La pensée économique et politique de Proudhon

H. Bourgin
Biographie de Pierre-Joseph Proudhon publiée dans La Grande Encyclopédie à la fin du XIXe siècle. Deuxième partie.
I) Éléments biographiques
II) La pensée économique et politique de Proudhon
III) Son influence


La figure de Proudhon n'est pas moins originale et moins intéressante que son oeuvre. Il est resté toute sa vie un paysan robuste et laborieux, fruste et incorruptible. Il a creusé son sillon presque sans arrêt, et sans détourner la tête; il a traversé la politique sans y rien laisser de sa conscience; avec ses créanciers — il en a eu toute sa vie — il s'est comporté avec une probité et avec une délicatesse qui lui ont valu leur amitié et leur respect. Il a eu de nombreux et d'excellents amis, et il les a conservés. Sa jeunesse fut austère; marié par devoir plutôt que par amour, il avait le culte de la famille, et il entretint dans la sienne des sentiments d'honneur, de noblesse et d'élévation morale. Jusqu'à sa mort il travailla sans relâche, et presque toujours avec goût, avec bonne humeur, avec espoir; il s'était fait du travail, qui fut pour lui une nécessité durable, comme une religion. Une vocation irrésistible l'entraîna, lui, petit paysan, et jeune ouvrier, au travail de l'esprit. Son intelligence, ouverte de très bonne heure, fut une des plus vives, des plus vastes, des plus excitables qu'on ait vues en ce siècle. Sans cesse, il voulut apprendre, pour comprendre davantage, et pour faire jaillir des idées l'évidence de la vérité ou de l'erreur. D'une sincérité intellectuelle absolue, une adhésion antérieure ne fut jamais pour lui une raison suffisante de maintenir un principe démontré faux. C'est pourquoi il fut, avec un entrain qui ne craignait pas le scandale, un admirable critique d'idées, et pourquoi il ne s'embarrassa pas de ce qu'on appelle contradictions. Il reconnaissait à son intelligence le droit de progresser sans arrêt, et d'étendre indéfiniment sa compréhension, au risque d'y juxtaposer des notions difficilement conciliables, et d'y laisser cœxister des conclusions successives. C'est ce qu'il ne faut pas perdre de vue quand on étudie ses idées positives, auxquelles on ne doit pas faire tort, comme on l'a fait généralement, au profit de ses négations.

Proudhon est un autodidacte; il s'est formé tout seul; ce qu'il a su, il le tenait de tous côtés, et de toute mains. Il est impossible de déterminer avec sûreté tous les enseignements qu'il a reçus et toutes les influences qu'il a subies; tout au plus peut-on noter les plus aisément saisissables. La chronologie de cette incessante instruction est également très incertaine. Au début, l'influence, surtout morale, de la Bible n'est pas niable, et presque aussitôt, vers 1832, apparaît la connaissance et la discussion de l'œuvre d'un grand compatriote, Fourier. À partir de 1838, Proudhon se jette en plein milieu des doctrines économistes et socialistes, et d'Adam Smith à Blanqui, de Rousseau à Cabot, il absorbe tout sans distinguer et sans compter. Vers 1842 se place l'étude particulière du saint-simonisme par la branche comtiste (Les époques de l'humanité et la création de l'ordre); entre 1841 et 1846, l'étude renouvelée et approfondie des économistes et l'acquisition indirecte, par l'intermédiaire de Charles Grün, de notions sur la philosophie allemande, en particulier sur Regel et Feuerbach. En 1853 commencent de grandes recherches d'histoire générale; en 1859, il aborde les théoriciens du droit public; peu après, il est en quête de renseignements sur l'histoire de Pologne et sur le régime de la propriété foncière en Pologne; son information ne cesse qu'avec sa vie, son intelligence s'accroît toujours en substance et en puissance. Si on ajoute enfin que son esprit, toujours ouvert sur la réalité, sait admirablement saisir les questions premières qui intéressent à un moment donné la société où il vit, et en faire l'occasion d'une analyse totale de cette société, on aura l'explication de son activité de penseur et d'écrivain.

