Hillbilly Elegy, ou la complainte de la classe ouvrière blanche américaine

Stéphane Stapinsky

Ni rire, ni pleurer mais comprendre.
Spinoza


Les médias ne nous l’ont que trop rappelé. On sait désormais l’attrait qu’exerce la candidature sulfureuse de Donald Trump sur une certaine partie de l’électorat blanc américain. Celle qui, par analogie avec la situation française, vit dans ces « territoires perdus de la république », ces régions entières, autrefois industrielles, qui sont aujourd’hui déstructurées économiquement en raison des délocalisations à l’étranger (parmi bien d’autres causes). Celle qu’on identifie aux perdants du rêve américain et de la mondialisation, qui paraît se retrouver dans le discours (que les bien-pensants qualifieront de populiste) du candidat républicain, exaltant la puissance américaine à retrouver, et mettant de l’avant des éléments protectionnistes tout en flirtant ouvertement avec la xénophobie.

Une approche quelque peu simpliste réduit ces sympathisants à n’être que des racistes aux idées rétrogrades. Jugement limité, mais aussi condescendant et qui ne nous mène pas très loin. Un ouvrage publié il y a quelques semaines, et qui fait un certain bruit aux États-Unis, nous fournit cependant un autre point de départ pour comprendre ces milieux où recrute abondamment le candidat Trump. Hillbilly Elegy est depuis sa parution un « blockbuster ». Il a en effet reçu, au cours de l’été, une couverture généreuse de la part des grands médias américains. Les Wall Street Journal (1 et 2), Time Magazine, New York Times, parmi bien d’autres, y ont fait écho de manière très favorable. Son auteur a accordé à divers médias maintes entrevues (1, 2, 3)


Le titre de l'ouvrage pourrait laisser croire qu’il a un quelconque rapport avec la poésie, mais il n’en est rien, ce que confirme la lecture du complément de titre : « A Memoir of a Family and Culture in Crisis ». Il s’agit en fait d’un témoignage personnel, plus exactement de l’autobiographie d’un jeune homme de 31 ans, J. D. Vance, un « hillbilly » dont la famille est originaire du Kentucky mais qui a vécu son enfance et sa jeunesse dans la ville sidérurgique de Middletown (Ohio). L’auteur emploie le terme « hillbilly » en référence à cette classe ouvrière blanche en crise vivant dans la région des Appalaches et dans les anciennes villes industrielles de la fameuse « Rust Belt ». Une expression particulièrement méprisante leur est aussi accolée, soit celle de « white trash » (déchet de la race blanche). L’auteur voit et analyse les choses de l’intérieur. Son approche est originale, car le plus souvent, concernant cette question du déclassement social, nous n’avons droit qu’aux points de vue extérieurs des spécialistes des sciences sociales ou des journalistes qui parcourent un coin de pays à la va-vite.

J. D. Vance est diplômé de la prestigieuse école de droit de Yale. Durant ses études là-bas, il était l’un des très rares à être issu de la classe ouvrière. Si son point de vue n’est pas à proprement parler celui d’un intellectuel, il révèle néanmoins une perspicacité, une finesse d’analyse qui font les excellents livres. L’auteur n’est pas du tout complaisant face à son milieu d’origine. On le verra plus loin, il sait en faire ressortir les défauts et les tares. Mais son regard n’est pas dépourvu de tendresse pour les figures qu’il évoque, si peu sympathiques soient-elles parfois. « Nous devons passer moins de temps à juger et davantage à comprendre » (1), soutient-il, et nous lui donnons raison.

