Biographie de Messire Antoine Manseau
Pour saluer la naissance du premier volume des Gerbes de Souvenirs, M. L.-F. Bonin, curé de Saint-Roch (aujourd'hui chanoine titulaire de la cathédrale de Joliette) m'écrivait, de ce ton original et fidèle qu'on lui connaît, la lettre suivante reproduite ici pour m'autoriser à user à l'avenir des mêmes procédés que dans le passé. «Comme la glaneuse du champ de Booz, vous avez su, des épis épais et négligés par d'autres, composer de belles gerbes qui vont sûrement rassasier quantité d'affamés qui attendaient impatiemment cette savoureuse nourriture. Vous êtes arrivé à votre temps, et de votre observatoire élevé à mi-distance entre la fondation de notre Alma Mater et l'époque actuelle, vous avez su profiter des souvenirs des anciens, des temps héroïques, les ajouter à la précieuse collection de vos notes personnelles amassées durant vos années d'études, et compléter le tout par de patientes recherches qui vous ont conduit jusqu'à aujourd'hui.»
Malgré cela, mes connaissances ne couvrent pas toute cette période (1846-1915). Nombre de faits, d'anecdotes, d'usages, de personnages ne sont pas venus jusqu'à moi. On comprend bien alors le désappointement de plusieurs anciens et des nouveaux, quand ils ne retrouvent pas les figures de leur temps. Ainsi m'écrivait un élève de l'année scolaire 1853-1854: «Les Gerbes m'ont rappelé bien des noms échappés à ma mémoire. Mais je n'ai pas vu les noms de Monsieur Langis, maître de récréation, de M. Perreault (Le 1er chapitre du second volume en traite) et de M. Boucher qui faisait la classe de mon temps». Un autre plus jeune, appartenant au cours 1894-1902, me communiquait ainsi son espoir de rencontrer en second volume des figures connues et aimées. «Le deuxième volume, j'espère traitera des miens et j'ai hâte de le dévorer.» On voit d'ici ma tête placée entre ces deux difficultés, heureusement qu'en cette occurrence, comme en bien d'autres, des amis plus anciens que moi-même sont venus en aide et m'ont tendu une main secourable et bonne. Parmi celles-là, il en est un de Joliette même; c'est un prêtre, qui fut élève et professeur à notre collège de 1856 à 1872 et qui voulut bien annoter mon ouvrage, en compléter les détails de la façon la plus précise et la plus exacte. Bien des fois déjà, j'ai utilisé les notes de ce confrère.
Après cette entrée en matière, j'en viens à M. le grand Vicaire qui fut curé de l'Industrie pendant plus de vingt ans (1843-1864). Déjà, M. Manseau occupe une place d'honneur dans ces gerbes, mais sa position vis-à-vis du collège Joliette mérite qu'on le mentionne encore avec un titre nouveau. Car il en fut le premier supérieur. Je ne trouve nulle part dans nos comptes rendus, dans nos ouvrages sur Joliette et sa fondation, le titre de supérieur attaché au nom de M. Manseau, bien qu'à plusieurs endroits les RR. PP. Lajoie et Beaudry aient reconnu publiquement les bienfaits et la part importante prise par lui à notre fondation. La preuve de mon avancé se trouve, à mon sens, à la page 153 du premier volume de ces gerbes, dans un article intitulé: Prospectus d'une maison d'éducation publié en 1846 et dans lequel on lit: «Ce nouvel Institut, sous la présidence de M. Manseau» et encore: «Pour les conditions, on pourra s'adresser à M. Manseau président».
L'année suivante (1847) nous amenait un nouveau supérieur nommé à Vourles même, par Mgr Bourget, de concert avec le R. P. Querbes. «C'est vous, disait le Prélat au Fr. Champagneur, qui viendrez et vous serez supérieur.»
Il semble donc très convenable d'écrire une biographie succincte de M. Manseau et de la placer en tête de ce chapitre consacré à quelques-uns de nos Anciens. La Biographie de M. Manseau1 par Mgr Bourget sera la source de nos renseignements.
