Léonard de Vinci: les manuscrits

Gabriel Séailles
Troisième partie de l'article de Gabriel Séailles sur «Léonard de Vinci». L'auteur retrace l'historique de la diffusion et de la publication des manuscrits attribués à Léonard de Vinci.
Première partie: l'artiste, seconde partie: le savant.
Nous ne suivrons pas les manuscrits du Vinci dans leurs vicissitudes. Nous nous contenterons de signaler brièvement les bibliothèques où se trouvent aujourd'hui les principaux d'entre eux et d'indiquer ce qui en a été publié jusqu'à ce jour. Le manuscrit le plus riche est le Codex Atlanticus, conservé à la bibliothèque Ambrosienne de Milan : il contient 393 pages (hauteur, 65 centim.; largeur, 44 coudai.) et collés sur ces pages environ 4.600 feuillets, dont quelques-uns écrits des deux côtés. La bibliothèque de l'Institut de France possède douze manuscrits, apportés en France en 1796, après les vic-toires de Bonaparte, et qui n'ont pas été, comme le Codex Atlanticus, retrouvés et repris en 1815. Venturi les a désignés par les lettres A à M, et on les cite en se réfé-rant à la lettre qui désigne chacun d'eux. Le comte Giacomo Manzoni possède un petit cahier de-seize feuillets sur le vol des oiseaux (volé par Libri au manuscrit B). Dans la bibliothèque du comte de Leicester, un volume re-lié en peau, de 72 pages, traite de l'hydraulique. Le South Kensington Museum possède 3 vol.; le British Museum, un manuscrit de 566 pages; enfin la bibliothèque royale de Windsor, des feuillets de manuscrits, d'admirables dessins et les belles planches anatomiques qui avaient surtout frappé Vasari quand il fut admis à voir les manuscrits du Vinci.
Déjà au XVIe siècle, Melzi avait fait des extraits des manuscrits de Léonard et préparé une édition du Traité de la peinture. C'est en 1651 que les extraits qui forment le Traité de la peinture furent publiés pour la rentière fois sous ce titre: Trattato della pittura di L. da V. nuovamente data in luce con la vita dell' autore da Raphaël du Fresne (Parigi, 1659, in-fol.). Ce traité, compilation de divers fragments des manuscrits, fut aus-sitôt traduit en français par Friart de Chambray. L'édition a été faite d'après deux copies manuscrites, l'une. qui est aujourd'hui à la bibliothèque Ambrosienne, l'autre à la bibliothèque Barberini. Il existe à la bibliothèque du Va-tican une copie dont l'écriture paraît du XVIe siècle (Codex Vaticanus). On l'attribue à Melzi. Cette copie, qui est la plus complète, a servi à l'édition du Traité de la pein-ture que l’abbé Manzi, en 1847, dédia au roi Louis XVlIl, et à la savante édition de Heinrich Ludwig; Das Buch van der Malerei nach dent Codex Vaticanus heraus-gegeben (Vienne, 1882, 3 B., in-8).
En 1797, Venturi publiait des extraits inédits des ma-nuscrits qu'il avait lui-mémo déchiffrés et traduits sous ce titre Essai sur les ouvrages physico-mathématiques de L. de V., lu à la première classe de l'Institut national des Sciences et des arts par J.-B. Venturi, etc.Paris, an V (1797). Venturi annonçait «qu'il présen-terait bientôt, dans trois traités complets, tout ce que le Vinci avait fait sur la mécanique, l'hydraulique et l'op-tique.» Ce projet ne fut jamais réalisé. En 1826 parut le Trattato del moto e misure dell' acque, publié par Francesco Cardinali, dans le 10e vol. de la Collection des auteurs italiens qui traite du mouvement des eaux. C'est la reproduction d'un manuscrit petit in-fol., qui date du XVIIe siècle et qui est conservé à la bibliothèque Bar-berini de Rome. Il faut arriver jusqu'à nos jours pour que l'on se mette enfin au déchiffrement et à la publication des manuscrits tels que Léonard nous les a laissés. En 1872, sous le patronage du gouvernement italien, a paru un volume imprimé avec luxe et tiré à 300 exem-plaires : Saggio dell'opere di L. d. V. Ce volume contient en reproductions photolithographiques un choix de 37 des pages les plus remarquables du Codex Atlan-ticus. En 1883, Jean-Paul Richter a publié en 2 gros vol. plus de 1.500 extraits choisis dans tous les manuscrits et classés par ordre de matières, sous ce titre assez inat-tendu : The literary Works of L. de Vinci compiled and edited from the original manuscripts by J.-P. Richter Ph Dr in two volumes, London, 1883. Enfin Charles Ravaisson-Mollien, après dix années de travail, a publié intégralement les 42 manuscrits de la biblio-thèque de l'Institut et les 2 vol. de la bibliothèque Ashburnam volés jadis par Libri et restitués depuis à la France: les Manuscrits de L. de V. publiés en fac-similés phototypiques avec transcriptions littérales, traductions françaises, avant-propos et tables mé-thodiques (6 vol. in-fol.).
L'impulsion était donnée. Luta Beltrami a publié avec 94 fac-similés et leurs transcriptions littérales un manus-crit appartenant au prince Trivulzio : Il codice di L. da V. nella bibliotheca dol Principe Trivulzio in Milano, trascritto ed annotato da Luca Beltrami Ripr. in 94 tavole heliographische da Angelo della Croce Milan, MDCCCXCI. Enfin la publication du Codex Atlanticus se poursuit sous les auspices de l'Académie dei Lincei
Il codice Atlantico di L. de V. nella Bibliotheca Am-brosiana di Milano riprodotto e publicato della R. Academia dei Lincei sotto gli auspici e col sussidio dei ne e dei Governo Roma.

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