avec l’équipe d’Ex Machina, il crée la Géométrie des Miracles (1998), Zulu Time (1999) et la face cachée de la lune (2000) qui remporte plusieurs prix, dont le convoité Evening Standard Award à Londres, et que Lepage porte à l’écran trois ans plus tard.
En plus d’une nouvelle collaboration avec Peter Gabriel pour qui il assure la mise en scène de la tournée Growing Up Live en 2002, Robert Lepage revient également à l’art lyrique avec la Damnation de Faust (1999), The Busker’s Opera (2004) et une adaptation du roman 1984 de George Orwell pour le Royal Opera de Londres à laquelle il travaille présentement. De plus, Lepage présentera à Las Vegas en juillet 2004 le fruit de sa collaboration avec le Cirque du Soleil.
Robert Lepage se démarque par l’attention particulière qu’il porte à l’aspect formel et esthétique de ses créations dans lesquelles les nouvelles technologies jouent souvent un rôle important. Souvent, sa mise en scène rapelle les procédés cinématographiques. Fervent de la création collective et du «work in progress», il privilégie l’improvisation, les découvertes intuitives et l’interdisciplinarité. «Les spectacles se développent de façon organique, comme un arbre qui voit ses branches partir dans des directions imprévues…» (Site Ex Machina) Toujours passionné de géographie, cette dernière tient souvent un rôle de premier plan dans ses œuvres qu’il qualifie lui-même de «géo-poésies». Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres de France, décoré de la Légion d’honneur, officier de l'Ordre national du Québec, de l'Ordre du Canada et de l'Ordre de la Pléiade, son travail a été salué à maintes reprises au Québec et à l’étranger.