Climat: Rome contre les Églises Évangélistes
Le Pape qui est le chef d’un milliard deux cent mille catholiques romains publiera prochainement une Encyclique exceptionnelle sur les changements climatiques et l’environnement. Cette Encyclique, croit-on, incitera les catholiques à s’engager dans une action contre ces changements. Elle sera expédiée aux 5 000 évêques catholiques et 400 000 prêtres à travers le monde à qui on demandera de la distribuer à leurs paroissiens. (1) Ce document d’une soixantaine de pages devance de quelques mois la rencontre des Nations unies sur le climat qui aura lieu à Paris en décembre prochain.
En novembre 2014, le Pape François avait fait parvenir une lettre aux participants de la Conférence des Nations unies qui avait lieu à Lima (Pérou) soulignant qu’il est plus que temps de trouver des solutions mondiales à ces problèmes et que c’est seulement par un engagement collectif que cette lutte pourra être efficace. (2) À la fin, les délégués à Lima s’entendirent simplement pour prôner une volonté commune de réduire les émissions de carbone.
Au cours de son voyage au Sri Lanka et aux Philippines, du 12 au 19 janvier dernier, le Pape confia aux journalistes qui l’accompagnaient dans l’avion que la Conférence de Lima l’avait déçu par son peu de résultat; il y a eu là un manque de courage. Les représentants sont allés jusqu’à un certain point. Espérons que les délégués à Paris seront plus courageux et qu’ils feront avancer les choses.»(3)
Pendant ce voyage en Asie, les remarques du pape portèrent essentiellement sur la pauvreté mais en s’appuyant constamment et avec force sur le problème des changements climatiques. Le Sri Lanka est constamment menacé par des niveaux de marées catastrophiques alors que les Philippines furent frappées en novembre 2013 par un typhon d’une force effrayante qui a fait 7 350 morts ou portés disparus. Ce typhon Haiyan a été le plus dévastateur jamais recensé sur terre avec des vents de 196 milles à l’heure, il est considéré comme un événement atmosphérique extrême le plus lié aux changements climatiques relevant des interventions humaines. Le 17 janvier, le pape s’est rendu à Tacloban, l’une des villes dévastées par ce typhon.
Le côté environnementaliste du pape François suscite une vive opposition, en particulier aux USA où quelques églises chrétiennes fondamentalistes considèrent la science et l’environnementalisme comme contraires à l’enseignement de la Bible. E. Calvin Beisner, porte-parole et fondateur d’un lobby évangélique appelé Cornwall Alliance for the Stewardship of Creation , soutenait dans le Guardian de Londres en décembre 2014 que « le pape ne devrait pas s’intéresser aux changements climatiques et ajoutait que «l’Église catholique a raison de défendre des principes moraux mais qu’elle se fourvoie quand elle s’occupe de science. Il s’ensuit que les politiques que le Vatican soutient sont déplacées. Alors que notre prise de position représente le point de vue de millions de chrétiens évangélistes aux USA.» (4)
Le mandat de la domination sur la nature
Beisner a été présenté dans religiondispatches.org (Aug. 15, 2014) comme «l’anti environnementaliste évangéliste le plus influent aux USA.» (5) Il s’oppose avec véhémence à tout type de législation étatique de l’environnement comme contraire à la volonté de Dieu. Cela tient à ce que Beisner et the Cornwall Alliance adhèrent complètement à une tradition évangéliste appelée dominationisme fondée sur le présumé commandement de la domination de l’homme sur la nature (Genèse, 1 :28) : «Dieu bénit (Adam et Ève), et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre» (traduction Louis Segond).
