Joseph Weizenbaum

Joseph Weizenbaum (né à Berlin le 8 janvier 1923 et mort à Berlin le 5 mars 2008) est un informaticien germano-américain. Il fut professeur émérite d'informatique au MIT.

Cet homme est le Socrate de l'ère des ordinateurs. Seul grand savant sceptique, au milieu d'une foule de collègues inconditionnels, il pose des questions gênantes et pourtant essentielles, notamment à propos de la guerre la plus informatisée de l'histoire, la guerre du Vietnam. «Le pouvoir, disait-il, que l'homme a acquis par la science et ses techniques a lui-même été converti en impuissance.»

Né à Berlin de parents juifs, il fuit l'Allemagne nazie en 1936 et émigre avec sa famille aux États-Unis. Il y étudie les mathématiques à partir de 1941, mais ses études sont interrompues par la guerre, pendant laquelle il est engagé dans les rangs des militaires. Aux alentours de 1950, il travaille sur les calculateurs analogiques et aide à la création d'un ordinateur électronique pour la Wayne State University. En 1955, il travaille pour General Electric sur le premier ordinateur utilisé pour des activités bancaires.

En 1963, il entre au MIT. Il publie trois ans plus tard un célèbre programme informatique connu sous le nom d'« ELIZA », un agent conversationnel qui simule une conversation avec un psychothérapeute rogérien.

Il a ensuite tourné son attention vers l'impact de la science et de la technologie (en particulier des ordinateurs) sur la société.

Propos sur Joseph Weizenbaum:

Nous sommes en 2007. Invité comme conférencier à un colloque, je m'adresse à 1 500 informaticiens.

«D’abord une question ! Est-ce que le nom de Joseph Weizenbaum vous est familier ou vous rappelle quelque chose? Je ne vois aucune main levée. Je suis donc plus âgé que je ne le croyais. Je vous le présente car il fut à l’origine de la thèse que je veux défendre devant vous aujourd’hui. Joseph Weizenbaum est ce brillant informaticien du M.I.T qui, au cours de la décennie 1960, a écrit le programme Elisa, le premier logiciel interactif, qui mimait un dialogue entre un psychologue et un patient. Weizenbaum observa d’abord, avec étonnement, les réactions de sa secrétaire, qui fut à ce point fascinée par la machine et ses questions qu’elle reporta une partie de son attention et de son affection de son patron vers l’ordinateur. La consternation se substitua chez lui quelques années plus tard à l’étonnement, lorsqu’à l’ouverture de leur congrès à New-York, le président de l’Association des psychiatres américains annonça que, désormais, grâce à des programmes comme Elisa, les entrevues de première ligne dans les hôpitaux psychiatriques pourraient être faites par des machines; ce qui en réduirait considérablement le coût. Il s’ensuivit pour Weizenbaum un violent choc moral qui l’incita à quitter le M.I.T pour aller étudier la philosophie à l’Université de Stanford.

Où va, se demanda Weizenbaum, une humanité qui, à la première occasion qui lui est offerte, se réjouit de pouvoir substituer une machine à un intermédiaire humain ?

 

 

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