Enfance : quelques ouvrages classiques et récents
L'enfance. Sujet inépuisable pour les créateurs, les écrivains, les intellectuels et les savants. Il n'est pas question ici de viser à une quelconque exhaustivité, même sur un point très précis. Ni même d'avoir l'ambition de présenter les "incontournables", ces titres que devrait avoir lus l'honnête homme pour prétendre à la culture. Je propose plutôt à votre attention quelques livres choisis, certains pour leur importance dans l'approfondissement d'un aspect ou de plusieurs aspects du thème de l'enfance (Philippe Ariès, Renée Joyal), d'autres parce qu'il s'agit
de publications récentes dignes d'intérêt.
1. Des études de référence
Un pionnier et un novateur: Philippe Ariès (1914-1984)
L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime. Plon, 1960. Réédition avec nouvelle préface en 1973, Éditions du Seuil, collection l'Univers historique
Cet extrait, tiré de l’Encyclopédie Universalis, situe ce maître ouvrage dans le parcours intellectuel de l’historien.
“Avec cet ouvrage paru en 1960, Philippe Ariès (1914-1984) poursuit de façon novatrice un programme de recherches qui, initié dès 1948 avec son Histoire des populations, s'achèvera sur les monumentaux travaux consacrés à la mort (Essais sur l'histoire de la mort en Occident du Moyen Âge à nos jours, en 1975 ; L'homme devant la mort, en 1977 ; Images de l'homme devant la mort, en 1983) et à la sphère domestique (Histoire de la vie privée, entre 1985 et 1987, en codirection avec G. Duby). En élargissant l'horizon de l'historien aux mœurs, à la culture et aux représentations, Philippe Ariès entend rompre avec les conceptions positiviste et événementielle de l'histoire. Son travail sur les représentations de l'enfance, du Moyen Âge à l'époque moderne, le conduit à remettre en cause la permanence de la catégorie « enfance », à la fois comme sentiment et comme moment objectivement différencié de l'âge adulte. Selon lui, le Moyen Âge ignorerait la spécificité de l'enfant, socialement considéré comme un petit adulte. C'est seulement à l'époque moderne qu'apparaissent progressivement la spécificité de cet âge et l'intérêt particulier qu'il suscite.”
https://www.universalis.fr/encyclopedie/l-enfant-et-la-vie-familiale-sous-l-ancien-regime/
En 2004, l’historien de renom François Lebrun revenait sur la thèse de l’oeuvre dans le magazine français L’Histoire
“Fruit d'une lente élaboration, L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime est un livre doublement novateur : par l'extrême variété des matériaux que son auteur a mis en oeuvre pour l'élaborer, et surtout par son sujet même. Faire de l'enfant et de la famille un sujet d'histoire est alors une totale nouveauté, même si cela ne faisait que répondre à une invitation de Lucien Febvre, formulée en 1941, mais restée sans écho : « Nous n'avons pas d'histoire de l'amour, qu'on y pense. Nous n'avons pas d'histoire de la mort. [...] J'indique une direction de recherche. »”
https://www.lhistoire.fr/classique/«-lenfant-et-la-vie-familiale-sous-lancien-régime-»-de-philippe-ariès
L’ouvrage fait partie de “la Bibliothèque idéale des Sciences humaines” du magazine Sciences humaines
https://www.scienceshumaines.com/l-enfant-et-la-vie-familiale-sous-l-ancien-regime_fr_13337.html
Guillaume Gros est l’auteur d’une biographie d’Ariès parue en 2008 : Philippe Ariès, un traditionaliste non-conformiste : de l’Action française à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Lille, Presses Universitaires du Septentrion.
Dans un article important, il situe l’oeuvre de l’historien dans le champ des études historiques sur l’enfance.
