Koestler Arthur

1905-1983
Arthur Koestler est d'abord un grand romancier. Dans des situations comme celle de la guerre civile espagnole (1933-1936) et celle de la seconde guerre mondiale où tant d'écrivains ont vu une preuve de l'absurdité de la vie, Koestler a plutôt vu la tragédie d'un désir d'absolu sans finalité, d'une Croisade sans croix. C'est là le titre d'un de ses principaux romans. Parmi ses chef-d'oeuvres, il y aussi le Testament espagnol et le Zéro et l'infini.

Si le désir n'est rattaché à aucune finalité, c'est qu'il est coupé de la vérité... cette vérité qui est l'objet des sciences. Koestler a consacré la seconde partie de sa vie à la découverte de ces sciences. Comme il était né aventurier, il fallait que cette recherche fût une aventure. Loin de ne demander à la science que des vérités immédiatement utiles, sans rapport avec le sens de la vie, Koestler a eu la témérité de chercher en elle les plus hautes et les plus essentielles vérités, mais sans jamais négliger la leçon des faits pour arriver plus vite et à son but: l'absolu. Jamais peut-être la vulgarisation scientifique n'aura été portée à un plus haut niveau. Et tout au long de cette escalade, Koestler conserve ses talents de romancier.



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Jugement de Koestler sur Freud
«Freud postulait deux Triebe (ou pulsions) fondamentales, qu'il concevait comme des tendances universelles antagonistes inhérentes à toute matière vivante : Éros et Thanatos, ou libido et pulsion de mort. Quand on lit bien les passages qui en traitent (dans Au-delà du principe de plaisir, Malaise dans la civilisation, etc.), on s'aperçoit avec étonnement que ces deux pulsions sont régressives: elles visent l'une et l'autre à la restauration d'une situation antérieure. Eros, en employant le leurre du principe de plaisir, cherche à établir l'antique "unité du protoplasme dans le limon originel", tandis que Thanatos vise encore plus directement au retour à l'état inorganique de la matière par l'annihilation du moi et de tous les moi. Comme les deux pulsions essayent de faire reculer l'évolution, on se demande comment celle-ci parvient quand même à avancer.» (Janus, Calmann-Lévy, 1979, p. 73)

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