Milon de Crotone

On sait peu de choses avec certitude au sujet de Milon et il n'est pas toujours possible de remontrer jusqu'aux sources de ce que l'on croit certain. Qu'il fut un grand athlète, on ne saurait en douter. Il faut six fois vainqueur à Olympie six fois, regard qui ne fut jamais égalé. Un même athlète se présente rarement plus de trois fois aux Jeux.
Son plus grand titre de gloire fut peut-être d'avoir eu pour femme Myia, fille de Theano de Crotone et de Pythagore. Plusieurs auteurs font allusion à Myia. Elle est l'une des dix-sept pythagoriciennes dont parlent Jamblique. Clément d'Alexandrie dit qu'elle était philosophe et poétesse. Lucien s'abstient de parler d'elle, parce qu'il estime que tout le monde la connaît. (Voir à ce sujet le Philosophenlexikon) L'homme le plus fort de la Grèce gendre du plus grand de ses sages. Faut-il en conclure que Milon avait une âme à la mesure de son corps?

On le présente plus souvent comme un homme qui se plaisait à exhiber la force de son corps plutôt que celle de son âme. On peut présumer toutefois que Myia était près de lui le jour où il risqua sa vie pour sa secte. Le toit d'un édifice s'était abattu sur un groupe de disciples de Pythagore. Il durent le salut au fait que Milon, véritable colonne humaine, retarda la chute des poutres assez longtemps pour permettre à la foule...et à lui même de quitter les lieux.

Pausanias raconte qu'en tenant dans sa main une grenade, il défiait quiconque de lui faire ouvrir les doigts ou d'écraser le fruit en les lui serrant. D'autres racontent qu'il a porté sur ses épaules un boeuf d'âge mûr sur une distance de 1,4 kilomètres. Le mangeait-il ensuite: on dit que son régime était de dix-sept livres de viande, dix-sept de pain et six litres de vin par jour.

Milon ne tombaitdans l'excès de modestie. Il était un dieu et le savait : il avait l'habitude d'entrer dans l'arène vêtu d'une peau de lion comme Héraclès, ce qui ne l'empêcha pas de mourir dévoré par un lion. Pour tout secours des dieux, Louis eut une mère qui le coiffa comme Samson.

Milon vécut longtemps. Nul ne sait si les pythagoriciens, végétariens, parvinrent à le faire changer de régime. On peut en douter compte tenu de longue durée de sa carrière. Il eut une mort tragique. Voulant éloigner l'une de l'autre les deux sections d'un arbre déchiré, il fit une mauvaise manœuvre, et l'arbre se referma sur ses mains comme un étau. Il fut ensuite la proie des loups, auxquels le sculpteur français Puget substitua un lion.

Pour un pythagoricien qui croyait sans doute à la métempsychose, que pouvait signifier une telle mort?

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