“Reconnu aujourd’hui comme un historien majeur du XXe siècle, traduit dans de nombreuses langues, Philippe Ariès (1914-1984) est l’auteur de L’histoire des populations françaises (1948), L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime (1960), L’homme devant la mort (1977) et L’histoire de la vie privée (en collaboration). Cependant, il n’accède à la notoriété, en France, qu’à 59 ans seulement, avec la réédition, en 1973, de son livre fameux sur le sentiment familial et l’enfant, lequel transforme l’enfant en objet historiographique. Cette synthèse d’histoire moderne fut aussi à l’origine d’un modèle interprétatif de l’enfance encore largement utilisé dans toutes les disciplines des sciences humaines ainsi que chez les acteurs sociaux, au point de devenir un livre de référence pour les experts de l’enfance.”
Ariès, nous rappelle-t-il, a fortement influencé Ivan Illich:
"Les thèses de L’enfant et la vie familiale ont fortement influencé Ivan Illich (1926-2002) qui n’hésite pas à déclarer dans ses entretiens avec David Cayley, en 1991, qu’il n’aurait pu écrire Une société sans école (1971) s’il n’avait pas lu l’œuvre d’Ariès, lequel est d’ailleurs le seul auteur qu’il cite dans son célèbre essai."
Guillaume Gros, « Philippe Ariès : naissance et postérité d’un modèle interprétatif de l’enfance », Histoire de l’éducation, no 125, 2010, p. 49-72.
https://journals.openedition.org/histoire-education/2109
On lira avec profit cet autre texte de Gros consacré à l’ensemble de la carrière de Philippe Ariès : Relire Philippe Ariès (1914-1984) pour comprendre le présent, Mondes sociaux, 17 juin 2019 - https://sms.hypotheses.org/19899
Trente après la parution de la première édition du grand ouvrage de P. Ariès paraît une histoire de l'enfance en Occident, en deux tomes, sous la direction de Egle Becchi et Dominique Julia.
Histoire de l’enfance en Occident. Tome I : De l’Antiquité au XVIIIe siècle. Tome II : Du XVIIIe siècle à nos jours. Paris, Seuil, 1998.
C'est en fait "la traduction d’une Storia dell’ infanzia, parue en 1996 chez Laterza à Rome et Bari." Réunissant "des spécialistes venus de France, d’Italie, d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas et d’Israël", le but de ce collectif est "de faire le point sur l’histoire de l’enfance plus de trente ans après le livre fondateur de Philippe Ariès, L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, paru en 1960, et dont la fortune historiographique est racontée en introduction" (source)
Ainsi que le rappelle l'éditeur :
"Aucune source n’a été négligée : si derrière les discours (philosophiques, pédagogiques, médicaux ou religieux, etc.) que les adultes tiennent sur les enfants, on peut tenter de lire la fonction qui leur est assignée et l’évolution des pratiques, on n’a as négligé les objets de l’enfance (jouets, livres pour enfants) ni l’iconographie (ainsi le message de la peinture hollandaise au XVIIe siècle) ni surtout les sources autobiographiques (journaux, correspondances) où l’enfant parle à la première personne." -- http://www.seuil.com/ouvrage/histoire-de-l-enfance-en-occident-egle-becchi/9782020172981
Au cours des dernières décennies, des historiens ont toutefois remis en question certaines thèses de l'ouvrage d'Ariès. Un processus normal au sein de la discipline historique. Par exemple Danièle Alexandre-Bidon et Didier Lett, les auteurs de Les enfants au Moyen-Age, Vème-XVème siècles (Paris, Hachette, 1997).
"Les enfants du moyen âge de Philippe Ariès (où « on ne s'attachait pas à un éventuel déchet ») ou d'Elisabeth Badinter (« société sans amour », où l'enfant devient « jouet ou machine à faire peur ») sont des vues de l'esprit. Nul ne saurait plus souscrire à ces idées surannées, qui plaçaient au cœur de la modernité l'invention du sentiment maternel et la découverte d'une spécificité enfantine.
