Réflexion
On pourrait pendant longtemps chercher une définition unique de la réflexion qui viendrait épuiser le signifié dans la totalité de ce qu’il détermine. L’expérience de la déception met fin à cet espoir et à ces ambitions. Il n’y a pas de définition réelle de la réflexion dans le discours philosophique parce que l’usage de ce concept est à la fois perdu dans les représentations communes de la métaphore et qu’il est déjà diffus dans une pratique discursive qui en fait un figuré philosophé. Cette dernière surdétermine la métaphore en fonction du projet culturel de la philosophie. Quels sont donc les enseignements de la métaphore ? Le pouvoir de penser se pense sur le modèle d’une force endogène et réactive, dynamisme et structure de répercussion, dimension génétique de l’‘activité intellectuelle’ et dimension eidétique du système de représentations où elle se déploie. La réflexion (se) produit, (se) cause son mouvement et (se) conserve son effet. Elle met en place l’idée que le penser est un agir fondamental qui utilise le détour d’un agir figuré. Mais allons plus loin. Nous pouvons épurer cette définition minimale et figurée de la réflexion en indiquant la conception de l’existence véhiculée par l’idée même de réflexivité. L’avènement de la métaphore dans le discours philosophique, c’est l’avènement de l’existence pensante conçue comme un dynamisme de trajectoire œuvrant dans une structure de réappropriation. Le dynamisme assure la persévérance de cette individualité et perpétue l’inéluctabilité du penser; la structure délimite le milieu de cette persévérance, milieu épiphanique d’écarts, de tensions et de résolutions aboutissant nécessairement à une forme de savoir. Source de mouvement à l’origine de la trajectoire, redoublement finalisé de la source, le signifié ‘réflexion’ en tant que mode du penser agit comme terme d’informations. Informations retirées tant de l’analyticité que de l’intériorité traditionnelles assignées au déploiement du penser.