 

J. D. Vance 

J. D. Vance est né au début des années 1980, soit au commencement de l’ère Reagan. Le milieu familial et communautaire qu’il décrit est à la fois dysfonctionnel et d’une richesse étonnante. Dysfonctionnel, car il témoigne d’une désintégration sociale et économique, dont les explications sont complexes, et qui s’est échelonnée sur plusieurs décennies. Cette désintégration a de multiples conséquences concrètes sur la vie des habitants de ces régions : chômage, extension de la pauvreté et de la misère, dévalorisation de l’effort et disparition d’une éthique du travail, toxicomanie (alcool, drogues), délinquance et vandalisme, décrochage scolaire, destruction de la famille (divorce, familles recomposées, instabilité sexuelle). Une désintégration qui a pour effet que fleurissent des émotions vénéneuses, tels le ressentiment, une certaine tendance à la déresponsabilisation, etc. Le plus grave est peut-être la perte généralisé de l’espoir, celui d’améliorer sa vie, de pouvoir un jour la changer. On ne se surprendra pas de ce qu’un « riche homme d'affaires new yorkais comme Donald Trump s’adresse à ces communautés sans langue de bois et tente de se connecter émotionnellement à eux, notamment à leur sentiment que les plus beaux jours de l'Amérique sont chose du passé. » (2)

Ce milieu, tel que nous le présente J. D. Vance, se révèle par ailleurs d’une richesse insoupçonnée. Les familles en ce coin du pays ont leurs problèmes, mais celle de l’auteur (et sans doute plusieurs autres), qui est nombreuse, avec les grands-parents, les oncles et les tantes, les cousins et les cousines, etc., constitue, il faut bien le reconnaître, un capital social précieux pour lui (même si tout est loin d’être parfait). L’enfant, puis le jeune homme, a la chance d’avoir quelque appui, psychologique ou matériel, lorsqu’un problème se présente. Dans ces familles de descendance irlandaise ou écossaise (et non WASP), existe un code de l’honneur bien particulier, semblable à celui des Méditerranéens. Pour le meilleur (la loyauté) et pour le pire (la propension à la violence, souvent exagérée). Si le niveau culturel et le niveau d’éducation au sein de la famille de J. D. laisse, sauf exception, à désirer, cela n’implique nullement que l’intelligence, la sagacité fassent défaut au sein de cette grande famille. Cela n’implique pas non plus qu’on n’y valorise pas l’instruction. Bien au contraire. Et si la volonté d’améliorer sa situation est souvent battue en brèche au sein de ces communautés déprimées des Appalaches, dans la famille de J. D. Vance, il ne manque pas de figures qui peuvent servir de modèle et d’inspiration au jeune pour avancer.

Ses grands-parents (qu’il appelle « Mamaw » et « Papaw ») sont un refuge, un havre de paix, une stabilité, au milieu d’une existence familiale de plus en plus déstructurée. La mère de J. D. est en effet sous la dépendance des drogues et a une vie amoureuse placée sous le signe de l’éphémère. Les hommes entrent et sortent de sa vie en permanence. Notre jeune ne fera qu’assez tard la rencontre de son père biologique, ce qui lui sera bénéfique.

La personne dont l’influence sera pour lui la plus déterminante est sans doute Mamaw, sa grand-mère, un personnage haut en couleurs, qui jurait comme un charretier et pouvait être violente avec ses proches ou avec les importuns (elle maniait avec dextérité les armes à feu), mais qui en même temps tenait le gouvernail de cette famille. C’est Mamaw qui l’aidera à surmonter les lacunes de sa mère et qui l’encouragera le plus à persévérer dans ses études afin d’améliorer son sort. Elle verra toujours grand pour lui.

Autre preuve de l’influence favorable de sa famille. Alors qu’il envisage d’aller à l’université, il avoue ne pas se sentir à la hauteur. Il sent que sa vie manque de bases solides. C’est alors qu’une de ses cousines, qui a intégré les Marines (corps d’infanterie de la marine militaire) lui conseille de faire de même. Il y passera trois années, qui seront décisives pour lui. C’est là, avoue-t-il, dans ce milieu ou régnait la discipline la plus sévère, qu’il a découvert en lui la capacité de faire des choix, de changer et de structurer sa propre vie. 

