Fragments d'histoire de Joliette: les arts

François Lanoue

Les arts plastiques, le Retable, le Musée d'art de Joliette


Les arts plastiques

C'est en 1860 qu'on remarque notre premier sculpteur dont on ne sait rien autre chose que son nom: Auguste Parthenais. Des autres sculpteurs, tous connaissent le P. Maximilien Boucher c.s.v., (1918-1976), professeur au CEGEP, qui, durant près de 30 ans, nous a réjouis, non seulement par sa peinture, mais par ses sculptures de bois et de pierre. Elles enrichissent, et de beaucoup, le patrimoine artistique du Canada. Comme sculpteur aussi, mais moins que dans sa qualité de peintre, nous comptons le R.P. Corbeil qui, depuis plus de 50 ans identifie Joliette avec les arts: théâtre, musique, peinture, architecture, musée. A ces noms, de tous connus, ajoutons, pour la peinture, du début du siècle, les demoiselles Kelly dont nous ne connaissons que quelques oeuvres très belles, et joignons-leur, parmi nos contemporains, Marcel Ducharme, Ulric Laurin, Pierre Vincent et son épouse, Pierrette Lafrenière, Sr Yvette Gélinas C.N.D., ainsi que Mme Joseph Lambert (Yvette) et Jehan Trudel.


Le Retable

Il y eut à Joliette, un groupement d'Art sacré qui s'appelait "le Retable". II exista de 1946-1955. II fut fondé quand M. l'abbé André Lecoutey, de Paris, vint se joindre au P. Corbeil; ils essayèrent de renouveler l'Art sacré liturgique. Ils s'adjoignirent de grands artistes comme Marius Plamondon, Sylvia Daoust, Gilles Beaugrand, le P. Boucher; le P. Marion, le P. Maurice Ouellet, le Fr. Elgar Plante, c.s.v., et moi-même en étions. Par différentes expositions ici et là, à Montréal, à Québec, à Washington, Trois-Rivières, ils contribuèrent à susciter le goût du beau dans la construction et la décoration des églises, les vêtements liturgiques, l'imagerie, la statuaire. Le P. Corbeil restaura nombre d'églises dans la région et à l'extérieur, même en Ontario.


Le Musée d'Art de Joliette

Joliette s'est doté en 1975 d'un Musée d'Art qui en fait une vraie capitale régionale culturelle. Par ce Musée, Joliette offre aux visiteurs un attrait unique pour une ville de Province; parce qu'un Musée – on l'a crié dans notre publicité –, c'est le rendez-vous du tourisme et aussi de tous les âges. – Les gens de Joliette – et de la région – sont préparés par une longue tradition artistique à ce projet extraordinaire. Visiteurs de tous les âges et de toutes les régions du Canada et du monde viennent s'émerveiller devant ces trésors que les siècles semblent avoir protégés de la destruction pour notre enchantement. Jusqu'à présent, c'est-à-dire en 1977, nous comptons près de 15,000 visiteurs.

Comment cela a-t-il commencé?

On pourrait dire que cela a débuté au Séminaire de Joliette en 1915-21. Un certain professeur d'anglais, un franco-américain, l'abbé Wilfrid Tisdell, commence à collectionner pour son plaisir personnel, toutes sortes d'oeuvres d'art, des peintures concernant surtout Jeanne d'Arc et des sculptures. En 1921, il regagne son pays natal, les E.-U. Seconde date à retenir, et surtout second nom à retenir: celui du P. W. Corbeil qui, directeur du studio de peinture au Séminaire, a, en 1942, l'idée de réunir une collection de peintures canadiennes. Et il invite des peintres contemporains, entr'autres. Paul-Emile Borduas, à tenir une exposition au Séminaire même.

A chaque exposition, l'artiste remettait une de ses oeuvres à la jeune collection de Canadiana du P. Corbeil. Celui-ci, grâce à quelques mécènes, se procurait de temps à autre, une oeuvre importante. En 1950, en Europe, il put à très bon compte se procurer des œuvres du Moyen Age et de la Renaissance: l'idée d'un Musée intra muros commençait à naître, d'un Musée qui non seulement présenterait des oeuvres canadiennes, mais de tous les pays et de tous les siècles. L'Honorable Antonio Barrette, alors ministre du travail, s'intéressa vivement à la chose et fournit des subsides. De leur côté les antiquaires de Montréal offraient à bon compte des œuvres incomparables. On le voit, de nombreux petits courants se dirigent vers Joliette. Le plus gros va bientôt arriver.

Car, pendant ce temps-là, et depuis plus de 30 ans, ce même abbé Tisdell, curé de Winchendon, Mass., a développé sa collection privée, aux affûts qu'il est de tous les collectionneurs voisins, de Boston et de New York. C'est lui surtout qui servira de long et mystérieux cheminement à un grand nombre d'œuvres qui du fond des âges nous parviendront. Or, le Séminaire de Joliette a toujours été fidèle à ses anciens élèves. Nous allions à Winchendon nous émerveiller dans les "entrepôts" de l'abbé Tisdell, comprenant de tout, depuis les meubles domestiques les plus rares au tombeau étrusque, en passant par d'authentiques statues en pierre du Moyen Age – une vingtaine – et des peintures des élèves de Fra Angelico ou de Rubens. Imaginez notre emballement!

Dans une prière à haute voix, nous invitions les Madones à s'en venir à Joliette. Toujours est-il que la Communauté des C.S.V. grâce à l'aide de l'Honorable Antonio Barrette, parvint à signer des arrangements avec l'abbé Tisdell, et une partie de la collection prit la route de Joliette. On l'installa d'abord, en 1962, au CEGEP actuel. En 1970, elle franchit la rivière L'Assomption, pour prendre place dans des locaux plus vastes de l'ancien Scolasticat. Et aussi pour s'amplifier de fort précieuses acquisitions canadiennes, surtout grâce aux efforts conjugués du P. Corbeil et d'un jeune avocat de chez nous, Me Serge Joyal. Dans le nouveau local, les visiteurs affluent de partout, plus de 5000 en 2 ans. L'ébahissement est général. Un Musée s'impose. On l'aura, grâce surtout à Me Joyal qui fit fleurir le projet.

Pour assurer l'entreprise, une Corporation du Musée a été fondée, présidée par l'Hon. juge Jacques Dugas. Les C.S.V. lui ont confié la collection pour 99 ans. C'est cette Corporation qui en assure la sécurité et la promotion. C'est avec elle, que traitent les Gouvernements fédéral, provincial et municipal, qu'elle a intéressés au Musée. En font partie des représentants d'à peu près tous les éléments de la société. Une souscription populaire a rapporté près de $100,000.

En août 1975, l'Honorable ministre Robert Quenneville levait la première pelletée de terre.

Le 31 janvier 1976, le Musée d'Art était brillamment inauguré en présence des Hon. Jeanne Sauvé et Robert Quenneville, M.D. et d'une foule enthousiaste. Depuis, des expositions de haute qualité se succèdent. Avec l'engagement récent d'un conservateur, M. Jacques Toupin, du Musée des Beaux-Arts de Montréal, assisté de son épouse, on peut dire que le Musée est vraiment lancé, soutenu qu'il est par le concours des Gouvernements et des aides bénévoles et spécialement par l'admiration des visiteurs qui surgissent de partout: plus de 10,000 en l'année 1976.

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