La majorité des dominationistes interprètent ce passage comme une carte maîtresse contre ceux qui réclament un règlement ou une protection de l’environnement. The Cornwall Alliance Declaration of Environmental Stewardship soutient : «Nous aspirons à un monde dans lequel on choisit la liberté comme fondement de l’action morale plutôt qu’une gestion de l’environnement choisie par un gouvernement comme moyen d’imposer des buts communs.» (6)
La plupart des dominationistes croient aussi que la Bible ne peut pas errer et que la Seconde venue du Christ est imminente. En interprétant la Bible de façon littérale et qui ne peut pas être dans l’erreur plutôt que comme une vérité métaphorique ou symbolique, ces dominationistes croient que la Terre n’a que 6 000 ou 10 000 années d’existence et que la fin du monde n’est pas seulement imminente mais désirable parce que les croyants seront enlevés au Ciel avant que la bataille de l’Armageddon n’éclate au Moyen Orient. Il est évident que si vous croyez que «la fin du monde» est prochaine, toute planification à long terme pour assainir l’environnement est aussi dérisoire qu’inutile.
En rejetant la science du changement climatique, Beisner et le Cornwall Alliance croient que « la Terre et ses écosystèmes – qui furent créés par un dessein de l’intelligence et du pouvoir infini de Dieu et soutenus dans l’existence par Sa fidèle providence – sont solides, résilients et auto régulateurs, merveilleusement adaptés à l’épanouissement humain dans une célébration de Sa gloire. Le système climatique de la Terre ne fait pas exception.» (7)
Beisner a récemment admis que les changements climatiques peuvent se produire et être causés par les actions humaines, mais toute tentative pour les réduire en cherchant des substituts aux énergies fossiles aurait pour effet «d’appauvrir les pauvres.»(8) Selon Bloomberg News (Dec. 12, 2014), Peabody Energy Corp., ExxonMobil and Chevron Corporation ont repris le même refrain – on sait que ces deux compagnies appuient financièrement les groupes évangélistes d’extrême-droite. (9)
Dans son enquête sur le Cornwall Alliance en 2010, le site thinkprogress.org a découvert qu’il avait «des liens incontestables avec l’industrie du pétrole, en particulier avec Exxon Mobil et Chevron aussi bien que des liens directs avec les responsables de la vieille garde de la droite qui orchestre toute la mécanique du déni de la science climatique. (10) Interrogé sur ces divers liens par le Guardian (5 mai 2011), Beisner répondit : «Il n’existe aucun don corporatif ni aucun argent provenant du pétrole» mais il n’a pas nié les connexions avec «la mécanique du déni de la science climatique laquelle reçoit depuis longtemps des fonds des compagnies intéressées à l’énergie fossile.» (11)
Le dragon vert
En 2010, lors d’une représentation offerte par Heritage Foundation (soutenue financièrement par l’industrie du pétrole), Cornwall Alliance lança un livre accompagné d’une vidéo appelée Resisting the Green Dragon qui stigmatisait le mouvement environnemental «comme l’une des plus grandes menaces à l’heure actuelle contre la société et l’église.» (12) Voici un passage de ce livre : « Ce chemin d’un vert visqueux est pavé de toute sorte de comportements pervers et destructeurs, il conduit à une mort certaine et en définitive à la peine de l’enfer éternel.» Il proclame aussi que les régions qu’on appelle naturelles ou sauvages ne sont pas hospitalières pour l’homme et que Dieu ne considère pas cela comme un état bon ou naturel.»(13)
Dans la liste qu’il a établie de ses aspirations, Cornwall Alliance espère en un «monde dans lequel les relations entre l’intendance et la propriété privée seront parfaitement prises en compte pour donner aux citoyens la possibilité, grâce à leurs convictions personnelles, de veiller sur leur propriété de façon à restreindre le besoin de posséder et contrôler collectivement les ressources et les entreprises.(14) Adepte à fond du libre marché, Cornwall Alliance, dans le sillage d’une économie néo libérale, apparaît donc comme opposé à la propriété collective (c’est-à-dire publique) des parcs et des régions sauvages, à la propriété collective des ressources et des services publics et à la possession collective de territoires par les peuples autochtones.
