Médecin

« De nos jours, selon la loi, les médecins ont le monopole des soins. La Loi Médicale définit l'exercice de la médecine comme "tout acte qui a pour objet de diagnostiquer ou de traiter toute déficience de la santé d'un être humain. L'exercice de la médecine comprend notamment la consultation médicale, la prescription de médicaments ou de traitements, la radiothérapie, la pratique des accouchements, l'établissement et le contrôle d'un diagnostic, le traitement de maladies ou d'affections". Les autres catégories de thérapeutes reconnus exercent en vertu d'une délégation consentie par les médecins. Certains d'entres eux sont autonomes dans un champ d'exercice limité, comme les dentistes ou les optométristes, les autres exercent sur ordonnance d'un médecin ou d'un autre professionnel de la santé. »

GILLES DUSSAULT, « Les corporations de santé et les médecines douces ».

Essentiel

On lit dans le traité de la Bienséance d'Hippocrate : « Il faut rallier la philosophie à la médecine et la médecine à la philosophie, car LE MÉDECIN PHILOSOPHE EST ÉGAL AUX DIEUX. Il n'y a pas grande différence entre l'une et l'autre science, et tout ce qui convient à la philosophie s'applique également à la médecine : désintéressement, bonnes moeurs, modestie, simplicité, bonne réputation, jugement sain, sang-froid, tranquillité dame, affabilité, pureté, gravité du langage, connaissance des choses utiles et nécessaires à la pratique de la vie, fuite des oeuvres impures, absence de toute crainte superstitieuse des dieux, grandeur d'âme divine. Il est de l'essence de ces deux sciences de faire éviter l'intempérance, le charlatanisme, l'insatiable avidité, les appétits déréglés, la rapine, l'impudence. Elles apprennent aussi à bien apprécier ceux avec lesquels on est en rapport ; elles donnent le sentiment des devoirs de l'amitié ; elles enseignent la manière de diriger convenablement et à propos ses enfants et sa fortune. Une certaine philosophie est donc unie à la médecine, puisque le médecin possède la plupart de ses qualités. La connaissance des dieux est inhérente à la médecine, car elle trouve dans l'étude des maladies et de leurs symptômes une multitude de raisons d'honorer les dieux. - Les médecins reconnaissent la supériorité des dieux ; car la toute-puissance ne réside pas dans la médecine elle-même ; les médecins, il est vrai, soignent beaucoup de maladies, mais, grâce aux dieux, un grand nombre guérissent d'elles-mêmes. »

HIPPOCRATE, Vie et quelques oeuvres.

Enjeux

« Si le médecin a encore pour fin de guérir, il faut qu'il entre en communication avec le malade de manière telle que, l'atteignant en sa totalité concrète, il exerce sur lui son influence salvatrice. Rien ne semble à première vue plus facile. Rien n'est plus malaisé. La simple communication avec autrui est déjà hérissée d'impédients qui l'entravent et qui font surgir d'innombrables ersatz, de multiples suppléances dénuées d'efficacité. S'il s'agit d'un malade, elle devient plus scabreuse encore. Il est commode de considérer le malade comme une abstraction et de ne traiter en lui que la maladie. C'est un jeu de ne voir en lui qu'un objet, un moteur en panne, un mécanisme physico-chimique déréglé. Mais comment pourrait-on sans mensonge se dévouer à une maladie ou à un corps? Comment au surplus, ne pas trahir en l'occurence l'art qu'on exerce. Car le malade est malade en tant qu'il souffre en son organicité désaxée, c'est-à-dire dans ce tissu de relations qui constituent son être. Ce n'est ni une fiche, ni un homme quelconque qui se trouve malade, mais tel homme déterminé qui a nom Callias. Le problème essentiel de l'art médical est de communiquer avec cet homme, pourvu d'un indice d'eccéité, de façon telle qu'il s'ouvre autant que possible au rayonnement libérateur d'une action qui permette à la nature médicatrice de se creuser une issue et de la régénérer. »

MARCEL DE CORTE, « D'une ontologie de la santé », Qu'attendez-vous du médecin? Paris, Plon, 1953, pp. 58-59.

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