Il naquit à la Baie du Febvre, le 15 juillet 1787. En récompense de son zèle à servir la messe, l'enfant reçut de son curé les premières leçons de lecture et de grammaire. Ce simple fait d'un curé de campagne, donnant une leçon à son servant de messe, nous met en face d'un état de choses habituel dans notre cher Canada et par lequel s'ouvre l'histoire de toutes nos maisons d'éducation. Il est temps d'envisager au moins quelque peu la question du clergé canadien et l'éducation.
Repassez dans votre mémoire les noms de la plupart de vos collèges et vous trouverez en tête de leurs bienfaiteurs insignes, sinon les fondateurs, du moins des bienfaiteurs dans les curés de campagne.
Il nous est très agréable de pouvoir citer le témoignage de Mgr Choquette en réponse à cette question: «Quels sont les meilleurs amis de nos collèges?» Déjà plusieurs supérieurs de nos collèges avaient répondu dans le même sens, mais nul ne le fit avec plus d'autorité que le supérieur du Séminaire de St-Hyacinthe. «Nos meilleurs amis ce sont les curés de campagne», répond Mgr Choquette, supérieur du Séminaire de Saint-Hyacinthe, bien qualifié par conséquent pour parler avec connaissance de cause.
«J'ai noté, dit-il, dans l'Histoire du Séminaire de Saint-Hyacinthe, la dette que nous devons au clergé, aux curés de campagne. Je crois que ces hommes dont l'énergie, la prudence, les conseils se dépensent dans la conduite de leur paroisse, cette véritable force de notre pays, ont été les premiers sauveurs et demeurent les plus fidèles conservateurs de notre langue et de nos droits. Ils ont fait plus, ils ont fondé et ils soutiennent la plupart de nos maisons d'enseignement.
«Dans notre pays, l'édification et le fonctionnement d'une maison d'enseignement supérieur sont œuvre de sacrifice; sacrifice des personnes, sacrifice des biens matériels. Il ne faut cesser de le faire entendre; les collèges de la province de Québec sont le fruit de la charité, de la charité sacerdotale principalement. Les amis le savent, le grand public le soupçonne, mais il ignore jusqu'à quel point il nous est permis de réclamer cette vérité. Et je ne parle pas seulement des ecclésiastiques qui travaillent dans nos maisons, j'inclus aussi, je pourrais dire surtout, les ecclésiastiques employés dans le ministère des paroisses. Supprimez le concours des curés: la plupart des collèges dans les conditions actuelles de la vie ferment obligatoirement leurs portes».
Que de vérités dans ces quelques lignes! Que serait le collège de Lévis sans le curé Déziel? Le collège de Sainte-Anne de la Pocatière ne doit-il pas son existence aux sacrifices et aux générosités continuelles des curés Painchaud et Poiré? Les trois quarts des «bourses» dont bénéficient les élèves pauvres au séminaire de Québec n'ont-elles pas été fondées par des curés de campagne?
Il faudrait ajouter, pour être dans le vrai, la liste complète de tous nos collèges, car sans les curés, aucun d'eux n'aurait pu se maintenir avec les maigres revenus et les prix de famine payés pour l'enseignement et les pensions.
Puisqu'il est question du collège de Ste-Anne de la Pocatière et qu'à ce moment il est sur la scène, nous allons citer quelques lettres qui nous édifieront sur l'ineffable dévouement de certains curés. Il s'agit d'abord de M. Painchaud, curé de Ste-Anne et fondateur du collège de cette paroisse dont l'œuvre vient d'être si cruellement détruite. De ses propres mains, il abattit les arbres qui couvraient l'emplacement du collège; il allait lui-même en traîneau à bâtons couper le bois des charpentes. Il fit le même travail pour arracher la pierre et la charroyer dans des corvées avec ses paroissiens à qui il disait pour stimuler leur enthousiasme: «Ne voulez-vous pas voir dés prêtres dans vos familles?»