Dès l'introduction, le parti-pris de Danièle Alexandre-Bidon et de Didier Lett de rompre avec cette historiographie relativement récente — ayant, il est vrai, contribué à l'émergence d'un thème porteur d'investigation — est manifeste. Pour y parvenir, la méthode la plus sûre est de privilégier, avant tout, l'étude des sources dans la démarche historique." (Aurell Martin, compte rendu de l'ouvrage, dans Cahiers de Civilisation Médiévale Année 1998 Suppl. 1998 pp. 1-2 -- https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1998_sup_41_164_2736_t1_0001_0000_1)
René Joyal et l'histoire de l'enfance au Québec
Il nous faut souligner l’apport majeur, quant à notre connaissance de l’enfance et de son histoire au Québec, de la juriste Renée Joyal, qui est d’ailleurs titulaire du dossier Enfance dans l’Encyclopédie de l’Agora -- http://agora.qc.ca/dossiers/enfant
Joyal, Renée, Les enfants, la société et l’État au Québec, 1608-1989. Jalons, Montréal, Éditions Hurtubise HMH, 1999.
“Renée Joyal, professeure en sciences juridiques à l’Université du Québec à Montréal, nous propose ici d’aborder l’histoire de l’enfance au Québec sous un angle particulièrement intéressant, à savoir les mesures législatives et autres mises en place par l’État depuis la fondation de Québec. Cet ouvrage de référence est construit selon un découpage chronologique qui comprend cinq périodes, chacune correspondant à l’un des cinq chapitres qui forment ce livre : 1608-1868, 1869-1920, 1921-1943, 1944-1970, 1971-1989. Il est intéressant de constater que les balises chronologiques ne correspondent pas aux grands événements que l’on a l’habitude de retenir lorsqu’on traite de l’histoire nationale québécoise. Les transformations que connaît l’enfance, comme sujet sociétal, sont souvent diffuses et les interventions législatives dans ce domaine se modulent progressivement, sans être liées aux ruptures politiques causées par un changement de régime ou de parti politique ni par les grands conflits qui ont marqué le Québec, le Canada ou le monde. Bien sûr, ces marqueurs de l’histoire ne sont pas neutres, et c’est pour cette raison que Renée Joyal nous propose, au début de chacun des chapitres, une mise en contexte qui permet alors de situer les interventions de l’État à l’intérieur de ces grands événements politiques, économiques et sociaux qui ont marqué le Québec depuis près de 400 ans. Le texte est également parsemé de plusieurs encadrés où l’on retrouve des passages d’un texte de loi, un extrait d’un rapport d’une commission ou encore d’un ouvrage scientifique. Cela vient compléter la présentation des différentes lois tout en rendant la lecture d’un ouvrage de ce genre beaucoup plus agréable.” -- Extrait d’un compte rendu de Richard Marcoux, pour la revue Revue d'histoire de l'Amérique française. Volume 56, Numéro 2, Automne 2002, p. 281–282 -- https://www.erudit.org/fr/revues/haf/2002-v56-n2-haf561/007336ar/
Voir aussi le compte rendu de cet autre spécialiste de l'enfance, André Turmel, dans Recherches sociographiques, 41 (3), 2000, p. 577–579 -- https://doi.org/10.7202/057399ar
Un autre ouvrage important, dirigé cette fois par Renée Joyal, vient compléter le contenu du premier :
Entre surveillance et compassion. L’évolution de la protection de l’enfance au Québec, des origines à nos jours, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2000.
“Cet ouvrage trace les moments forts de l’évolution de la protection de l’enfance au Québec. Celle-ci étant étroitement liée à l’évolution sociale, économique et culturelle de la communauté québécoise, on ne peut considérer la protection de la jeunesse comme étant exclusivement une affaire de lois.
Dans cette perspective, les auteurs abordent les différents thèmes retenus (enfants sans famille, écoles d’industrie, délinquance, adoption, évolution des lois), en analysant le cadre familial et social qui prévaut pour chaque période : statut de l’enfant dans la famille et le société, modalités d’exercice de l’autorité parentale, normes et perceptions concernant les naissances hors mariage, principaux modes d’assistance et de soutien aux enfants en difficulté ainsi que les diverses instances étatiques, religieuses ou communautaires qui remplissent des fonctions de régulation, de renforcement et d’appui.
