Haeckel Ernst von
Lorsque le soixantième anniversaire de Haeckel fut solennellement et brillamment fêté à Iéna, Rudolf Steiner fut invité. Le fils de Haeckel le présenta à son père, selon le désir de ce dernier. «C'est ainsi que je fis personnellement la connaissance de Haeckel. C'était une personnalité fascinante. Des yeux qui regardaient le monde avec tant de naïveté et tant de douceur qu'on avait le sentiment que ce regard devait se briser s'il était pénétré par la rigueur de la pensée. II ne pouvait supporter que les impressions, les perceptions des sens, et non les pensées qui se révèlent dans les choses et les phénomènes. [...] Quand il par lait, sa douceur naturelle empêchait ses idées fanatiques de prendre forme. On avait alors l'impression qu'une affabilité naturelle émoussait par la parole une nature cachée et démoniaque. C'était une énigme humaine que l'on ne pouvait s'empêcher d'aimer au premier abord, mais dont les opinions ne tardaient pas à vous mettre en colère. C'est ainsi que je le vis lorsque dans les années 90 du siècle dernier, il préparait la publication de ces théories qui devaient déchaîner les luttes intellectuelles les plus violentes au tournant du XIXe siècle.» (Autobiographie, Genève, Éditions anthroposophiques romandes, 1979)
Avant de quitter la médecine, Haeckel a hésité un moment entre la peinture et la biologie. Il a choisi la biologie, notamment parce qu'elle lui permettait de célébrer en tant qu'artiste cette beauté de la vie qu'elle lui permettait d'observer. Haeckel apportait toujours son attirail de peintre en voyage.
Évolution du visage humain
Gravure de Haeckel parue dans son ouvrage Naturliche Schopfungsgeschichte (Berlin, Reimer, 1870)
Source : U. S. National Library of Medicine