Il faut passer sur les essais du début, qui sont sans portée réelle, y compris la Célébration du dimanche, dont les intentions égalitaires sont comme étouffées sous le commentaire biblique et la dissertation morale. Jusqu'en 1839, Proudhon ne sait s'il sera grammairien, métaphysicien ou théologien; son premier mémoire sur la propriété fixe sa vocation d'économiste, de philosophe et de critique, car, dès lors, il conçoit sa tâche comme une critique sociale, appuyée sur la science économique et destinée à dégager des phénomènes observés la philosophie qui doit justifier les solutions pratiques et les réformes ultérieures. Ce premier mémoire sur la propriété est une œuvre considérable et qui fait époque dans l'histoire du socialisme français; il marque la fin des déclamations humanitaires et ouvre la série des contestations positives et des discussions scientifiques. Complété par la Lettre à Blanqui et par l'Avertissement aux propriétaires, et abstraction faite des violences qu'il faut juger comme un appel au public et comme une sorte de réclame, il présente cette vigoureuse doctrine: la propriété est injustifiable, soit par l'occupation, qui ne saurait donner droit qu'à un usufruit, soit par le travail, qui suppose l'occupation; l'individu n'a sur les choses qu'un droit de possession, mais un droit imprescriptible dès qu'il est né, c.-à-d. que, d'une part, l'individu a droit au produit intégral de son travail, et que, d'autre part, toutes les taxations imposées par le monopole propriétaire à l'usage et à la possession des choses, fermage, intérêt, rente, sont sans droit; pour sauvegarder le droit individuel, la société peut et doit, non seulement réduire une partie de ces privilèges iniques, comme elle ne craint pas de le faire (diminution du taux de l'intérêt, conversion des rentes, expropriation pour cause d'utilité publique, etc.), mais les supprimer tous; elle doit réaliser l'égalité en même temps qu'elle réalisera la liberté par la substitution de l'anarchie an gouvernement oppressif.

Ainsi, la critique de la propriété implique un système positif d'économie et de politique que Proudhon se contente d'indiquer; il lui reste à donner à son système une base plus large que cette critique partielle. Il se pose le question de méthode et la résout dans la Création de l'ordre (1843); l'objet du critique social doit être la constitution de la science économique en tant que science, car l'humanité, après avoir demandé le principe d'explieation et d'organisation des choses successivement à lareligion, à la philosophie et à la métaphysique, s'adresse maintenant enfin à la science, qui seule répondra; cette constitution scientifique exige l'emploi d'une nouvelle logique, qui sera la dialectique sérielle; la série est le rapprochement et la disposition par la raison des éléments épars et confus de la réalité; l'ordre théorique est la condition et la préparation de l'ordre pratique que la société a pour tâche de créer. D'après cette logique, tout le système économique doit être une série qui représente exactement les phénomènes réels; le caractère particulier de ces phénomènes donne à cette série la forme d'un Système des contradictions économiques (1846). En effet, tous les phénomènes économiques se présentent avec, deux faces, et les propositions destinées àen exprimer la signification sont nécessairement deux propositions contradictoires, thèse et antithèse, qui supposent une synthèse à découvrir. Par exemple, la valeur, dont la notion est à la base de l'économie politique, se décompose en valeur d'usage et valeur d'échange; mais l'augmentation de la valeur d'usage produit immédiatement la diminution de la valeur d'échange; valeur d'usage et valeur d'échange sont en raison inverse: thèse et antithèse. La synthèse doit être cherchée dans la constitution d'une proportionnalité des valeurs, déterminée selonla loi qui les produit, et qui est le travail. De même, la division du travail, le machinisme, la concurrence, la propriété produisent des effets qui s'opposent et qui se nient: richesse et pauvreté, liberté et servitude, bonheur et malheur; les détails de faits et les discussions de théories auxquels s'attache Proudhon confirment éloquemment et douloureusement la loi antinomique. Quant à la solution du problème, ainsi posé dans tous ses termes, solution qui, conformément à la loi sérielle, doit être unique et totale, elle ne peut être qu'entrevue; ce sera une theorie d'échange et de mutualité, qui, conservant toutes les données de la réalité sociale, les combinera scientifiquement en une synthèse à la fois juste et perfectible.

