Essentiel
«Avant tout, [...] la presse est un instrument au service du marché universel. Un instrument qui apporte sa quote-part à l’application du principe "tout peut se vendre tout peut s’acheter". À l’origine, aux alentours des années 1850, on pensait que la presse allait être au service de la liberté de pensée et de l’éducation du citoyen. [...] Il est clair qu’aujourd’hui le monde semble avoir besoin du journal, des médias, tout simplement pour ÊTRE. Je suis d’ailleurs frappé de voir combien les gens, sans même s’en rendre compte, parlent de plus en plus comme dans les journaux qu’ils lisent... [...] c’est le journal qui nous fabrique notre monde chaque matin. Il nous met le monde en phrases, en tournures toutes faites, évacue l’imagination, anesthésie la sensibilité et les capacités de réaction, de sentiments humains. [...]
Oui, on ne peut pas imaginer une démocratie moderne sans liberté de la presse. En même temps, il faut se demander ce qu’on entend exactement par ce terme. [...] Bref, une liberté d’informer et d’être informé qui s’applique à tout et n’importe quoi est-elle encore une liberté? ou une forme d’asservissement des esprits?»
Source:
À quoi servent les journalistes? Entretien avec Jacques Bouveresse (
Construire, année 2001, no 18, 1er mai 2001)
Enjeux
«À l’Ouest, le pluralisme politique et la bonne diffusion de la presse sont assurés. Mais cette liberté se trouve souvent contrecarrée par la puissance économique de certains groupes privés qui conquièrent parfois des situations de quasi-monopoles. Dans ces pays — y compris en France — les syndicats de journalistes ont dénoncé ce phénomène de concentration économique et d’
impérialisme de l’argent qui viennent, dans les faits, limiter fâcheusement le pluralisme.»
Source: Atlas mondial des libertés (1989), cité par Laurent Laplante,
Démocratie et liberté de presse, Dixit Laurent Laplante, 25 septembre 2000