En 1841 M. Jean Naud prêtait une forte somme sans intérêt au procureur de Ste-Anne «le tout dans le plus grand secret». Deux ans plus tard il écrivait: «Si j'avais quelque chose à vendre ce printemps, mais non, 300 minots d'avoine à 30 sous. Voilà ma dîme. Je vendrai à la place des gadelles, des melons, des herbes salées, des oignons, de la ciboulette, des choux, des glands, des cerises à grappes. Car voilà ce que j'ai fait jusqu'à présent. J'aurais désiré aller vous voir, mais j'ai mangé jusqu'à mes voyages pour vous en envoyer l'épargne. Je vous envoie 400 piastres. Me voilà à présent à sec comme un os». En 1854, ce bon curé écrivait encore: «Je souhaite (quel désintéressement) surtout que le collège donne de saints prêtres à l'église et de vertueux citoyens à notre beau pays. Je n'ai pas cette somme, mais je vais vendre mes gadelles, mes groseilles et mes prunes et je vous satisferai».
Un M. Potvin, curé de Ste-Croix, arrivant d'Arichat, donne à M. Painchaud 500 piastres (ce qui était nécessaire pour s'installer) «à gros intérêts pour le ciel».
Le jeune Manseau commença donc ses études classiques au collège de Nicolet en 1806, à l'âge de 19 ans. Au bout de cinq ans avec une très heureuse mémoire, un excellent jugement et une application jamais prise en défaut, il termina ses études classiques.
Après quelques semaines de grand séminaire de Québec, Mgr Plessis, devinant le mérite et la capacité du jeune clerc, lui donna sa confiance, en l'appelant au secrétariat de l'évêché où il travailla durant trois ans (18111814), jusqu'à sa prêtrise reçue le 2 janvier 1814. Il fut vicaire à Ste-Anne de la Grande Anse ou de la Pocatière, jusqu'au mois d'août, alors qu'il partit pour les missions lointaines de la Nouvelle-Écosse et de l'Île du Cap-Breton. (1814-1817)
Après ses trois années de labeurs, de sacrifices et de privations, notre missionnaire était mûr pour prendre une ancienne paroisse dans la province de Québec et Mgr Plessis le rappela pour lui confier la belle cure de Saint-Joseph de Soulanges ou des Cèdres grande comme un diocèse. Les difficultés des dessertes au nord et au sud du fleuve lui firent regretter ses bonnes missions du golfe et plusieurs fois il se repentit de les avoir quittées si tôt. Il retourna dans ses missions en compagnie de Mgr Plessis en 1821, et en 1823, son évêque le nommait Grand-Vicaire, Visiteur de toutes les missions du Haut-Canada. Mgr Plessis le pressait de partir et M. Manseau lui répliqua qu'un de ses bras le faisait souffrir: «Partez sans délai, nous n'avons pas le temps d'être malades», dit le prélat. En 1827 il accepta la cure de Contrecoeur et en 1834, il fut transféré à Longueuil et c'est à ce poste qu'il fut nommé grand vicaire en 1837. Sa modestie l'empêcha de dire que Mgr Lartigue voulut en faire son coadjuteur et son successeur en 1836. En 1840, il fut appelé à l'évêché de Montréal, et, quand Mgr Bourget établit son premier chapitre, en 1841, M. Manseau, comme le plus ancien d'âge et de prêtrise, fut nommé chanoine et doyen du chapitre. C'est alors que pendant un voyage de Mgr Bourget à Rome, il fut chargé de l'administration du diocèse, de mai à septembre. Il se plaisait à ravir, parmi le personnel de l'évêché où son tact, son amabilité, son caractère jovial et spirituel pouvaient briller d'un si vif éclat, au point qu'il en écrivait: «La sympathie qui existe entre tous les chanoines et les autres habitués fait de l'évêché un séjour charmant, disons mieux, délectable». Mais sa santé déclinait, faute d'exercice; Mgr lui offrit la cure de l'Industrie qui comptait 1400 âmes et 800 communiants. C'est alors qu'il prit une part active à la fondation du collège et, au cinquantenaire [1897], on a pu dire en parlant des Clercs de St-Viateur: «Ils sont arrivés à l'Industrie où les appelaient l'hon. B. Joliette, fondateur de la ville, Mgr I. Bourget, évêque de Montréal, et M. le grand vicaire Manseau, curé de l'Industrie». Mgr Bourget le tenait au courant du résultat de ses démarches en France et, le 1er avril 1846, il lui écrivait "qu'il avait vu le Cardinal de Bonald, archevêque de Lyon". En même temps il lui recommanda de prier pour le succès de ses instances à Lyon et à Vourles. Le R. P. Lajoie en 1878 disait de M. Manseau: «Ne passons pas sous silence le nom vénéré de M. Antoine Manseau. La vive sympathie qu'il a toujours accordée au collège Joliette et l'appui moral dont il l'a toujours honoré obligent à le considérer comme l'un de ses insignes bienfaiteurs». En 1897, dans son allocution au service funèbre de nos défunts, il ajouta: «C'est le Grand Vicaire Manseau qui se met en correspondance avec le R. P. Querbes et avec son ordinaire. Il supplie, il presse, il conjure. Sa constance, appuyée par sa foi, obtient enfin les religieux qui dirigeront son collège. Il les accueille avec une fraternelle affection. Et, durant sa vie, il ne cessera de les soutenir et de les aimer».