 

Image stéréotypée des hillbillies. Source : Wikimedia Commons

L’auteur se rattache de son propre aveu à la droite, mais son autobiographie présente un intérêt qui va bien au-delà des clivages politiques. Lorsqu’il évoque la pauvreté et les problèmes des gens des communautés comme la sienne, il entend, et on ne s’en surprendra pas, rejeter toute référence à une quelconque « culture de l’excuse ».  «Notre pays ne croit plus en la responsabilité des individus, et en tant que personne qui a autrefois été pauvre, je trouve cela extrêmement insultant. À écouter ce que Trump et Clinton disent des pauvres, on pourrait en conclure que ces derniers seront à jamais incapables d’avoir le moindre pouvoir sur leur propre vie », mentionne-t-il dans une entrevue parue sur le site American Conservative (3).

C’est pour cette raison qu’il n’hésite pas à épingler les gens de sa communauté d’origine, lorsqu’à son avis ils le méritent. «Ils ne font confiance à personne, et sont prêts à croire les théories les plus invraisemblables de conspiration surtout si ces théories les absolvent de toute responsabilité. » (4) La plupart d’entre eux, rappelle-t-il, se complaisent dans des attitudes destructrices, comme celles qu’il attribue à sa mère : « consommatrice compulsive, isolée, colérique, méfiante ».

Une telle lecture de sa part explique sans doute la réception très favorable qu’a eue l’ouvrage dans les publications et les sites de la droite américaine. Ces propos tendraient à confirmer les idées de bien des « droitistes » sur l’origine « culturelle » de la pauvreté. Par « culturelle », on veut bien sûr évoquer les valeurs, les choix de vie des pauvres (par opposition aux causes externes de la pauvreté, comme le contexte économique, etc.).

Mais l’auteur est un esprit libre et il a le grand mérite d’avoir une vision qui n’est pas exclusive. En effet, il ne se rend entièrement ni aux arguments de la droite, ni à ceux de la gauche. Si les pauvres possèdent en eux-mêmes une partie de la solution à leurs problèmes, ils ne la possèdent pas entièrement. Dans certains cas, les solutions ne sont pas seulement individuelles, mais elles requièrent l’intervention de l’État.

Pour Vance, la droite est dans l’erreur lorsqu’elle utilise l’argument de l’origine « culturelle » de la pauvreté comme point final de la discussion (et non comme point de départ). «Trop de gens à droite, considérant cette situation des pauvres, se disent : ‘’eh bien, c'est un problème d’ordre culturel, et nous ne pouvons rien y faire", et ils laissent tomber. Agir de la sorte n’est ni plus ni moins qu'une « excuse permettant de justifier leur vision du monde ( ...) ». Car les choses pour lui sont bien plus complexes qu’ils le prétendent : « ... parler de la ‘’culture’’ des pauvres et passer outre ensuite est la pire des dérobades, et le fait est qu’on trouve des solutions en terme de politique publique à partir d’expériences comme celles-ci: comment mon école pourrait-elle mieux me préparer à la vie domestique? Les services de protection de l'enfance n’auraient-ils pas pu faire en sorte que je passe davantage de temps avec des membres de ma famille autres que ma mère (i. e. ma grand-mère (Mamaw) et ma tante), plutôt que de menacer de me placer dans une famille d’accueil si je disais la vérité sur ma situation familiale ? Ce sont des problèmes difficiles, très difficiles, mais ils peuvent trouver en partie une solution institutionnelle. Bien sûr, le gouvernement n’est pas à même de les régler entièrement. Tout cela est terriblement compliqué. » (6)

Vance n’est pas moins critique d’un certain discours de gauche, qui valorise la « culture de l’excuse » que nous évoquions plus haut et qui tend à déposséder les pauvres de leur capacité d’action :