Beisner a tenu récemment des propos incendiaires. En 2013, il a dénoncé le mouvement environnemental «comme la plus grande menace de la civilisation occidentale » parce qu’il combine à la fois « la vision utopique du marxisme, le côté scientifique de l’humanisme laïque et le fanatisme religieux du jihad. » (15) Il s’est aussi emporté contre le concept même de ‘’ justice sociale’’ et «a fortement critiqué les autres églises évangéliques chrétiennes qui n’adoptent pas la même ligne rigoureuse de pensée contre le mouvement environnementaliste.» (16)
Une machine bien huilée
Cornwall Alliance est un membre clé du Council for National Policy (CNP) – une organisation secrète considérée comme l’un des piliers de la Nouvelle Droite aux États-Unis qui a obtenu le contrôle du Congrès lors des élections mi-mandat de 2014 grâce aux victoires du Tea Party et du parti républicain. Plusieurs des politiciens élus (y compris les gouverneurs des États) sont des climato-sceptiques dont les campagnes ont été largement financées par les intérêts des énergies fossiles.
Ces nouveaux politiciens élus (ainsi que leurs supporteurs de Big Oil) travaillent à prévenir les règlements portant sur les changements climatiques qui menaceraient les profits des industries. Ils cherchent également à empêcher la création de nouvelles régions de préservation de la nature sauvage, à faire reculer la législation environnementale, à pousser le projet du pipeline Keystone XL et à ouvrir la Côte du Pacifique aux explorations gazières.
Voici un commentaire de l’écrivain environnementaliste Peter Dykstra sur les victoires des élections de mi-mandat aux États-Unis: «La dernière fois qu’un caucus anti-science a été aussi fort au Congrès c’est probablement lors du Scopes Monkey Trial, il y a quatre-vingt- dix ans. » (17) Des climato sceptiques comme les sénateurs républicains Ted Cruz (Texas), James Inhofe (Oklahoma) et Marco Rubio (Floride) dirigent chacun un comité important du Sénat qui déterminera les changements des politiques climatique et environnementale. Derrière le caucus anti-science se profile le Council for National Policy (CNP).
Le CNP a été fondé en 1981 par plusieurs conservateurs de la droite, comprenant Tim LaHaye, un ancien stratège républicain et la tête dirigeante de Moral Majority; il est l’auteur de la populaire série de fiction ‘’Left Behind’’, dans laquelle l’Antéchrist apparaît comme secrétaire général des Nations Unies (ligué avec la Russie). Selon l’auteur-activiste Chris Hedges, le CNP rassembla les évangélistes dominionistes ainsi que «les industriels de droite désireux de les financer.»(19)
Les membres inscrits au CNP ont été décrits comme appartenant essentiellement «à une société secrète de Républicains d’extrême droite avec comme mission de s’attacher à l’héritage chrétien, au soutien à Israël à une armée forte, au droit de posséder des armes à feu, aux valeurs traditionnelles et à un gouvernement de taille réduite.»(20) Au fil des ans, un échantillon varié d’orateurs de droite, y compris Ronald Reagan, Milton Friedman, l’économiste du libre marché Milton Friedman, Dick Cheney, Mitt Romney, George W. Bush, et en juin, Stephen Harper, l’actuel Premier ministre du Canada, se sont fait entendre au CNP. [21]
Le CNP réunit dans le secret le plus strict trois fois par année les organismes évangéliques de droite à qui il donne des millions de dollars. Le nom des membres du CNP et les listes des donateurs sont gardés secrets et les événements qu’il organise se font à l’exclusion du public et de la presse. CNP est connu pour avoir décerné une récompense aux frères Koch, des millionnaires qui sont très fortement liés au développement des sables bitumineux canadiens et autres intérêts pour les énergies fossiles. Il a pendant longtemps aidé financièrement le grand éventail des think tanks de la droite canadienne et américaine, des groupes de lobby et des organismes évangéliques connus dans la collectivité comme les ‘’Kochtopus’’.
