Essentiel
Lorsque nous sommes malades, nous avons souvent le sentiment diffus d'expier une inconduite ou d'être l'objet d'un mauvais sort, d'une vengeance: de la société, de la nature ou de Dieu. Chez certaines personnes, ce sentiment de culpabilité ou de persécution prend une forme aiguë, nouvelle souffrance qui s'ajoute à celle dont elles sont déjà est déjà atteint.
Dans les sociétés archaïques, une telle affliction allait de soi. À Babylone par exemple, où la médecine et la religion ne faisaient qu'un, le mal physique était en effet indissociable du mal moral, la maladie apparaissait comme un châtiment pour les péchés commis ou comme une vengeance inexplicable des dieux.
Sur ce plan, l'être humain n'a peut-être pas changé autant qu'il semble au cours de son histoire.
C'est dans la Grèce classique que, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la maladie a été dissociée du mal moral, la souffrance de la vengeance des dieux. On lui attribue enfin des causes naturelles.
En Grèce même, les malheureuses victimes de la maladie sacrée, l'épilepsie, étaient souvent réduites aux supplications du Juste souffrant. Or, voici la position d'Hippocrate sur l'épilepsie: «Certaines personnes croient qu'il s'agit d'une intervention divine. C'est faux. Il s'agit d'une maladie naturelle dont on ne comprend pas encore la cause.»
Le Juste souffrant
De ce Babylonien, dont les malheurs rappellent ceux de Job, l'histoire n'a même pas retenu le nom. C'est pourquoi on l'appelle le
Juste souffrant. Il avait mené une vie exemplaire... Il a néanmoins été frappé par la maladie: il ne nous reste de lui que ces quelques phrases «Je suis malade, j'ai été mis au rang de celui qui, dans sa folie, oublia son Seigneur, de celui qui profane le nom de son Dieu. Et pourtant, je n'ai pensé qu'à prier et supplier. La prière a été ma règle, le sacrifice ma loi.»
Les sentiments qui accompagnent en nous la maladie ne font-ils pas de nous des frères du Juste souffrant?
* * *
136.
Les âmes des morts de la guerre sont plus pures que celles des morts de maladie.
Fragment d'Héraclite
Essentiel
Lorsque nous sommes malades, nous avons souvent le sentiment diffus d'expier une inconduite ou d'être l'objet d'un mauvais sort, d'une vengeance: de la société, de la nature ou de Dieu. Chez certaines personnes, ce sentiment de culpabilité ou de persécution prend une forme aiguë, nouvelle souffrance qui s'ajoute à celle dont elles sont déjà est déjà atteint.
Dans les sociétés archaïques, une telle affliction allait de soi. À Babylone par exemple, où la médecine et la religion ne faisaient qu'un, le mal physique était en effet indissociable du mal moral, la maladie apparaissait comme un châtiment pour les péchés commis ou comme une vengeance inexplicable des dieux.
Sur ce plan, l'être humain n'a peut-être pas changé autant qu'il semble au cours de son histoire.
C'est dans la Grèce classique que, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la maladie a été dissociée du mal moral, la souffrance de la vengeance des dieux. On lui attribue enfin des causes naturelles.
En Grèce même, les malheureuses victimes de la maladie sacrée, l'épilepsie, étaient souvent réduites aux supplications du Juste souffrant. Or, voici la position d'Hippocrate sur l'épilepsie: «Certaines personnes croient qu'il s'agit d'une intervention divine. C'est faux. Il s'agit d'une maladie naturelle dont on ne comprend pas encore la cause.»
Le Juste souffrant
De ce Babylonien, dont les malheurs rappellent ceux de Job, l'histoire n'a même pas retenu le nom. C'est pourquoi on l'appelle le
Juste souffrant. Il avait mené une vie exemplaire... Il a néanmoins été frappé par la maladie: il ne nous reste de lui que ces quelques phrases «Je suis malade, j'ai été mis au rang de celui qui, dans sa folie, oublia son Seigneur, de celui qui profane le nom de son Dieu. Et pourtant, je n'ai pensé qu'à prier et supplier. La prière a été ma règle, le sacrifice ma loi.»
Les sentiments qui accompagnent en nous la maladie ne font-ils pas de nous des frères du Juste souffrant?
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136.
Les âmes des morts de la guerre sont plus pures que celles des morts de maladie.
Fragment d'Héraclite