Guitton Jean
La nuit avant de mourir, Paul VI, conscient que son heure était venue, demanda à son secrétaire de lui lire quelques pages de Jean Guitton.
C'est Pasquale Macchi lui-même, ancien secrétaire de Paul VI, qui l'a révélé dans un article publié dans l'hebdomadaire italien Liberal, soulignant l'amitié extraordinaire qui existait entre Paul VI et Jean Guitton, et l'admiration que le Saint Père avait pour celui qui fut l'un des plus grands philosophes de ce siècle.
"Je choisis tout": c'est le voeu que formula Jean Guitton quand il était jeune. Il tint sa promesse jusqu'au bout. Il sonda tous les chemins possibles et imaginables de la connaissance humaine, toutes les voies possibles pour accéder au mystère: la réflexion philosophique et théologique, la psychologie et la science en général, et même la peinture... Cette ouverture fait de lui l'un des derniers humanistes.
Il fut un important précurseur du Concile Vatican II auquel il participa comme auditeur laïc, sur invitation de Jean XXIII d'abord, puis de Paul VI.
Son livre Le problème de Jésus révèle toute l'originalité de sa pensée. Il affronte la personne et l'enseignement du Christ : pour lui Jésus est une personne. Il affronte ce "je ne sais quoi" qui n'est autre que l'Être, l'Éternel, la Providence et ses voies mystérieuses. C'est l'expérience que fit saint Jean de la Croix par la voie mystique.
Il précéda aussi la réflexion du Concile sur les relations avec la science. Il constata dans le travail des scientifiques une nouvelle ouverture à la divinité. Il encouragea une réconciliation définitive entre la religion et la science.
Dans sa recherche de la vérité, Jean Guitton a affronté un autre chapitre clé de la réflexion chrétienne contemporaine : le rôle de Marie. En 1949 il publia un livre intitulé Vierge Marie, dans lequel il fait une approche philosophique de Marie, inaugurant une vision nouvelle, dont les répercussions pourraient se faire sentir rapidement, lors de la publication posthume de La philosophie de la Vierge Marie, conformément au désir qu'il a exprimé. Marie est conçue comme l'emblème et le chef-d'oeuvre du genre féminin, avec toute sa puissance créatrice.
Ses deux livres: Le problème de Jésus et Vierge Marie auraient sans doute été inclus dans l'Index des livres interdits, si deux papes, Jean XXIII pour le premier, et Paul VI pour le deuxième, n'étaient pas intervenus directement.»
Source: ZENIT- www.zenit.org/french (31 mars 1999). Droits réservés.
«Dans son livre « L'absurde et le mystère », Guitton raconte la conversation qu'il a eue avec François Mittérand, dans la Creuse, en plein coeur de la France. Descendant de son hélicoptère qui venait de se poser, le Président de la république, dans un style franc et direct, interpella ainsi le philosophe français: «Guitton, vous qui êtes philosophe et avez la foi, vous avez dix minutes pour me dire le sens de la vie...Apparemment, tout est absurde, sinon tout est mystère». Le philosophe lui avait répondu:« Mais, monsieur le Président, il y faudrait plusieurs heures d'horloge ! » - «Cela ne fait rien, limitez-vous à l'essentiel. Je voudrais surtout vous interroger sur la mort. Non pas la mort elle-même que tout le monde connaît, mais sur ce qu'il y a après la mort.» Le livre répond à l'interrogation présidentielle.»
Source: Nestor Turcotte, Chroniques, L'absurce et le mystère.