Hugo

Raoul Ponchon
Pour le centenaire de la naissance de Victor Hugo.
O joie, ô victoire!
Vingt-six Février!
Date péremptoire
A jamais notoire.
Au calendrier!

Dans un saint délire
Allons tout de go,
Messieurs de la Lyre,
Derecbef élire
Notre père Hugo.

Allez pêle-mêle
Les vivants, les morts,
Et mâle et femelle.
Cette occase est belle
D'être tous d'accord.

Lamartine, ô cime!
Et toi, pur Gautier
Savant dans l'escrime
Et l’art de la rime,
Prince du métier.

Musset, Nerval, Beuve,
Vent dans les roseaux;
Brizeux que je treuve
Triste comme un fleuve
Qui coule sans eau.

Toi, Barbier, farouche;
Vacquerie, hélas!
Arvers, une souche,
Une fausse couche,
Dont on fit un «as».

Leconte de Lisle,
Dierx, Heredia,
Et Villiers de l'Isle-
Adam, et Banville
Qui banvillonna.

Et Verlaine encore,
Et Félicité
Desbordes-Valmore,
Cette âme sonore
Et sans parité;

Sombre Baudelaire,
Et toi, fleur de Mai,
Délicat Vicaire;
Glatigny lunaire,
Mallarmé fermé;

Tous ceux du Parnasse,
Sans en oublier,
Et, tel qui menace,
Ardent et tenace,
De tout fusiller;

Et le symboliste
Et le décadent,
L'esthète ou l'artiste
Celui qui résiste
À l'Art précédent;

Allez tous, mazettes,
Boire à la santé
Du roi des poètes,
Par lequel vous êtes,
Vous avez été...

I1 est votre père,
Votre maître, et vous
N'y pouvez rien faire,
Il est l'atmosphère
Où vous vivez tous.

Accorde ta lyre
À ton gré..les vers
Que tu vas écrire,
Tu verras sourire l
Le Maître au travers.

Et n’ayez aucune
Honte en vérité:
Ce n’est point des prunes
Que de n’avoir qu’une
De Ses qualités.

1902

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