Charest Jean

24 / 06 / 1958
Né à Sherbrooke le 24 juin 1958, Jean Charest poursuit des études en droit à l'Université de Sherbrooke, qu’il achèvera en 1980. Membre de barreau du Québec en 1981, il œuvre au sein de la firme Beauchemin, Dussault de Sherbrooke jusqu’en 1984; il se porte alors candidat conservateur aux élections fédérales du 4 septembre. Élu député de Sherbrooke alors que sa formation politique, dirigée par Brian Mulroney, prend le pouvoir, il est nommé vice-président adjoint de la Chambre des communes. En juin 1986, à l'âge de 27 ans, il est nommé ministre d'État à la Jeunesse, devenant ainsi le plus jeune ministre de l'histoire canadienne. En 1988, il devient ministre d'État à la condition physique et au sport amateur, poste qu’il occupera jusqu’au 20 janvier 1990. Réélu dans sa circonscription lors des élections du 21 novembre 1988, il devient un an plus tard leader adjoint du gouvernement à la Chambre des communes. En 1990, il préside le Comité parlementaire spécial sur le projet de résolution d'accompagnement à l'Accord constitutionnel du lac Meech. Il siège également au Comité des priorités et de la planification du Cabinet ainsi qu'au Comité sur l'unité canadienne et les négociations constitutionnelles. Le 21 avril 1991, il est nommé ministre de l'Environnement.

En juin 1993, Jean Charest se porte candidat à la direction de son parti. Il termine second derrière Kim Campbell, qui remplacera Brian Mulroney à titre de premier ministre et désignera Jean Charest comme vice-premier ministre, ministre de l'Industrie et des Sciences et ministre responsable du bureau fédéral de développement économique régional du Québec. Lors des élections fédérales du 25 octobre 1994, remportées par le Parti libéral de Jean Chrétien, le Parti conservateur est presque rayé de la carte au Québec; seuls deux députés conservateurs sont élus au parlement, dont Jean Charest, qui devient chef du parti à la suite de la démission de Mme Campbell.

En 1995, Jean Charest est vice-président du Comité national pour le «NON» lors du référendum portant sur la souveraineté du Québec. Aux élections générales du 2 juin 1997, remportées à nouveau par les libéraux, il est réélu député de la circonscription de Sherbrooke à la Chambre des communes. Au cours des mois qui suivent, le camp fédéraliste étant inquiet de la possibilité d'élection d'un gouvernement souverainiste sous la direction de Lucien Bouchard, des jeux de coulisses s’exercent afin que Jean Charest quitte la scène fédérale pour devenir chef du Parti libéral du Québec. Il fera le saut en politique québécoise et sera désigné chef du Parti libéral du Québec le 30 avril 1998. Élu député de la circonscription de Sherbrooke aux élections générales du 30 novembre 1998, son parti sera cependant défait par le Parti québécois dirigé par Lucien Bouchard. Jean Charest devient chef de l'opposition officielle le 15 décembre 1998. Lors des élections générales du 14 avril 2003, il est réélu député de Sherbrooke aux élections générales et devient premier ministre du Québec. Il entre officiellement en fonction le 29 avril 2003.


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«L'événement marquant de l'année 1998 fut sans nul doute l'arrivée à la tête du Parti libéral du Québec du chef du Parti progressiste-conservateur du Canada, Jean Charest. Depuis le référendum de 1995 portant sur la souveraineté du Québec, les libéraux fédéraux et les magnats de la grande entreprise canadienne située au Québec doutaient de la capacité de Daniel Johnson, alors chef du PLQ, de gagner les prochaines élections générales au Québec. Il y avait eu un peu de grogne à l'intérieur du parti mais le chef avait réussi soit à éloigner les mécontents soit à les ramener à de meilleurs sentiments de sorte qu'il avait un contrôle assuré sur son parti lorsqu'il choisit de le quitter.

Dans la grande famille libérale cependant, Daniel Johnson ne faisait pas l'unanimité. Les libéraux fédéraux ne prisaient pas toujours ses positions relativement fermes sur la place du Québec dans la fédération canadienne. Un des ministres fédéraux les plus anciens, André Ouellet, suggéra au PLQ de changer de chef et de nommer Jean Charest. Plus tard, Daniel Johnson fut effectivement convaincu de démissionner pour passer le bâton à Jean Charest qui était alors la personnalité fédéraliste de loin la plus populaire. M. Charest a été accueilli dans l'enthousiasme et sans que les personnes qui auraient pu être intéressées à succéder à M. Johnson puissent se manifester. Comme l'arrivée d'un nouveau chef est souvent l'occasion de départs de lieutenants du chef sortant, on assista au retrait de la vie politique de Liza Frulla. Elle avait été membre du Conseil des ministres dans les gouvernements de MM. Bourassa et Johnson et son nom avait été souvent mentionné comme aspirante à la succession d'abord de M. Bourassa, puis de M. Johnson.

L'arrivée de Jean Charest parachève le recentrage du PLQ sur la droite économique et sur l'accommodement aux positions constitutionnelles développées par le Parti libéral du Canada. Sur le plan de la philosophie économique, le PLQ est passé d'une tendance social-démocrate fort modérée avec Robert Bourassa à un conservatisme encore marqué par la social-démocratie sous Daniel Johnson. Jean Charest reflète davantage le conservatisme traditionnel de la droite nord-américaine. Lors de sa dernière campagne électorale fédérale, avant de devenir chef du PLQ, il promettait de réduire de 10 % les impôts des particuliers dès un premier budget, ainsi que des compressions massives dans les dépenses de l'État s'il était élu premier ministre du Canada. La philosophie qui nourrit son discours depuis son arrivée à la tête du PLQ puise aux mêmes sources. S'agissant des arrangements constitutionnels, le nouveau chef du PLQ est moins autonomiste que ne l'était Daniel Johnson qui lui-même l'était moins que Robert Bourassa. De la "souveraineté culturelle" de Robert Bourassa à la "société distincte" du tandem Bourassa-Johnson, on passe, avec Jean Charest, à l'intégration à la société canadienne.»

Jean Crête, "La vie des partis", L'Année politique au Québec 1997-1998

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