Le lait maternel
Dans une prise de position adoptée par le Bureau en octobre dernier, l'OIIQ encourage ses membres à promouvoir, protéger et soutenir l'allaitement maternel. Il emboîte le pas à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en préconisant l'allaitement maternel comme la source alimentaire exclu-sive du nourrisson né à terme et en santé, ainsi que pour les prématurés et les nouveau-nés malades et hos-pitalisés, et ce jusqu'à l'âge de six mois. Par la suite, même si l'enfant commence à manger d'autres ali-ments, la mère devrait être encou-ragée à poursuivre l'allaitement jusqu'à ce qu'il ait deux ans.
L'OIIQ endosse Les dix conditions pour le succès de l'allaitement et la Déclaration d'Innocenti, deux déclarations conjointes de l'OMS et de l'UNICEF visant à assurer la protection, la promotion et le soutien de l'allaitement maternel. Il appuie le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel qui, entre autres, décourage la distribution d'échantillons de lait artificiel. Enfin, il encourage les projets québécois d'hôpitaux Amis des bébés, une initiative de l'UNICEF.
L'adoption de cette prise de position fait suite à une proposition présentée par deux infirmières, Françoise Courville et Louise Dumas, à l'Assemblée générale annuelle de 1997.
Les recherches ont abondamment démontré que le lait maternel répond à tous les besoins nutri-tionnels du nourrisson et protègent l'enfant contre un certain nombre de maladies. Malgré tout, le taux d'allaitement des nouveau-nés au sortir de l'hôpital a diminué au Québec, entre 1982 et 1993, passant de 61,5 % à 48,7 %. Une enquête canadienne menée en 1995 a fait état de certaines pratiques, dans les services d'obstétrique, qui nuisent à l'allaitement. Par exemple, on donne souvent de l'eau, de l'eau glu-cosée ou du lait artificiel aux bébés allaités, bien qu'une des conditions de succès de l'allaitement maternel soit l'allaitement exclusif. De plus, lors de l'enquête, 57% des hôpitaux québécois distribuaient encore de façon systématique des échantillons de lait artificiel aux nouvelles mamans, soit le plus haut pourcentage au Canada.
En prenant officiellement position en faveur de l'allaitement maternel, l'OIIQ espère que ses membres profiteront de leur position privilégiée pour faire de l'éducation auprès des futures et des nouvelles mamans et pour tenter d'influer sur les politiques des établissements où elles exercent leur profession.
Quatre ans avant tout le monde
L'allaitement est une des priorités nationales de santé publique au Québec. L'objectif pour 2002 est d'augmenter à 80% le taux d'initiation de l'allaitement maternel à la naissance, à 60% au troisième mois de vie et à 30 % au sixième mois. La prise de position des infirmières de l'Hôpital Brome-Missisquoi-Perkins a fait en sorte que cet établissement de la Montérégie a atteint ces résultats quatre ans avant tout le monde. Cette expérience a été citée en exemple en conférence de presse, lors du lancement du plan d'action du Comité régional en allaitement maternel de la Montérégie, en septembre dernier.
Lise Montagne, infirmière-chef du Pavillon des naissances, a surpris les journalistes en révélant que le taux d'allaitement au sortir de l'Hôpital Brome-Missisquoi-Perkins est passé de 45% en 1993 à 80% cette année. «L'adoption d'une politique périnatale a contribué à ce succès, a expliqué Mme Montagne. L'allaitement est vu comme un tout. Nous avons changé certaines pratiques hospitalières, créé un environnement favorable à la cohabitation et revu l'organisation des services et la distribution des soins. Enfin, les dix conditions énoncées par l'OMS ont été mises en pratique une à la fois. En procédant de façon graduelle, nous avons forcé le changement organisationnel. »
L'infirmière-chef attribue ces résultats probants à deux facteurs: la volonté du milieu - « Les infirmières ont décidé de changer leur pratique » - et la volonté de l'administration. Elle souligne également la concertation de tous les intervenants prénatal au postnatal, incluant les groupes d'entraide et les médecins en cabinet privé.