Rêve de Watteau

Émile Nelligan
Quand les pastours, aux soirs des crépuscules roux
Menant leurs grands boucs noirs aux râles d'or des flûtes,
Vers le hameau natal, de par delà les buttes,
S'en revenaient, le long des champs piqués de houx;

Bohèmes écoliers, âmes vierges de luttes,
Pleines de blanc naguère et de jours sans courroux,
En rupture d'étude, aux bois jonchés de brous
Nous allions, gouailleurs, prêtant l'oreille aux chutes

Des ruisseaux, dans le val que longeait en jappant
Le petit chien berger des calmes fils de Pan
Dont le pipeau qui pleure appelle, tout au loin.

Puis, las, nous nous couchions, frissonnants jusqu'aux moelles,
Et parfois, radieux, dans nos palais de foin,
Nous déjeunions d'aurore et nous soupions d'étoiles.

Autres articles associés à ce dossier

Watteau et « la maladie de l’infini »

Paul Voivenel

Tous les tuberculeux célèbres, Mozart, Millevoye, Schiller, Maurice de Guérin, Schubert, Chopin, Laforgue, Novalis, Glatigny, Mérimée, Rachel, Ma

Un voyage à Cythère

Gérard de Nerval

Quelques années s'étaient écoulées : l'époque où j'avais rencontré Adrienne devant le château n'était plus déjà qu'un souvenir d'enfance. J

Le grand poète du XVIIIe siècle est Watteau

Goncourt (frères)

Le grand poète du XVIIIe siècle est Watteau. Une création, toute une création de poème et de rêve, sortie de sa tête, emplit son Œuvre de

Antoine Watteau

Marcel Proust

Crépuscule grimant les arbres et les faces, Avec son manteau bleu, sous son masque incertain; Poussière de baisers autour des bouches lasses... Le

Watteau

Albert Samain

Au-dessus des grands bois profonds L'étoile du berger s'allume... Groupes sur l'herbe dans la brume... Pizzicati des violons... Entre les mains, les

Watteau ou la poésie de l'esprit

Gabriel Séailles

L’homme et l’artiste William Pater, le maître le plus délicat de la critique anglaise, dans ses Portraits imaginaires, a consacré un ar

Sonnet Watteau

Jean Richepin

XII Sonnet Watteau Celle-là ne connaît ni jeûnes ni vigiles. Elle est sur l'herbe, auprès des débris d'un festin. Son nez moqueur a l'

Article «Watteau» de la Grande Encyclopédie

G. Lafenestre

Article «Watteau» publié dans la Grande Encyclopédie (1885-1902).

L'Embarquement pour Cythère

Théophile Gautier

Quoiqu’il n’ait peint que des fêtes galantes et des sujets tirés de la comédie italienne, Antoine Watteau est un grand maître. Il a cr

À lire également du même auteur

Soir d’hiver
Ah ! comme la neige a neigé !Ma vitre est un jardin de givre.Ah ! comme la neige a neigé !Qu’est-ce que le spasme de vivreÀ la douleur que j’ai, que j’ai !Tous les étangs gisent gelés,Mon âme est noire : Où vis-je ? Où vais-je ?Tous ses espoirs gisent gelés

Ruines
Quelquefois je suis plein de grandes voix anciennes,Et je revis un peu l'enfance en la villa;Je me retrouve encore avec ce qui fut làQuand le soir nous jetait de l'or par les persiennes.Et dans mon âme alors soudain je vois groupéesMes soeurs à cheveux blonds jouant près des vieux feu

Mon âme
Mon âme a la candeur d'une chose étoilée,D'une neige de février...Ah! retournons au seuil de l'Enfance en allée,Viens-t-en prier...Ma chère, joins tes doigts et pleure et rêve et prie,Comme tu faisais autrefoisLorsqu'en ma chambre, aux soirs, vers la Vierge fleurieMontait ta voi

Ma mère
Quelquefois sur ma tête elle met ses mains pures,Blanches, ainsi que des frissons blancs de guipures.Elle me baise au front, me parle tendrement,D'une voix au son d'or mélancoliquement.Elle a les yeux couleur de ma vague chimère,Ô toute poésie, ô toute extase, ô Mère!À l'a

Les angéliques
Des soirs, j'errais en lande hors du hameau natal,Perdu parmi l'orgueil serein des grands monts roses,Et les Anges, à flots de longs timbres moroses,Ébranlaient les bourdons, au vent occidental.Comme un berger-poète au coeur sentimental,J'aspirais leur prière en l'arôme des roses,Pend

Le vaisseau d'or
Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nuesS'étalait à sa proue, au soleil excessif.Mais il vint une nuit frapper le grand écueilDans l'Océan trompeur où chantait la Sirè

Le Vaisseau d'or
Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,S'étalait à sa proue, au soleil excessif. Mais il vint une nuit frapper le grand écueilDans l'Océan trompeur où chantait la SirÃ




L'Agora - Textes récents