Cet ouvrage témoigne donc de cette préoccupation de situer la question de la protection de la jeunesse dans une perspective plus globale.”
Présentation de l’éditeur -- https://www.puq.ca/catalogue/livres/evolution-protection-enfance-quebec-81.html
On prendra connaissance ici du jugement que porte l’historienne Micheline Dumont sur l'ouvrage:
“Solidement documentés, tous ces articles permettent de dégager les grandes lignes d’évolution de la protection de l’enfance au Québec. Dans chacun des dossiers, on constate que l’opposition entre l’Église et l’État s’est longtemps faite sur le dos des enfants qu’on prétendait protéger. Cet ouvrage devient donc l’indispensable complément du premier. Renée Joyal se présente comme une chaude partisane de la «protection éclairée» et jette un regard critique sur les pratiques plus répressives apparues dans l’Amérique anglo-saxonne à la fin du XXe siècle. -- Micheline Dumont, Historical Studies in Education/Revue d’histoire de l’éducation, vol. 13, no 2, automne 2001 -- https://www.edu.uwo.ca/hse/01dumont.html
Voir cet autre compte rendu, de T. Myers, dans la Revue d'histoire de l'Amérique française, 55 (3), 2002, p. 445–448.
https://doi.org/10.7202/010423ar
En guise de complément - quelques ouvrages dignes d'intérêt sur l'enfance
Histoire - monde
Levi, Giovanni et Jean-Claude Schmitt, Histoire des jeunes en Occident, tomes 1 et 2, Paris, Éditions du Seuil, 1996.
Histoire - Québec et Canada
Lemieux, Denise, Les petits innocents. L’enfance en Nouvelle-France, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1985. Voir le compte rendu de Micheline Dumont, Recherches sociographiques, 26 (3), 1985, p. 550–551 -- https://doi.org/10.7202/056183ar
De Denise Lemieux, on lire aussi l'article « Les enfants perdus et retrouvés : la recherche sur les enfants au Québec ». Recherches sociographiques, vol. XXXVI, no 2, 1995, p. 327-352 -- http://id.erudit.org/iderudit/056958ar
Sutherland, Neil, Children in English Canadian Society : Framing the Twentieth Century Consensus, Toronto, University of Toronto Press, 1976.
Littérature
Marie-Louise Audiberti, Ecrire l'enfance : Douce ou amère, éclairée par la littérature, Autrement, 2003
“Les images se mélangent, se recouvrent, des voix résonnent encore, des silhouettes passent, vite évanouies. C’était l’enfance. On peut toujours essayer de la faire taire, elle ne cesse de parler en nous. Enchantée, ou encombrante, l’enfance sert de référent, de point d’appui. Elle serait la clé, souvent égarée, pour accéder à l’essentiel. Lointaine, jamais étrangère, quelle langue parle notre enfance pour que, bien des années plus tard, nous la retrouvions intacte ? Marie-Louise Audiberti explore ici la littérature. Proust, Loti, Gombrowicz, Sartre, Montaigne, Gorki, Yourcenar, Canetti, Camus, Lewis Carroll. Sous la forme d’un recueil des thèmes phares – l’école, les parents, grandir, rêver, jouer… – les mots inventent ce que nous avons laissé se perdre, nous rattrapent, résonnent, en écho de notre propre histoire. Écoutons l’enfance comme elle se raconte.”
https://www.babelio.com/livres/audiberti-ecrire-lenfance--douce-ou-amere-eclairee-par-la-/144056
Société
Difficile de ne pas parler du docteur Gilles Julien, pédiatre social québécois et président et fondateur de la Fondation qui porte son nom, lorsqu'on évoque les problèmes sociaux liés à l'enfance.