Ces fonds versés au CNP et aux groupes évangéliques ont servi à alimenter la mécanique de négation des changements climatiques. De nombreux Américains, lorsqu’ils votent, interprètent les manifestations extrêmes de la température comme les prophéties de la Bible plutôt qu’en termes scientifiques. On lisait récemment dans The Atlantic (novembre 2014) :« En ce qui concerne 2014, on estime que près de la moitié des Américains, 49%, croient que les désastres naturels sont un signe précurseur de la fin du monde telle que décrite dans la Bible. Une augmentation de 5% par rapport aux estimations de 2011.» (22)
Les semences génétiquement modifiées
Le site de Cornwall Alliance a récemment approuvé les modifications génétiques des semences et des cultures agricoles comme compatibles avec le message de l’Évangile parce qu’elles aident à «nourrir les pauvres». On sait que le gouvernement américain et Monsanto ont depuis longtemps cherché à obtenir le soutien du Pape pour les semences, les cultures et les aliments génétiquement modifiés, et que le Vatican a gardé le silence à ce sujet. (23). Mais cela est peut-être sur le point de changer.
En 2013, le Pape François a rencontré des représentants des travailleurs du Mouvement des sans Terre au Brésil. (MST), lequel est un membre fondateur de Via Campesina – l’organisation mondiale qui représente 200 millions de paysans. Dans la discussion, la menace que représentent les semences et les cultures OGM fut soulevée alors que des chefs dirigeants des paysans du Brésil ont décrit les coûts élevés, l’insécurité alimentaire et les dangers créés par l’imposition des cultures OGM sur les terres agricoles. Par la suite, le Vatican a demandé au mouvement paysan de lui fournir une courte liste de scientifiques au fait des impacts négatifs des OGM. (24)
Le 30 avril 2014, une lettre signée par huit experts d’Argentine, du Brésil, du Mexique, de l’Inde et du Canada fut envoyée au Pape François, accompagnée d’un document suppliant le Pape de s’exprimer sur les effets négatifs des semences OGM sur les paysans du monde entier et sur la sécurité alimentaire mondiale. Avec l’autorisation du Pape et des organisations paysannes, la lettre et le document furent rendus publics le 14 août.
Cette lettre dit entre autre ceci : «Les traditions agricoles sans OGM basées sur les paysans et les fermiers de petite échelle, sur la diversité et sur une science socialement et écologiquement responsable sont essentielles pour faire face à la famine et aux changements climatiques mais sont à risque du fait de la contamination des OGM et de l’envahissement des monopoles corporatifs. À cause de cela, et avec le plus grand respect, nous croyons qu’il serait d’une importance capitale et d’une grande valeur pour tous si votre Sainteté pouvait personnellement prendre une position critique à l’égard des semences OGM et donner son support à l’agriculture paysanne (contre les semences OGM). Ce soutien pourrait avoir une grande influence pour sauver des populations et la planète entière des menaces que soulève le contrôle de la vie mis de l’avant par des compagnies qui monopolisent les semences qui sont la base même du réseau alimentaire mondial. (25)
L’un des signataires de cette lettre, le professeur Andres Carrasco d’Argentine fut terrassé par la maladie et est mort pendant la préparation des documents. Les autres signataires sont Ana Maria Primavesi (Autriche/Brésil), Elena Alvarez-Buylia (Mexique), Pat Mooney (Canada), Paulo Kageyama (Brésil), Rubens Nodari (Brésil), Vandana Shiva (Inde), et Wanderley Pignati (Brésil).
Le signataire Pat Mooney qui appartient au groupe ETC basé à Ottawa m’a dit que l’encyclique prochaine du Pape François mettra probablement l’accent davantage « sur les changements climatiques que sur toute autre chose mais qu’on pourra sans doute y trouver une référence aux OGM. «Il y a lieu de l’espérer,» ajouta-t-il. Mooney a confirmé qu’il y a «une histoire de conversations» et «de liens étroits» entre le géant Biotech Syngenta et des membres du Vatican. L’industrie des biotechnologies soutient que les cultures OGM aideront à nourrir la planète pendant les changements climatiques – une affirmation démentie par plusieurs savants indépendants du monde entier, et documentée dans les rapports envoyés au Pape François.
