Alzheimer (maladie d')

«Il s’agit d’une maladie cérébrale dégénérative se caractérisant par un déclin progressif de la mémoire, de l’idéation, de la compréhension, du calcul, du langage, de la capacité d’apprendre et du jugement. Il faut néanmoins faire nettement la distinction entre cette maladie et le déclin normal des fonctions cognitives lié au vieillissement, beaucoup plus progressif et moins invalidant.

On estime que, actuellement dans le monde, 37 millions de personnes sont atteintes de démence, la maladie d'Alzheimer étant à l'origine de la majorité de ces cas. 

Environ 5 % des hommes et 6 % des femmes de plus de 60 ans en souffrent. Avec le vieillissement des populations, ces chiffres devraient, selon les projections, augmenter rapidement au cours des 20 prochaines années. Il n’y a actuellement pas de traitement. Les objectifs thérapeutiques sont les suivants : 

Maintenir autant que possible le fonctionnement de l'individu ; 
Diminuer les incapacités provoquées par la perte des fonctions mentales et réorganiser les habitudes de vie de façon à utiliser au mieux les fonctions restantes ;
Réduire au maximum les symptômes comme la méfiance, l'agitation et la dépression ;
Apporter une aide aux familles. Les interventions psychosociales, éducation, aide, conseil, placements temporaires, sont extrêmement importantes dans le cas de la maladie d’Alzheimer, que ce soit pour le patient ou pour les aidants familiaux. Quelques médicaments ont montré une certaine utilité en améliorant le fonctionnement cognitif et l’attention, tout en faisant diminuer les délires.» 1

Lésions

«Les cellules du cerveau rapetissent ou disparaissent et sont remplacées par des taches denses de forme irrégulière qu'on appelle plaques. Un autre indicateur de la maladie d'Alzheimer est la présence d'enchevêtrements autour des cellules existantes du cerveau. Ces enchevêtrements finissent par étouffer les cellules saines du cerveau.» 2

1-Source: Organisation mondiale de la santé, Troubles mentaux et neurologiques.

2-Société Alzheimer du Canada.

Essentiel

Comme le montre la conférence de Margaret Lock, la partie encore obscure de la maladie d’Alzheimer est beaucoup plus importante que la partie éclairée. Est-il vrai que l’exercice intense de l’intelligence accroît les chances d’échapper à la maladie? On ne le sait pas avec certitude, mais qu’importe. L’exercice de l’intelligence, qu’il se fasse dans l’abstrait ou dans le concret, est une chose bonne en elle-même . Qu’il soit en plus un moyen de prévenir la démence, qui voudra s’en plaindre?

Ainsi en est-il de toutes les bonnes habitudes, appelées vertus par les anciens : la prudence, la tempérance, la force, la sobriété, etc. Nécessaires au salut, ces qualités sont aussi excellentes pour la santé. La médicalisation, conséquence de la substitution de la santé au salut comme but de la vie, nous a réduits à cette situation absurde où nous sommes perdants, même sur le plan de la santé : nous nous privons des moyens de prévention les plus naturels et les plus efficaces.

Le plus beau témoignage d’amour que l’on puisse donner à un être qui prend de l’âge c’est de se montrer aussi exigeant à son endroit que s’il avait vingt ans, de ne lui laisser passer aucun signe de gâtisme, de résister à la tentation de le pousser vers la sénilité en l’infantilisant. On l’aide ainsi à conserver son intégrité et si on ne freine pas ainsi les processus biologiques irréversibles, on limite peut-être leur influence sur le comportement.

L’étude sur les religieuses a révélé que la démence ne s’est pas manifestée dans bien des cas où l’autopsie a démontré qu’il y avait une lésion au cerveau. Le déterminisme est limité. C’est nous qui l’aggravons. 

Enjeux

Influencés par la mode selon laquelle leur avenir est écrit dans leur corps, dans leurs gènes en particulier, bien des gens, parce qu'ils ont des pertes de mémoire ou parce qu'on leur a appris qu'ils avaient en eux l'allèle 4 du gène Apo E, se laissent emporter par la fatalité vers la maladie d'Alzheimer et la démence qu'elle entraîne.

Voici à ce propos le commentaire de Margaret Locke, de l'Université McGill, (Montréal, Canada) sur l'une des recherches les plus célèbres consacrées à la maladie d'Alzheimer: L'Étude des soeurs. S'il y a déterminisme dans le cas de la maladie d'Alzheimer, ce n'est pas la science dans son état actuel qui le prouve.

«Dans le même article, cette information était mise en rapport avec les résultats de la célèbre « Étude des sœurs » à laquelle participèrent, en provenance de sept régions des États-Unis, 678 religieuses catholiques de la Congrégation des Sœurs Enseignantes de Notre-Dame. Après des décennies de conservation tatillonne, furent récupérés des textes rédigés par les religieuses, alors jeunes filles, concernant leurs motivations à prendre le voile. Ces énoncés écrits furent comparés à des évaluations neuro-psychiatriques subies par les sœurs à partir de leur 75e anniversaire, puis subséquemment mis en lien avec les résultats d’autopsies après le décès des femmes (chaque religieuse participant à l’étude ayant bien sûr préalablement accepté de faire don de son cerveau). D’après les résultats de la recherche, il est possible de croire que les individus qui auraient présenté une pensée imaginative et complexe dans leur jeunesse (une pensée à « densité élevée d’idées » selon le terme des chercheurs) seraient moins enclins à succomber à la maladie d’Alzheimer une fois âgés (Snowdon : 2001). D’aucune façon ces résultats différentiels ne purent être attribués à une variation dans le nombre d’années d’éducation des sœurs et, qui plus est, les conclusions furent graduellement confirmées par les résultats des autopsies : 90% des religieuses dont les cerveaux autopsiés présentaient des dommages sévères semblaient avoir manifesté à vingt ans une « pensée à faible densité d’idées ». Cette célèbre « Étude des sœurs » donna un essor considérable à l’hypothèse maintenant connue comme «l’hypothèse de la réserve cérébrale », selon laquelle les dés de la démence sénile se joueraient dès le séjour in utero, hypothèse largement admise aujourd’hui dans les recherches sur la genèse de la maladie d’Alzheimer, et ce malgré une absence significative de validation scientifique substantielle.

Toutefois, et de façon encore plus intéressante, une large proportion des religieuses de « l’Étude des sœurs » qui s’étaient habilement débrouillées à la batterie de tests neuro-psychologiques présentèrent paradoxalement à l’autopsie des signes de plaques de dégénérescence, d’enchevêtrements et de dégradation cellulaire du cerveau : des signes physiologiques considérés comme les marqueurs pathologiques de la maladie depuis Alois Alzheimer. Un nombre significatif de travaux récents, entre autres une étude portant sur l’autopsie de cerveaux de centenaires, proposent des résultats tout aussi contre-intuitifs (Silver et al. : 2002). Inversement, il est aussi reconnu que certains individus dont les cerveaux présentent à l’autopsie peu ou pas de marques de dégénérescence anatomique ont néanmoins manifesté de leur vivant tous les signes comportementaux de la démence. »

Ce texte est tiré d'une conférence intitulée: Futur immédiat: situer les bio-marqueurs de la démence, qu'il importe de lire si l'on veut bien connaître la pensée de Margaret Lock sur la question en cause. 

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