Gilles Julien, Enfances blessées sociétés appauvries. Drames d’enfants aux conséquences sérieuses, éditions Du Chu Sainte-Justine, 2005
"Un seul enfant blessé dénature et appauvrit la société au point d'en faire éclater les valeurs les plus fondamentales. Une société qui n'a plus les moyens de ses enfants est en perte de vitesse et de contrôle. Elle est vouée à l'échec et au désordre surtout si elle crée le désespoir.
En revanche une société désireuse de soutenir ses enfants est en état de croissance et de développement. Elle engendre l'espoir la motivation et la créativité des personnes."
2. Quelques ouvrages récents
Revenons d'abord sur les nouvelles technologies et leurs effets sur les enfants. Deux ouvrages n'y vont pas de main morte quant à ces effets.
Michel Desmurget, La fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants, Seuil, 2019
“La consommation du numérique sous toutes ses formes – smartphones, tablettes, télévision, etc. – par les nouvelles générations est astronomique. Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45. En cumuls annuels, ces usages représentent autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d’une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires).
Contrairement à certaines idées reçues, cette profusion d’écrans est loin d’améliorer les aptitudes de nos enfants. Bien au contraire, elle a de lourdes conséquences : sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite...), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risques...) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation...). Autant d’atteintes qui affectent fortement la réussite scolaire des jeunes.
" Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle ", estime Michel Desmurget. Ce livre, première synthèse des études scientifiques internationales sur les effets réels des écrans, est celui d’un homme en colère. La conclusion est sans appel : attention écrans, poisons lents !” (présentation de l’éditeur)
https://www.seuil.com/ouvrage/la-fabrique-du-cretin-digital-michel-desmurget/9782021423310
Troubles de l’attention, du sommeil, du langage… « La multiplication des écrans engendre une décérébration à grande échelle ». Propos recueillis par Pascale Santi et Stéphane Foucart. Le Monde, 21 octobre 2019 - "Pour le neuroscientifique Michel Desmurget, laisser les enfants et les adolescents face à des écrans relève de la maltraitance. Il alerte sur ce qu’il considère comme un problème majeur de santé publique."
Michel Desmurget dénonce le temps passé sur les écrans : "Chez les adolescents, c'est extravagant et hors-norme" - Europe 1, 20 septembre 2019
Christian Rioux, Et si les écrans rendaient stupide?, Le Devoir, 5 octobre 2019
Les Décodeurs du Monde se sont penché sur les thèses de Desmurget
Mathilde Damgé, Ecrans et capacités cognitives, une relation complexe, Le Monde, 28 octobre 2019 - "L’intérêt suscité par le livre de Michel Desmurget, « La Fabrique du crétin digital », est l’occasion de faire le point sur un domaine où, s’il existe beaucoup d’études, la science a du mal à trancher."
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/10/28/que-peut-on-dire-du-lien-entre-capacites-cognitives-et-exposition-aux-ecrans_6017217_4355770.html
Richard Freed, Wired Child: Reclaiming Childhood in a Digital Age, 2015
“A practical guide to building your child’s bond with family and fostering school success amid the allure of digital screens
Kids’ obsessive use of video games, social media, and texting is eclipsing their connections with family and school — the two most important contributors to their well-being. The result: a generation of kids who suffer from soaring rates of emotional and academic problems, with many falling prey to an epidemic of video game and internet addictions.
In Wired Child, learn why a bevy of social media friends won’t keep teens from feeling empty inside and turning to cutting for relief. See how our kids have become smartphone experts who struggle in reading, math, and the other educational basics that colleges consider in deciding admissions. And discover how many “child-friendly” technologies are depriving kids of joy in the real world, putting them at risk for device addictions.
Wired Child gives you the confidence and skills you need to safely navigate your children through a rapidly shifting media landscape. Dr. Freed offers concrete parenting strategies that will help you create the strong family kids need and encourage their school success. You’ll also learn how to protect kids from destructive tech addictions, and instead guide them to use technology productively as a positive force for their future.”
