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La pandémie COVID-19
La beauté, celle d’un être cher, celle de la nature et celle des grandes œuvres d’art est ce qui éveille l’amour en nous parce qu’elle est elle-même une manifestation de l’amour. Elle est, après le regard et la main tendue des êtres chers, ce dont les grands malades ont le plus besoin. Je n’oublierai jamais cet ami qui, branché pour la dernière fois sur son rein artificiel, ne semblait désirer qu’une chose : avoir son tableau préféré en permanence sous ses yeux : L’agneau mystique de Van Eyck. Ne pourrait-on pas accrocher des tableaux aseptisés sur les murs des chambres destinées aux victimes de la covid-19. Le mot d’amour que personne peut-être ne leur aura dit, ce sera cette présence réelle de la beauté.
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La mort est bavarde! On n'a qu'à regarder le nombre des pages consacrées à la mort de personnalités du domaine public, sportif ou artistique, à la mort des victimes de la route, du crime ou de la guerre.
Mais on peut aussi bien dire que la mort n'existe pas, car elle n'est rien, elle est vide ou néant. Cependant, les gens meurent autour de nous. Ils meurent tantôt seuls tantôt en grand nombre. Nous en sommes témoins. Et notre tour viendra. Il est légitime d'avoir peur de mourir, parce que mourir, c'est aussi souffrir et s'aventurer dans l'inconnu, c'est non seulement cesser de vivre, mais aussi cesser de bien vivre, de bien vivre ensemble.
Depuis les années 60, on assiste à une prolifération des discours sur la mort dans la littérature tant scientifique que populaire. On observe, dans divers milieux du savoir, l’éveil simultané d’une curiosité intellectuelle, accrue et renouvelée, autour de la mort. La mort est devenue un sujet dont on peut et dont on veut de nouveau parler, même s’il est trop tôt pour discerner, dans cet intérêt partagé, des signes évidents d’une redécouverte de la mort ou d’une prise de conscience collective à l'égard de la mort comme étant étroitement liée à la vie. Le déni ou l'évitement de la mort demeure manifeste dans les comportements contemporains. Les femmes et les hommes ont tendance à vivre et à agir comme si la mort ne pouvait pas les atteindre personnellement. La mort est muette!