Univers
En Occident, l'idée d'évolution, celle de la vie comme celle de l'univers, est récente.
Comment se fait-il qu'on s'en soit si longtemps tenu à une vision statique des choses de la vie? Tout est vie, le Grand Tout est vivant. Cette conviction a imprégné la plupart des cultures à l'origine. Or la première observation que l'on peut faire à propos des êtres vivants, c'est qu'ils commencent par un oeuf dans le sein de leur mère pour devenir un adulte autonome. Entre ces deux moments, il y a croissance, lente transformation, évolution.
On se demande pourquoi dans ces conditions l'idée d'évolution n'a pas été toujours et partout au coeur des conceptions du monde et à plus forte raison de la vie. On retrouve effectivement le mythe de l'oeuf cosmique dans de nombreuses cultures, en Inde, en Grèce, en Afrique chez les Pangwe, en Polynésie, en Indonésie, chez les Finnois et même en Amérique.
Dans un livre sacré de l'Inde, le Minokhired Péhlvi on trouve cette évocation de l'oeuf cosmique: «Le ciel et la terre et les eaux et toutes les autres choses qui sont dans le ciel sont faites à la façon d'un oeuf d'oiseau. Le ciel, au-dessus et au-dessous de la terre, a été fait par Ahura Mazda à la façon d'un oeuf. La terre, à l'intérieur du ciel, est comme le jaune de l'oeuf»
C'est le mot Big Bang, évoquant une explosion, comme celle d'Hiroshima, qui résume la conception du monde de la plupart de nos contemporains. La tradition, et une certaine science depuis peu, nous invite à lui préférer la métaphore de l'éclosion, associée à celle de l'oeuf cosmique. S'il est incontestable qu'il y eut violence à l'origine, faut-il en conclure que cette violence doit être absurde comme dans une explosion, faut-il exclure qu'il puisse s'agir d'une violence qui a un sens, comme celle de l'éclosion? Le principe anthropique, hélas fortement contesté, selon lequel l'existence de la vie suppose que les réactions initiales se soient déroulées dans un certain ordre, et l'hypothèse Gaia qui renforce les liens entre la matière vivante et la matière inanimée, nous incitent à choisir la métaphore de l'éclosion. Sur le plan symbolique tout au moins, l'astrophysique la plus neutre justifie ce choix. L'univers a en effet la forme d'un oeuf dans la représentation la plus proche de l'origine qu'on a pu en donner.