La légende des siècles

Victor Hugo
Vous m'offrez de ramper, ver de terre savant
Hé bien, non. J'aime mieux l'ignorance étoilée
de Platon, de Pindare, âme et clarté d'Elée
(...)

Ainsi lorsqu'à cette heure un Allemand
proclame Zéro pour but final et me dit: - Ô néant,
Salut! - j'en fais ici l'aveu, je suis béant.
Et quand un grave Anglais, correct, bienmis, beau linge,
Me dit: - Dieu t'a fait homme et moi je te fais singe
Rends-toi digne à présent d'une telle faveur,
Cette promotion me laisse un peu rêveur.

Ce n'est point vers la nuit que je crie en avant,
Mourir n'est pas finir, c'est le matinsuprême (...)
Mon coeur, s'il n'a ce jour divin, se sent banni,
Et, pour avoir le temps d'aimer, veut l'infini;
Car la vie est passée avant qu'on ait pu vivre.
C'est l'azur qui me plait, c'est l'azure qui m'enivre,
L'azur sans nuit, sans mort, sans noirceur,sans défaut
C'est l'empyrée immense et profond qu'il me faut,
La terre n'offrant rien de ce que je réclame,
L'heure humaine étant courte et sombre, et,pour une âme
Qui vous aime, parents, enfants, toi ma beauté,
Le ciel ayant à peine assez d'éternité!

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