La première évolution de la pensée de Proudhon est terminée. Sa critique, partie de la question spéciale de la propriété, puis étendue à l'ensemble des questions qui intéressent la vie dés sociétés, revient, pour les résoudre, à la question spéciale du crédit: l'organisation du crédit, telle est sa première et sa principale préoccupation en 1848. Ce qui constitue avant tout la vie économique de la société actuelle, c'est la circulation, l'échange, et la forme d'échange qu'a introduite et que recommande, de préférence à toute autre, le progrès social, c'est le crédit. Mais, pour produire toute son utilité sans risque d'une contre-partie d'effets nuisibles, le crédit doit être universel et gratuit; chacun a droit au crédit, formule plus juste et plus féconde que celle du droit au travail, et que l'œuvre de la révolution est d'appliquer intégralement. Mais cette application n'exige pas le recours au gouvernement qui se paierait en domination autoritaire et contre-révolutionnaire; elle exige seulementl'organisation: par les citoyens libres, d'une banque d'échange conforme aux principes de la mutualité. Seront membres de cette banque d'échange tous les producteurs et consommateurs décidés à échanger, sans désir de spéculation, leurs services; la banque opérera sans capital, mais au moyen d'un papier social qui remplace le numéraire, et qui représente les services échangés (produits ou obligations): les bons d'échange sont l'unique monnaie de la banque et de ses membres. La banque fait toutes opérations de banque, au sens le plus large: escompte du papier de commerce, ventes et achats sur consignations, crédit sur caution, sur hypothèque, etc.; pour toutes ces opérations elle ne prélève qu'une commission de 1 % pour les frais d'administration. La banque d'échange est indépendante de l'État, mais l'État peut en devenir sociétaire, auquel cas les effets de l'institution sur la fortune sociale seront presque incalculables, car, sans compter les bénéfices causés par la suppression de l'intérêt, et par suite, de la dette hypothécaire, la dette publique pourra être éteinte et l'impôt réduit, tandis que les improductifs, forcés de travailler après la destruction de leurs monopoles, ajouteront à la richesse publique leur part de production; la somme de ces divers profits peut être évaluée à plus de 7 milliards. Mais l'esprit critique de Proudhon ne pouvait pas se contenter longtemps de ces évaluations hypothétiques, que les vices d'un plan en partie imaginaire rendaient encore plus choquantes; son projet de Banque du peuple corrigea, en le remplaçant, le projet de banque d'échange. Le principe de la banque du peuple reste le principe du crédit démocratique et mutuel. Elle est destinée à opérer sans capital, mais l'adhésion de tous les consommateurs et de tous les producteurs étant nécessaire à cette fin, elle doit être provisoirement constituée au capital de 15 millions, représentés par des actions. Sa monnaie unique est un papier de crédit qui se compose de bons de circulation, payables à vue par tout adhérent en produits ou en services, et acceptables en tout paiement; ils sont le signe des échanges de tous les producteurs et consommateurs sociétaires, entre lesquels ils établissent le lien de mutualité; ils permettent l'échange direct, et sans intérêt, des matières premières et des produits. Pour faciliter et régulariser ces opérations, la banque du peuple comporte, comme un annexe très important, un syndicat général de la production et de la consommation, dont l'objet est de centraliser et de publier tous renseignements sur l'état du marché, d'enregistrer exactement les mouvements de l'offre et de la demande d'établir une statistique économique, rigoureuse et détaillée. Ainsi s'est élargi de nouveau, tout en devenant plus précis, plus voisin de la réalité, plus immédiatement utilisable, le projet d'organisation du crédit.

