Roald Amundsen et l'exploration de l'Arctique en dirigeable

Linn Ryne
Amundsen avait fini par se convaincre que l'avion n'était pas le moyen de locomotion le mieux approprié pour partir en raid au-dessus des pôles, mais s'avisa qu'il devait être possible de passer d'un continent à l'autre en ballon dirigeable. En un temps record, il parvint à recueillir les fonds nécessaires à un nouveau voyage, pour le moins périlleux. Le 11 mai 1926, notre infatigable chercheur quitta le Spitzberg à bord du Norge. Il était accompagné de Lincoln Ellsworth et de l'Italien Umberto Nobile, constructeur et pilote du dirigeable. Hjalmar Riiser-Larsen, remarquable pilote, était également du voyage au titre de navigateur. Ils emmenaient avec eux un équipage de douze hommes.

Après une traversée de 16 heures seulement, comblés, nos hommes plantèrent les drapeaux américain, italien et norvégien sur le pôle Nord. Le 14 mai, le Norge atterrit près de Teller, en Alaska. L'équipe avait accompli un périple de 5 456 km en 72 heures.

C'était le premier vol en ballon jamais effectué entre l'Europe et les États-Unis. La route suivie par le Norge avait survolé des régions polaires jusqu'alors inconnues, et Amundsen pouvait affirmer en toute certitude qu'il ne s'y trouvait aucune étendue de terre. La dernière zone inconnue du globe avait enfin livré ses secrets.

Les acclamations fusèrent de toute la planète, les louanges atteignant de nouveaux sommets. Le nom d'Amundsen fut révéré, tout particulièrement aux États-Unis et au Japon. Mais une mauvaise querelle entre Amundsen et Nobile vint assombrir cet épisode. Nobile tenta de minimiser le rôle d'Amundsen au cours du voyage du Norge, et Amundsen critiqua les qualités du dirigeable.

Amundsen témoigna malgré tout de l'étendue de sa magnanimité lorsqu'en mai 1928 lui parvint la nouvelle que l'Italia, le nouveau dirigeable de Nobile, s'était écrasé dans l'Arctique. Sans l'ombre d'une hésitation, Amundsen se porta volontaire pour participer à une tentative de sauvetage. En juin, il fut l'un des six hommes qui partirent de Tromsø à bord d'un avion français, un Latham, au secours de Nobile. Nobile et son équipage furent sauvés le 22 juin. Trois heures après son départ les derniers signaux qu'Amundsen devait émettre furent captés, et l'avion ne revint jamais à son port.

Autres articles associés à ce dossier




Lettre de L'Agora - Printemps 2025

  • Billets de Jacques Dufresne

    J'ai peur – Jour de la Terre, le pape François, Pâques, les abeilles – «This is ours»: un Texan à propos de l'eau du Canada – Journée des femmes : Hypatie – Tarifs etc: économistes, éclairez-moi ! – Musk : danger d'être plus riche que le roi – Zelensky ou l'humiliation-spectacle – Le christianisme a-t-il un avenir?

  • Majorité silencieuse

    Daniel Laguitton
    2024 est une année record pour le nombre de personnes appelées à voter, mais c'est malheureusement aussi l’année où l'abstentionnisme aura mis la démocratie sur la liste des espèces menacées.

  • De Pierre Teilhard de Chardin à Thomas Berry : un post-teilhardisme nécessaire

    Daniel Laguitton
    Un post-teilhardisme s'impose devant l'évidence des ravages physiques et spirituels de l'ère industrielle. L'écologie intégrale exposée dans les ouvrages de l'écothéologien Thomas Berry donne un cadre à ce post-teilhardisme.

  • Réflexions critiques sur J.D. Vance du point de vue du néothomisme québécois

    Georges-Rémy Fortin
    Les propos de J.D. Vance sur l'ordo amoris chrétien ne sont somme toute qu'une trop brève référence à une théorie complexe. Ce mince verni intellectuel ne peut cacher un mépris égal pour l'humanité et pour la philosophie classique.

  • François, pape de l’Occident lointain

    Marc Chevrier
    Selon plusieurs, François a été un pape non occidental parce qu'il venait d'Amérique latine. Ah bon ? Cette Amérique se tiendrait hors de l'Occident ?

  • L'athéisme, religion des puissants

    Yan Barcelo
    L’athéisme peut-il être moral? Certainement. Peut-il fonder une morale? Moins certain, car l’athéisme porte en lui-même les semences de la négation de toute moralité.

  • Entre le bien et le mal

    Nicolas Bourdon
    Une journée d’octobre splendide, alors que je revenais de la pêche, Jermyn me fit signe d’arrêter. « Attends ! J&

  • Le racisme imaginaire

    Marc Chevrier
    À propos des ouvrages de Yannick Lacroix, Erreur de diagnostic et de François Charbonneau, L'affaire Cannon

  • Le capitalisme de la finitude selon Arnaud Orain

    Georges-Rémy Fortin
    Nous sommes entrés dans l'ère du capitalisme de la finitude. C'est du moins la thèse que Arnaud Orain dans son récent ouvrage, Le monde confisqué

  • Brèves

    La source augustinienne de la spiritualité de Léon XIV – La source augustinienne de la spiritualité de Léon XIV – Chine: une économie plus fragile qu'on ne le croit – Serge Mongeau (1937-2025) – Trump: 100 jours de ressentiment – La classe moyenne américaine est-elle si mal en point?