Page consacrée au livre sur le site de l’auteur.
http://richardfreed.com/wired-child/
Voir aussi :
How the Tech Industry Uses Psychology to Hook Children. Why do kids struggle to look up from devices? The answer is persuasive design.
Psychology Today (blog), 24 octobre 2018
Richard Freed, Ph.D., psychologist and author of Wired Child: Reclaiming Childhood in a Digital Age, and Meghan Owenz, Ph.D., assistant teaching professor at Penn State University and founder of ScreenFreeParenting.com.
https://www.psychologytoday.com/us/blog/mental-wealth/201810/how-the-tech-industry-uses-psychology-hook-children
Tara Bahrampour, Will censuring colleagues who work in tech save kids from screen addiction? These psychologists think so. The Washington Post, 8 août 2018
https://www.washingtonpost.com/news/inspired-life/wp/2018/08/08/will-condemning-colleagues-who-work-in-tech-save-kids-from-screen-addiction-these-psychologists-think-so/
On vient d'évoquer l'emprise de la technologie sur les enfants, qui les rend moins actifs physiquement. Mais comment expliquer cette diminution des activités extérieures, en rapport avec la nature, au proffit d'activités intérieures que l'on constate de plus en plus chez les jeunes? C'est l'une des questions auxquelles essaie de répondre Pamela Riney-Kehrberg. l'auteur de The Nature of Childhood: An Environmental History of Growing Up in America since 1865 ( Lawrence, University Press of Kansas, 2014).
Marta Gutman résume bien, dans son compte rendu, la démarche de l'auteur: "It is a truism that children in the United States suffer from nature deficit: they spend too much time indoors and not nearly enough time outside, playing with other children, enjoying sun, space, and green, and learning to take charge of their own activities. In The Nature of Childhood: An Environmental History of Growing Up in America since 1865, Pamela Riney-Kehrberg tracks the history of this radical transformation of modern childhood—one in which children and childhood migrated indoors—and ascribes its cause to parental anxiety about safety, public policy, consumer culture, physical changes in constructed environments, and the preferences of children who are especially keen to organize their own time." (The American Historical Review, Volume 120, Issue 4, October 2015, p. 1499–1500) -- https://doi.org/10.1093/ahr/120.4.1499
Jordan Shapiro, The New Childhood: Raising Kids to Thrive in a Connected World, Little, Brown and Company, 2018
Voici un ouvrage, très médiatisé dans le monde anglo-saxon, qui présente, au contraire de ceux qui précèdent, une vision très positive, sinon idyllique, des potentialités de la technologie pour nos enfants. Jordan Shapiro, qui enseigne au College of Liberal Arts de la Temple University, désapprouve les limites imposées par les parents aux enfants dans l'utilisation de leurs appareils électroniques. Il pense que ceux-ci doivent plutôt enseigner à leur progéniture un usage responsable de ces technologies.
"In The New Childhood, Jordan Shapiro provides a hopeful counterpoint to the fearful hand-wringing that has come to define our narrative around children and technology. Drawing on groundbreaking research in economics, psychology, philosophy, and education, The New Childhood shows how technology is guiding humanity toward a bright future in which our children will be able to create new, better models of global citizenship, connection, and community.