«Je suis d’avis que la gauche, dans la compréhension de ces questions, erre considérablement. Les progressistes interprètent la hausse des taux de divorce comme la conséquence naturelle du stress économique. Sans aucun doute, c'est partiellement vrai. Mais certains de ces problèmes familiaux ont des causes beaucoup plus profondes. Les gens de gauche sont d’avis que les problèmes scolaires s’expliquent par un manque d’investissement financier (en dépit du fait que les dépenses scolaires, par élève, sont assez importantes dans bien des districts). Ils refusent également de voir cette réalité qu’un professeur de ma ville natale m’a un jour présentée : « Les progressistes veulent que nous soyons les bergers de ces enfants, mais ils ne veulent pas voir que bon nombre d'entre eux sont élevés par des loups. » Je le redis : tout n’est pas faux dans ce que soutient la gauche : il est vrai que certaines écoles sont insuffisamment financées. Mais il y a bien, dans les milieux progressistes, cet étrange refus de considérer les pauvres comme pouvant être des agents moraux au plein sens du terme. Dans certains cas, la meilleure intervention que peuvent apporter les autorités, c’est d'aider les pauvres à faire de meilleurs choix, ou de faire en sorte qu’ils soient exposés à des influences plus favorables, notamment par une politique familiale plus éclairée (comme ce fut le cas avec ma Mamaw) » (7).

Paradoxalement, cette critique de Vance du discours de la gauche sur la pauvreté lui attire bien des sympathies de la part de certains membres du camp progressiste. Le journaliste Rod Dreher, du site «American conservative», qui a réalisé une passionnante entrevue avec lui, dit avoir reçu « de nombreux courriels de gens de gauche qui, ou bien ont été pauvres à un moment de leur vie, ou bien travaillent avec des personnes pauvres, et qui sont d’accord avec JDV lorsqu’il dit que les pauvres doivent comprendre que, quels que soient les problèmes structurels auxquels ils sont confrontés, ils conservent leur capacité d’agir en tant que sujet moral autonome. » (8) (Une de ses correspondantes écrit par exemple : « Je suis fatiguée d’entendre, à gauche, certains dire que les vies brisées sont toujours le résultat de la victimisation. Oui, c’est vrai, les pauvres ont peut-être été, par certains côtés, victimes du « système », mais les mauvais choix qu’ils ont faits ont aussi joué un rôle dans leur malheur. » (9)) Me reviennent ici en mémoire les mots de Cioran sur le désespoir des hommes de gauche : « Acculés à leur programme «généreux», il ne leur sera pas permis d'afficher le moindre mépris pour le "peuple", ni même pour la nature humaine; (…) Combien de fois, dans leur for intérieur, ne doivent-ils pas envier le sans-gêne doctrinal de leurs ennemis! Le désespoir de l'homme de gauche est de combattre au nom de principes qui lui interdisent le cynisme. »

Pour Rod Dreher, que je suis fidèlement en cette conclusion, « le gouvernement a assurément un rôle important à jouer afin de régler les problèmes des pauvres. Mais aucun programme gouvernemental ne pourra jamais compenser la perte de structures familiales stables, celle de communautés vivantes, celle du sentiment de pouvoir diriger sa propre vie, et celle du sens de la vie dans l’existence des pauvres. » (10)

Pour finir, un dernier point concernant le parcours de J. D. Vance. Il ne faut pas perdre de vue que celui-ci est, sinon exceptionnel, du moins assez rare, et qu’il a pu bénéficier de circonstances particulièrement favorables en dépit du chaos régnant dans sa communauté d’origine : un réseau familial d’une certaine solidité, quelques personnes fortes autour de lui, qui ont pu être des mentors ou des conseillers, une préoccupation pour l’éducation présente, en dépit de tous les problèmes rencontrés dans sa famille. Un des écueils auxquels font face bien des membres de la classe ouvrière et les pauvres, est leur isolement. Si cet isolement avait existé dans le cas de notre jeune auteur, le dénouement aurait pu être bien différent.

