Sonnet Watteau
Sonnet Watteau
Celle-là ne connaît ni jeûnes ni vigiles.
Elle est sur l'herbe, auprès des débris d'un festin.
Son nez moqueur a l'air de narguer le destin.
Elle épluche des fruits avec ses doigts agiles.
Au loin vogue un bateau dont les agrès fragiles
Tendent dans le ciel bleu des voiles de satin.
C'est lui qui va mener au pays clandestin
La troupe d'Arlequins, de Bergers et de Gilles.
A quoi songe la belle enfant aux doigts rosés?
Sur sa bouche rieuse où chantent des baisers
Elle écrase les sœurs de ses lèvres, les fraises.
Et dans son blanc peignoir fleuri de falbalas.
Elle ressemble au beau nuage plein de braises
Qui monte de Cythère, à l'horizon, là-bas.