Mgr Bourget dit quelque part dans sa biographie de M. Manseau, qu'il commença par établir une école dans la sacristie; il donna lui-même des leçons de lecture, d'écriture, de chant et de cérémonies. Il bâtit aussi un couvent pour l'instruction des jeunes filles.
Quand M. Manseau chantait les vêpres, ce qu'il faisait ordinairement, il était toujours en rochet et en mozette noire avec parements violets; il ne mettait la chape que pour le salut.
Il fêta ses noces d'or de prêtrise le 2 janvier 1864. Il appartenait à une famille de robustes; ses trois neveux: M. Moïse Brassard, curé de St-Roch, M. Léandre, curé de St-Paul, et M. Théophile, curé de Vaudreuil ont aussi célébré leur jubilé d'or, et même M. Léandre fêta à St-Michel des Saints, ses noces de diamant. Le R. P. J-Bte Manseau, c.s.v., son neveu, vécut jusqu'à l'âge de 70 ans.
Après cinquante ans de prêtrise, en 1864, M. le curé de Joliette (l'Industrie par le bill d'incorporation sanctionné le 15 octobre 1863 venait de passer au rang des villes et s'appelait Joliette) sentit «le besoin de se recueillir quelque temps, pour méditer les années éternelles dans la paix et le calme de la solitude. Il voulait, disait-il, se rapprocher de son évêque qui, en l'assistant à la mort, ne manquerait pas de lui donner une bonne passe pour le ciel. Mais la pensée de la mort loin de l'attrister, en le rendant sombre et mélancolique, semblait ajouter un nouvel agrément à son caractère naturellement enjoué et aimable».
Il mourut à Montréal, à l'hospice St-Joseph, le 7 avril 1866, à 79 ans. Il fut inhumé à Joliette.
M. Gagnon, le vénérable curé de Berthier, fit la levée du corps à la Providence, M. le grand Vicaire Truteau chanta le service et le R. P. Lajoie fit l'oraison funèbre.
M. Manseau fut l'un des hommes les plus remarquables du clergé sous tous les rapports et il laissa partout, autour de sa personne, une auréole de dignité, de grandeur, de vertus, d'habileté et d'un désintéressement admirable, de dévouement et de sacrifice. «On vit briller tour à tour en lui, dit le R. P. Lajoie, un grand amour de l'Église, surtout une charité et une humilité sans bornes. Considérez bien cette tête vénérable qui, sans la profonde humilité du regretté défunt, serait ceinte de la mitre». Oui, sa vie brille d'un vif éclat par son amour de l'Église, par son zèle, son extrême modestie, son habileté à manier les esprits, l'estime de ses supérieurs, l'affection qu'il eut de ses ouailles, Joliette le considère comme son second fondateur et c'est encore ce que rappelait le R. P. Lajoie dans l'éloge funèbre du défunt. «Vous direz, disait éloquemment l'orateur aux citoyens, qu'un saint a été le second fondateur de Joliette, que sous sa main charitable, elle a fait de grands pas dans la voie du progrès spirituel, comme sous la main de l'hon. Barthélemi Joliette, dans la voie du progrès matériel». Tout annonçait chez lui l'homme de génie et destiné à de grandes choses.