Une autobiographie à lire donc, dès maintenant, dans sa version anglaise, car il est peu probable qu’elle soit traduite en français, pour comprendre les enjeux sous-jacents à la prochaine élection américaine. Ce bref compte rendu, j'en suis bien conscient, ne saurait rendre justice à la capacité fine d'observation, à la perspicacité de l'auteur de ce petit livre. 

 

J. D. Vance, Hillbilly Elegy. A Memoir of a Family and Culture in Crisis, Harper, 2016, 272 p.


Notes

(1) Traduction libre de : « We need to judge less and understand more » -- http://www.theamericanconservative.com/dreher/trump-us-politics-poor-whites/
(2) Traduction libre de : « wealthy New York businessman Donald Trump appeals to these communities with his unscripted style and emotionally connects to their feeling that America's best days are behind ». -- http://www.newsandsentinel.com/page/content.detail/id/1282016/-hillbilly-elegy--author-offers-insight-on-trump-s-appeal.html?isap=1&nav=5072
(3) Traduction libre de : « We’re no longer a country that believes in human agency, and as a formerly poor person, I find it incredibly insulting. To hear Trump or Clinton talk about the poor, one would draw the conclusion that they have no power to affect their own lives”, mentionne-t-il dans une entrevue parue sur le site American Conservative. -- http://www.theamericanconservative.com/dreher/trump-us-politics-poor-whites/
(4) Traduction libre de : « They don’t trust anybody, and are willing to believe outlandish conspiracy theories, particularly if those theories absolve them from responsibility. » -- http://www.theamericanconservative.com/dreher/in-hillbilly-america-white-lives-matter/
(5) Traduction libre de : « consumerist, isolated, angry, distrustful».
(6) Traduction libre de : « Too many conservatives look at that situation, say “well that’s a cultural problem, nothing we can do,” and then move on.”; « excuse to rationalize their worldview (...) »; « ... to speak “culture” and then move on is a total copout, and there are public policy solutions to draw from experiences like this: how could my school have better prepared me for domestic life? how could child welfare services have given me more opportunities to spend time with my Mamaw and my aunt, rather than threatening me–as they did–with the promise of foster care if I kept talking? These are tough, tough problems, but they’re not totally immune to policy interventions. Neither are they entirely addressable by government. It’s just complicated. » -- http://www.theamericanconservative.com/dreher/trump-us-politics-poor-whites/
(7) Traduction libre de : « I see a significant failure on the Left to understand how these problems develop. They see rising divorce rates as the natural consequence of economic stress. Undoubtedly, that’s partially true. Some of these family problems run far deeper. They see school problems as the consequence of too little money (despite the fact that the per pupil spend in many districts is quite high), and ignore that, as a teacher from my hometown once told me, “They want us to be shepherds to these kids, but they ignore that many of them are raised by wolves.” Again, they’re not all wrong: certainly some schools are unfairly funded. But there’s this weird refusal to deal with the poor as moral agents in their own right. In some cases, the best that public policy can do is help people make better choices, or expose them to better influences through better family policy (like my Mamaw).” -- http://www.theamericanconservative.com/dreher/trump-us-politics-poor-whites/
(8) Traduction libre de : « plenty of e-mails from liberals who either come from poverty or who work with poor people for a living, who praise JDV’s points about the poor needing to understand that whatever structural problems they face, they retain moral agency ». -- http://www.theamericanconservative.com/dreher/why-liberals-love-hillbilly-elegy/
(9) Traduction libre de : « I get tired of those who pretend that people’s bad lives are always a result of victimization. Yes. maybe they were victimized by “the system,” but their own bad choices played a role, too. ») -- ibid.
 (10) Traduction libre de : « government really does have a meaningful role to play in ameliorating the problems of the poor. But there will never be a government program capable of compensating for the loss of stable family structures, the loss of community, the loss of a sense of moral agency, and the loss of a sense of meaning in the lives of the poor ». -- ibid.
 




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