Désinstitutionnalisation

Au Québec :

Présidente: Andrée Yanacopoulo (chercheuse autonome)
"Si le 19e siècle fut marqué par l'institutionnalisation progressive de la folie, le 20e, quant à lui, vint compléter un cycle. Ce cycle, c'est celui qui mena des grands espoirs fondés sur les capacités thérapeutiques de l'asile à la désillusion qui s'ensuivit et de la révolution psychiatrique des années 1960 jusqu'aux récentes politiques de désinstitutionnalisation qui marquèrent la fin du cycle. Durant cette période, des personnes durent s'adapter à la vie en institution jusqu'à ce que l'on décide que telle n'était pas vraiment leur place. Commença alors un difficile retour à la communauté et qui sait, le début, peut-être, d'un nouveau cycle."
http://www.unites.uqam.ca/chrs/c_folief.htm

"Depuis les réformes sociales issues de la Révolution tranquille, depuis la parution du livre "Les fous crient au secours", livre d'un ex-patient psychiatrique, depuis le rapport de la commission Bédard-Lazure-Roberts sur les hôpitaux psychiatriques, les portes de l'asile se sont ouvertes et plusieurs milliers de malades mentaux vivent au sein de la société. C'est la désinstitutionnalisation."
http://www.unites.uqam.ca/chrs/c_folief.htm

Rita Therrien
La désinstitutionnalisation, les malades, les familles et les femmes : des intérêts à concilier – Volume XV, Numéro 1, printemps 1990 (p. 100 à 119)
La désinstitutionnalisation impose des demandes trés grandes aux familles. Forcées de pallier aux insuffisances du système, elles doivent jouer le rôle de milieu thérapeutique, tout en recevant peu de soutien de la part des services. La cohabitation donne souvent lieu à des relations difficiles entre le malade et sa famille. Une fraction importante des familles vivent des problèmes dans leurs tentatives d’accomplir leur rôle parental dans un tel contexte. Les femmes sont touchées plus particulièrement par cette situation dans la mesure où elles assument une grande part du soutien émotionnel des malades mentaux chroniques et assurent souvent le lien avec les services. Elles doivent affronter des professionnels qui les jugent souvent surprotectrices ou responsables de problèmes si le malade est leur enfant. En définitive, la responsabilité collective doit compléter la responsabilité familiale pour assurer le respect des droits des patients, des familles et des femmes.
http://rsmq.cam.org/smq/revues/v15n1.htm

Enjeux

Mario COLUCCI (Ital ) Historique de la réforme psychiatrique italienne.Au début des années soixante, la psychiatrie asilaire en Italie subit une crise profonde et irréversible. Sur la vague des transformations qui se passent dans d’autres pays, les hôpitaux psychiatriques vont devenir objet de contestation en tant que lieux de renfermement et de surveillance et non pas d’espaces de soins. Dans l’urgence d’affronter une telle absence de valeur thérapeutique, qui ne concerne pas seulement la raison d’être de l’institution asilaire, mais les dogmes mêmes de la science organiciste dominante, un mouvement innovateur de recherche et de critique se développe. Ce mouvement part d’une radicalisation des questions posées par la réflexion phénoménologique autour de la condition existentielle de l’homme malade, en la dépassant dans une transformation concrète des pratiques quotidiennes de la psychiatrie, à travers le refus de l’internement, de l’exclusion sociale, la construction d’un réseau de services communautaires et d’une alternative possible de vie et de soins dans l’espace de la cité. Nous proposons de reparcourir l’histoire du tournant théorique et pratique du mouvement anti-institutionnel italien, depuis les premières expériences de Franco Basaglia jusqu’à l’abolition de l’hôpital psychiatrique, la promulgation de la loi 180 en 1978 et la réalisation de la réforme psychiatrique.

Pirangelo DI VITTORIO (Ital ) : Oublier l'antipsychiatrie?Tous les protagonistes de ladite anti-psychiatrie, d’une manière ou d’une autre, ont refusé cette étiquette. Malgré les différences, il y a un trait commun aux expériences de critique à la psychiatrie développées en 1960-70 : c’est leur radicalisme, nourri par des discours théoriques, aussi bien philosophique que psychanalytique. En Italie, la source de cette attitude radicale vis-à-vis de la folie a été la phénoménologie. Franco Basaglia a posé sa tentative de réforme de l’hôpital psychiatrique de Gorizia sous le signe de la « mise entre parenthèses de la maladie mentale ». Au début il y avait un désir de comprendre jusqu’au bout la folie. La politisation du mouvement italien n’est que le dernier effet de ce radicalisme phénoménologique. Pourtant, à la fin de ce processus, quelque chose a changé. Le sujet du combat contre la psychiatrie traditionnelle n’est plus le sujet du discours philosophique. Les vrais militants de l’anti-psychiatrie son
t plutôt les gens enfermés dans les asiles, comme l’a reconnu plus tard Michel Foucault à propos des hystériques enfermées à la Salpêtrière. Ce déplacement du sujet de la contestation est fondamental, et nous permet de comprendre l’ambivalence de Franco Basaglia par rapport à l’anti-psychiatrie. On ne peut pas se dire anti-psychiatre, car les vrais anti-psychiatres sont les malades. Comme celui qui, un jour à Gorizia, lui a adressé cette déclaration de guerre : « Docteur, vous pouvez toujours nous faire l’hôpital en or, nous resterons à jamais des ennemis: vous resterez celui qui est bien portant, moi celui qui est malade ! ».

Benoît EYRAUD (Fra ) Déshospitalisation psychiatrique et tutellisation. Déshospitalisation psychiatrique et tutellisation De la première moitié du 19ème siècle jusqu’aux années 60, le traitement de la folie, de la maladie mentale associait le soin du malade, sa prise en charge civile, et son hébergement. Etait alors considérée par la loi comme malade mentale et mineure toute personne hébergée en asile, ce qui impliquait une prise en charge par l’administration de la protection de ses biens. Ce lien entre le soin, l’hébergement et la protection civile a été juridiquement remis en cause par la loi du 3 janvier 1968, qui dissocie mise sous protection judiciaire et internement. Depuis 1968, le nombre de personnes placées sous mesure de protection a très fortement augmenté pour atteindre en France plus de 600 000 personnes en 2004. Les troubles psychiatriques sont aujourd’hui un des motifs justifiant le placement sous mesure de protection. La présentation visera à interroger comment ce dispositif civil vient répondre à certaines difficultés de la deshospitalisation psychiatrique et de la sectorisation, comment il s’inscrit simultanément en filiation et en rupture avec les politiques de santé mentale.
http://psy.francoarg.asso.free.fr/eahp/eahp-23sept.html

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