Ce projet ne suppose aucune participation théorique ou pratique de l'État; au contraire, il suppose une réforme politique qui, supprimant l'Etat, est la condition de son application aisée, durable et fructueuse. L'État, ou le gouvernement, qui en est la manifestation réelle et active, est un principe de conservation inintelligente ou de réaction brutale; espérer par lui, on seulement avec lui, accomplir les améliorations matérielles qui doivent achever la révolution, c'est une illusion, une erreur. On ne saurait faire la révolution par en haut, c.-à-d. par le gouvernement; elle doit être faite par en bas, c.-à-d. par l'individu. La démocratie autoritaire et centralisatrice est aveugle et incapable à jamais; la condition de toute réforme ultérieure est la suppression du gouvernement, l'anarchie. L'anarchie réalisera la liberté complète et le complet développement des individus; à la place de la démocratie, conception du passe elle mettra la démopédie, l'éducation du peuple; en pleine opposition à la démocratie mensongère, elle constituera d'elle-même la république, sans pouvoir central et sans constitution, représentation vraie du corps social et libre produit des volontés de tous.

En 1851, la théorie économique et la théorie politique de Proudhon sont achevées. Réfléchissant alors sur son œuvre, et la comparant avec la réalité pour laquelle il l'a faite, il s'efforce de dégager à la fois la loi de cette réalité et la loi de sa pensée. Or ces deux lois se réduisent à une seule, et c'est la loi du progrès. Négateur de l'absolu, Proudhon ne se reconnaît de foi qu'en la science, organisatrice rationnelle et explicative des relations des choses; il ne regarde pas vers le passé, mais vers l'avenir; sa pensée est dans un perpétuel mouvement, toujours en quête de vérités nouvelles dont le cercle, constamment élargi, embrasse les vérités anciennes, partielles et transitoires. Mais la société aussi est dans un éternel devenir: rien ne se détruit et tout se transforme. Une chaîne de causes, que l'objet de la science est de retrouver, relie tous les phénomènes sociaux, dont les oppositions et les contradictions se résolvent finalement dans une sorte de balancement et d'équilibre; c'est là la vraie synthèse, longtemps cherchée par Proudhon, et dont la découverte assure la constitution de sa méthode et de sa philosophie sociales. La science de la société est la recherche des séries reliées et changeantes de phénomènes sociaux, complexes et contradictoires; elle est, eu second lieu, la recherche de l'équilibre à établir ou à restaurer entre ces phénomènes; l'organisation du crédit et l'anarchie en sont les applications matérielles, l'institution de la justice en est l'application morale, conséquence et objet dernier des deux autres.

La doctrine de la justice, exposée dans le gros ouvrage De la justice dans la Révolution et dans l'Église (1858, est jugée par Proudhon comme la plus importante de l'enseignement social; en elle se résument, à elle se ramènent les autres leçons. L'établissement de la justice entre les hommes est la raison d'être de la société, et le but de la révolution; mais, dans cette tâche, la révolution a une irréconciliable ennemie, l'Église, dont le propos est de défendre et de faire triompher le principe d'autorité en détruisant la justice et la notion même de justice. Du côté de l'Église se groupent les puissances du passé et du mal, l'aveugle mysticisme, l'idéalisme faux et trompeur, l'égoïsme propriétaire, l'immorale sensualité; la révolulion ne peut guère compter que sur ses passions généreuses et sur la science, mais par la science elle vaincra. La justice, qu'elle a pour tâche de fonder et de garantir, est à la fois condition de la vie sociale et postulat de la conscience; en chaque individu, elle est le sentiment de la dignité individuelle perçue en autrui comme en lui-même; dans la société, elle est la règle des rapports des hommes entre eux et avec les choses, la règle du travail et de la propriété, du mariage et de l'éducation. Tous ces rapports ont été faussés et altérés par l'Église; l'œuvre de la révolution sera de les redresser et de les purifier: sa morale une fois affirmée et sanctionnée, elle pourra se dire accomplie enfin.

