Mumford Lewis

1895-1990

«La vie! Lewis Mumford est avant tout un vivant et un amoureux de la vie. S'il est aussi urbaniste, historien et philosophe, c'est par surcroît. Son oeuvre entière est traversée par une immense sollicitude envers les réalités vivantes. Il n'étudie pas les villes de l'antiquité et du Moyen Age; il les ressuscite. Il ne fait pas la dissection de la cité carbonifère. Il pleure sur elle. Avec rigueur.

Qu'est-ce que la vie? Comme si le printemps n'avait pas depuis longtemps répondu à cette question. (..). Lewis Mumford a parfaitement compris cela. Sans devenir myope pour autant, il a su adapter son oeil de visionnaire aux exigences de la technostructure. L'ingénieur le plus méticuleux peut trouver dans son oeuvre de quoi satisfaire pleinement son appétit de détails pratiques. Faut-il s'en étonner? Lewis Mumford fut d'abord technicien. Il exerça ce métier jusqu'à l'âge de trente ans. S'il a le réductivisme en horreur, s'il se refuse à ramener les grandes choses aux petites, il excelle dans l'art réaliste de faire voir l'importance des choses qui semblent ne pas en avoir. Il nous apprend par exemple que si la cité médiévale s'est effondrée à partir du XVe siècle, c'est, bien sûr, parce que la foi religieuse s'est dégradée, mais aussi parce que l'introduction des véhicules sur roue, jointe à un besoin nouveau de vitesse, a fait éclater ses rues trop étroites. Mumford n'isole jamais un phénomène matériel sans le rattacher à un phénomène spirituel, à une totalité, à ce que lui-même appelle l'idée formative d'une civilisation.»

Jacques Dufresne, Mumford ou la cité organique

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