Les mouvements religieux catholiques se mobilisent
Le 14 janvier, une nouvelle coalition internationale appelée Global Catholic Climate Movement a été lancée. Elle réunit en premier lieu les organismes des laïcs catholiques du monde entier en vue de promouvoir des actions liées aux changements climatiques et en tandem avec l’Encyclique du Pape François. D’autres grands mouvements religieux, incluant Interfaith Moral Action on Climate et Evangelical Environmental Network s’organisent aussi pour aborder ce problème en préparation à la Conférence de Paris en 2015. (26)
Cornwall Alliance créé par E. Calvin Beisner continue à affirmer que le Pape François est «mal informé» sur les sciences du climat. Le 20 janvier, Beisner déclara à The Heartlander (une publication de l’Institut Heartland qui nie les changements climatiques) que le Pape et ses conseillers «ont besoin de connaître le côté empirique de ces sciences. »(27) L’auteur de l’article, H. Sterling Burnett, est conseiller de Energy, Natural Resources and Agricultural Task Force à American Legislative Exchange Council (ALEC) – une création des Frères Koch.
La publication de l’Encyclique du Pape François et sa visite en septembre aux USA seront des événements majeurs pour alimenter les discussions sur le climat préparatoires à la rencontre de Paris en décembre. La performante machine Kochtopus, y compris ses armes évangéliques, tournera à plein régime en 2015.
NOTES
L’auteure : Joyce Nelson est canadienne. Elle a remporté un prix destiné aux chercheurs et écrivains indépendants. Elle travaille actuellement à son sixième livre.
Footnotes/Links:
[1] http://theguardian.com/world/2014/dec/27/pope-francis-edict-climate-change-us-rig...
[2] http://www.christianexaminer.com/article/pop.francis.to.champion.climate.change.amon...
[3] http://reuters.com/assets/print?aid-USKBNOKO16W20150115
[4] http://www.theguardian.com/world/2014/dec/27/pope-francis-edict-climate-change-us-rig...
[5] http://religiondispatches.org/the-epa-and-evangelical-antienvironmentalism/
[6] http://www.cornwallalliance.org
[7] http://www.straight.com/print/645586
[8] http://www.theguardian.com/environment/climate-consensus-97-per-cent/2014/oct/02/glo...
[9] http://www.bloomberg.com/news/print/2014-12-12/stuck-earning-1-a-day-exxon-wants-t...
[10] http://wonkroom.thinkprogress.org/2010/06/15/conrwall-alliance-frontgroup/
[11] http://theguardian.com/environment/blog/2011/may/05/evangelical-christian-enviro..
[12] Ibid.
[13] Ibid.
[14] http://www.cornwallalliance.org
[15] http://www.rightwingwatch.org/content/beisner-explains-why-environmentalism-represen...
[16] E. Calvin Beisner, “Evangelical Environmentalism: Bout and Paid for by Liberal Million$$$?”(Oct. 20, 2014) www.cornwallalliance.org
[17] http://environmentalhealthnews.org/ehs/news/its-not-the-heat-its-the-stupidity
[18] http://news.nationalpost.com/2015/01/13/sen-ted-cruz-a-climate-change-denier-will-overs...
[19] Chris Hedges, American Fascists, New York/London/Toronto/Sydney: Free Press, 2006, p. 139.
[20] Michael Harris, Party of One: Stephen Harper and Canada’s Radical Makeover, Toronto: Viking, 2014, p. 27.
[21] Joyce Nelson, “Evangelical Capitalism, Stephen Harper, and the Canadian State,” Watershed Sentinel (Jan.-Feb., 2015).
[22] http://www.theatlantic.com/politics/print/2014/11/half-of-americans-think-climate-chang...
[23] http://www.naturalnews.com/z046444_GMOs_environmental_destruction_Pope_Francis...
[24] “Peasants, Scientists ask Pope Francis to Intervene on GM Seeds,” ETC Group, August 14, 2014.
[25] http://www.etcgroup.org/content/letter-sent-pope-francis-regarding-gmos
[26] http://www.eenews.net/stories/1060011713/print
[27] http://news.heartland.org/print/172941