Shapiro offers concrete, practical advice on how to parent and educate children effectively in a connected world, and provides tools and techniques for using technology to engage with kids and help them learn and grow. He compares this moment in time to other great technological revolutions in humanity's past and presents entertaining micro-histories of cultural fixtures: the sandbox, finger painting, the family dinner, and more. But most importantly, The New Childhood paints a timely, inspiring and positive picture of today's children, recognizing that they are poised to create a progressive, diverse, meaningful, and hyper-connected world that today's adults can only barely imagine." (présentation sur le site de l'éditeur - https://www.hachettebookgroup.com/titles/jordan-shapiro/the-new-childhood/9780316437257/
Voir aussi le site de l'auteur : https://www.jordanshapiro.org/
Anya Kamenetz, Forget Screen Time Rules — Lean In To Parenting Your Wired Child, Author Says, NPR, 15 janvier 2019
Zlati Meyer, 'The New Childhood' makes case that video games, social media are good for kids, USA TODAY, 31 décembre 2018
Andy Robertson, Parents Blinded By Nostalgia When It Comes To Screens, Embracing Video Games Is Part Of The Answer, Forbes, 17 janvier 2019
Dans cette belle collection des “Dictionnaire amoureux”, un ouvrage est consacré en partie à l’enfance
Marcel Rufo, Dictionnaire amoureux de l'enfance et de l'adolescence, Plon, 2017
"On est de son enfance comme on est d'un pays." Antoine de Saint-Exupéry" Nous sommes les premières générations à voir dans l'enfant une personne à part entière et nous ne pouvons plus ignorer que l'enfance est la matière même dont nous, adultes, sommes tissés. Pourquoi cette révolution ? Comment faire face aux bouleversements qu'elle entraîne dans l'éducation ? Quelles approches nouvelles des troubles de l'enfance inspiret- elle aux pédopsychiatres ? Il n'est pas de réponse valide à ces questions sans amour : la théorie est ici inséparable du vécu. Je raconterai donc les échanges poignants, drôles, éclairants qui ont marqué mes consultations et les souvenirs personnels qu'ils ont fait revivre en moi. Je décrirai l'éblouissement de mes rencontres avec les Maîtres qui m'ont formé et ce que je dois à la lecture des grands fondateurs de la psychologie, de la psychanalyse, de la pédopsychiatrie. J'évoquerai les initiatives originales prises, avec des équipes formidables, dans les établissements que j'ai dirigés. Car aucune voie ne doit être négligée pour approcher l'enfance, notre nouvelle frontière. " Présentation de l’éditeur
À propos de l'auteur
"Marcel Rufo est pédopsychiatre, professeur d'université-praticien hospitalier (PU-PH) émérite et écrivain français, auteur de nombreux ouvrages consacrés à la prime enfance et à l'adolescence. Il a dirigé le service de pédopsychiatrie de l'hôpital de Sainte-Marguerite puis l'Espace Arthur à Marseille, la Maison de Solenn à l'hôpital Cochin à Paris, il a mis ensuite en place l'Espace méditerranéen de l'adolescence à l'hôpital Salvator à Marseille et dirige actuellement l'unité d'adolescents Le Passage à La Penne-sur-Huveaune."
Marcel Rufo présente son Dictionnaire (La Grande Librairie)
https://www.youtube.com/watch?v=qifda1ulqvy
James Marten, The History of Childhood: A Very Short Introduction. Oxford University Press, 2018. Publié dans la collection Very Short Introductions, qui présente de courtes synthèses semblables à celles de la collection Que sais-je?, aux PUF.
Une vue d'ensemble à jour, qu'on consultera pour faire le tour du sujet et des approches récentes.
“While children are a relatively unchanging fact of life, childhood is a constantly shifting concept. Throughout the millennia, the age at which a child becomes a youth and a youth becomes an adult has varied by gender, class, religion, ethnicity, place, and economic need. As author James Marten explores in this Very Short Introduction, so too have the realities of childhood, each life shaped by factors such as education, expectation, and conflict (or lack thereof). Indeed, ancient Roman children lived very differently than those born of today's Generation Z.
Experiences of childhood have been shaped in classrooms and on factory floors, in family homes and orphanages, and on battlefields and in front of television sets. In addressing this diversity, The History of Childhood: A Very Short Introduction takes a global, expansive view of the features of childhood that have shaped childhood throughout history and continue to shape it now. From the rules of Confucian childrearing in twelfth-century China to the struggles of children living as slaves in the Americas or as cotton mill workers in Industrial Age Britain, Marten takes his inspiration from the idea that the lives of children reveal important and sometimes uncomfortable truths about civilization.” (présentation sur le site de l’éditeur)
A propos de l’auteur:
“James Marten is Professor of History at Marquette University, where he has been a faculty member since 1986. He is a past president of both the Society of Civil War Historians and of the Society for the History of Children and Youth, and the author or editor of more than fifteen books.”