«Sa taille était avantageuse, dit son biographe, ses traits nobles, son front majestueux, sa voix harmonieuse,. sa démarche grave et bien dégagée. Ses manières étaient engageantes, sa conversation pleine de charmes, ses réparties vives et piquantes. Aussi tous, prêtres et laïques, riches et pauvres, vieux et jeunes aimaient-ils à se trouver en rapport avec cet aimable vieillard. Sa charité était extrême; il donnait aux pauvres jusqu'au dernier sou». Il eut fait un excellent avocat. J'ai lu un plaidoyer extrêmement intéressant où il s'agit de l'intérêt d'une mission qu'il desservait. Il avait affaire à Mgr Plessis, évêque de Québec; il semblait d'abord que la partie n'était pas égale mais à la fin, le bon curé, prenant en main la cause de ses paroissiens devenue la sienne, et luttant contre son évêque lésé dans ses droits et désolé dans son ordonnance, pour le gagner à sa cause, finit par triompher, tel Abraham plaidant la cause de la ville coupable et la gagnant en faveur des Justes. Mais les lettres sont admirables de part et d'autre; le plaidoyer est savamment conduit et savamment réfuté. À la fin, l'évêque cède. On n'est pas loin de croire qu'il prolongeait à dessin la lutte pour admirer la tenue littéraire des lettres de son curé et la finesse et la subtilité de ses arguments.
M. le grand vicaire passait pour un homme d'esprit rare qui pétillait surtout dans ses conversations avec ses confrères et avec ses amis dont le nombre était grand et qu'il sut conserver jusqu'à sa vieillesse.
Un jour, il était à dîner à l'Assomption quand tout à coup il entend un des convives lancer une sentence latine. Se penchant vers son voisin, M. Manseau dit: «As-tu entendu? il est possédé du démon, car il parle une langue qu'il ne sait pas». Une autre fois, il rencontre au collège le Frère J. Séguin qui venait de Rigaud et qui vient de mourir à Bourbonnais. D'où venez-vous? – De Rigaud – qu'on appelle la rivière à la graisse n'est-ce pas? – Oui – Alors il doit y avoir quantité de beignets! Il lui arrivait aussi de se faire prendre dans ses filets. À M. Mercure qui attendait un poste de curé il disait: L'écho est toujours fidèle, quand je crie Mercure, l'écho me répond: cure, cure! Son interlocuteur lui répond à brûle pourpoint: C'est ainsi que je le trouve fidèle: quand je crie: Manseau, l'écho redit: sot! sot!
Et à Mme Joliette à qui il s'adressait avec un grain de malice: «À votre âge, madame, on doit commencer à jouer du violon. – Non Monsieur le grand Vicaire, car le violon est l'instrument des messieurs».
Pendant ses 40 heures, il allait lui-même annoncer le souper par ces mots latins: Ad coenam Domini. «Messieurs, venez-vous souper»? Quand il fut retiré, il allait souvent visiter ses amis et répétait aimablement qu'il désirait établir, parmi les prêtres, une société de la Sainte-Enfance, avec M. Mignault, curé de Chambly, pour assistant. M. Hildège Dupuis, sur ses vieux jours, reprit ce projet, mais, lui aussi mourut sans avoir pu le réaliser. Il nous a laissé les principales clauses de la constitution de cet ordre nouveau: «n'avoir pas d'esprit, ne jamais risquer un mot de bon sens, sous peine d'exclusion». Un jour, M. Manseau se trouvait en visite chez M. le Curé de Ste-Élisabeth, celui-ci lui demande de bénir son couvent nouveau, ainsi que les religieuses de la Providence: «Eh bien! soit - Allons, mes bonnes sœurs, que le bon Dieu vous bénisse et que le curé vous nourrisse!»