La société et la justice
La société est un fait de nature; l'homme est naturellement un être sociable, et celui qui reste sauvage, isolé, est certainement un être dégradé ou un être supérieur à l'espèce humaine. C'est bien à lui qu'on pourrait adresser ce reproche d'Homère :
« ...Sans famille, sans loi, sans foyer. »
L'homme qui serait par nature tel que celui du poète ne respirerait que la guerre : car il serait incapable de toute relation sociale, comme les oiseaux de proie.
Si l'homme, parvenu à sa perfection, est le premier des animaux, il est le dernier d'entre eux quand il vit sans lois et sans justice. Il n'est rien de plus monstrueux en effet que l'injustice armée. Mais l'homme a reçu de la nature les armes de la sagesse et de la vertu. Sans la vertu, c'est l'être le plus féroce, qui ne connaît que l'emportement brutal de l'amour ou de la faim. La justice est une nécessité sociale : car le droit est la règle de la société, et c'est la justice qui constitue le droit.