Il ne reste plus maintenant qu'à tirer de la doctrine les conséquences qu'elle comporte: une série de questions, successivement posées, mettront Proudhon dans l'obligation de les dégager de sa pensée développée ou éclaircie. D'abord (1859-61) se pose à lui la question du droit international et de la guerre: il répond à cette question, qui semble violemment heurter sa théorie de la justice, par un corollaire ajouté à cette même théorie. Les relations internationales ont la guerre comme condition et comme effet, mais la guerre n'est que la manifestation du droit de la force, droit respectable en tant que postulat de la conscience humaine et en tant qu'expression de l'âme collective, vigoureuse et ardente à s'affirmer, des nations. Mais ce droit, comme tous les droits, est soumis à la loi du progrès, et le progrès porte les sociétés à la substitution graduelle du droit pacifique du travail au droit guerrier de la force. En attendant que cette substitution soit achevée, un système de garanties consenties par les nations peut réglementer la guerre, et la mettre hors d'état de détruire ou de troubler l'équilibre des forces sociales déjà organisées, et qui toutes réclament et appellent la paix.

Ensuite (à partir de 1860) reparaissent les questions économiques, et enfin (à partir de 1862) les questions politiques; aux unes et aux autres Proudhon avait apporté des solutions qu'il croyait complètes et suffisantes, mais la réformation de sa méthode et de sa philosophie, dès 1851, en rendait la revision nécessaire. Il ne les supprime pas, pas plus qu'il ne supprime la critique qui l'y a conduit; mais, pratiquement et provisoirement, dépassant le point fixe où sa pensée s'était attachée de 1848 à 1850, et appliquant à la réalité sa théorie du progrès et de l'équilibre, il se contente de présenter, dans chaque série de questions, un système de solutions possibles, et qui prenne exactement sa place dans le système général des phénomènes réels. Par exemple, il reprend la question de la propriété, et, sans rien retrancher de ses précédentes critiques, il cherche la réforme de l'institution dans sa généralisation et dans un système de garanties (réduction del'intérét, de l'impôt, association, etc.), par où s'établissent l'équilibre et la justice entre les hommes. De même pour l'impôt: tous les impôts sont injustifiables en théorie, et chacun, pris à part, est mauvais dans la pratique; mais un savant système de proportionnalité et d'équilibre peut faire de ces impôts défectueux un ensemble provisoirement acceptable, surtout si une série de réformes générales, inspirées par la justice, forme autour de ce système comme un système plus vaste dans lequel il est exactement adapté. Ainsi Proudhon peut dire que de révolutionnaire il est devenu conservateur: en réalité, il a placé hors du temps la révolution qu'il avait cru pouvoir accomplir d'un coup; il ne veut plus voir d'elle que le mouvement, dont chaque mouvement partiel l'effectue partiellement, mais d'un sensible et sûr progrès.

En politique, l'anarchie reste l'idéal; mais ni la France ni les autres nations ne sont en état de l'accepter ni d'y prétendre. La forme politique, actuellement possible, la plus capable d'établir t'équilibre et la justice entre les citoyens d'un pays est la fédération. Elle sauvegarde la liberté et les droits des individus, et elle assure le meilleur emploi des forces sociales. La fédération repose sur l'idée de contrat synallagmatique, librement consenti, et toujours résiliable, entre l'individu et le groupe auquel il adhère; les différents groupes traitent entre eux dans les mêmes conditions d'indépendance et de révocabilité; ils conservent leur autonomie. Cette organisation politique suppose une organisation économique qui la soutient; sans parler de toutes les réformes purement économiques dont l'objet est de créer ou de maintenir des rapports de justice entre les hommes, une institution sociale est dès à présent réalisable en face de la fédération politique: la fédération économique, fondée sur le principe de mutualité, dont l'application peut immédiatement s'étendre au travail, à l'échange, au crédit. On retrouve là, singulièrement élargies, d'anciennes idées de Proudhon; il semble que ce système, dans l'état dernier où il l'a laissé, fournisse la représentation totale de sa pensée, saisie à la fois dans ses aspirations permanentes et dans son mouvement: c'est la seule forme d'unité qu'on puisse lui reconnaître sans la fausser et sans le diminuer.

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