Voir aussi : James Marten, The history of The Declaration of the Rights of the Child, OUPblog, 5 novembre 2018
Les traces de l'antiquité classique dans la littérature enfantine. Une perspective internationale. D'Ésope à Astérix...
Marciniak, Katarzyna (dir.), Our mythical childhood... : the classics and literature for children and young adults, Brill, 2016
"This volume offers a survey of the reception of Classical Antiquity in the literature for youngsters by applying regional perspectives from East-Central and Western Europe, Africa, Israel, Japan, New Zealand, Russia, and the United States. The title Our Mythical Childhood hints at the elusive and paradoxical potential of the ancient tradition that is both a fixed base shared by many people worldwide since their early life as well as a body of references constantly being reinterpreted in response to local challenges. The reader is given a deeper insight into the processes shaping children’s and young adults’ identities and their cultural formation. The volume fills an important gap in the scholarship and contributes to the development of Reception Studies in innovative and attractive directions." (présentation de l'éditeur)
Table des matières
What Is a Classic ... for Children and Young Adults? / Katarzyna Marciniak --
PART 1: In Search of Our Roots: Classical References as a Shaper of Young Readers' Identity --
From Aesop to Asterix Latinus: A Survey of Latin Books for Children / Wilfried Stroh --
Childhood Rhetorical Exercises of the Victor of Vienna / Barbara Milewska-Waźbińska --
The Aftermath of Myth through the Lens of Walter Benjamin: Hermes in J.M. Barrie's Peter Pan in Kensington Gardens and in Astrid Lindgren's Karlson on the Roof / Katarzyna Jerzak --
A Latin Lesson for Bad Boys, or: Kipling's Tale of the Enchanted Bird / Jerzy Axer --
Laura Orvieto and the Classical Heritage in Italy before the Second World War / Valentina Garulli --
Saul Tchernichowsky's Mythical Childhood: Homeric Allusions in the Idyll "Elka's Wedding" / Agata Grzybowska --
Jadwiga Żylińska's Fabulous Antiquity / Robert A. Sucharski --
A Child among the Ruins: Some Thoughts on Contemporary Modern Greek Literature for Children / Przemysław Kordos --
The Reception of Classical Antiquity in Polish Lexicography for Children and Young Adults / Ewa Rudnicka --
PART 2: The Aesop Complex: The Transformations of Fables in Response to Regional Challenges --
Our Fabled Childhood: Reflections on the Unsuitability of Aesop to Children / Edith Hall --
A Gloss on Perspectives for the Study of African Literature versus Greek and Oriental Traditions / Peter T. Simatei --
Aesop's Fables in Japanese Literature for Children: Classical Antiquity and Japan / Beata Kubiak Ho-Chi --
Vitalis the Fox: Remarks on the Early Reading Experience of a Future Historian of Antiquity in Poland (1950s-1960s) / Adam Łukaszewicz --
Aemulating Aesopus: Slovenian Fables and Fablers between Tradition and Innovation --
David Movrin --
PART 3: Daring the Darkness: Classical Antiquity as a Filter for Critical Experiences --
Armies of Children: War and Peace, Ancient History and Myth in Children's Books after World War One / Sheila Murnaghan and Deborah H. Roberts --
Classical Antiquity in Children's Literature in the Soviet Union / Elena Ermolaeva --
Katabasis "Down Under" in the Novels of Margaret Mahy and Maurice Gee / Elizabeth Hale --
'His Greek Materials': Philip Pullman's Use of Classical Mythology / Owen Hodkinson --
Orpheus and Eurydice: Reception of a Classical Myth in International Children's Literature / Bettina Kümmerling-Meibauer --
PART 4: New Hope: Classical References in the Mission of Preparing Children to Strive for a Better Future --
Greek Mythology in Israeli Children's Literature / Lisa Maurice --
Telemachus in Jeans: Adam Bahdaj's Reception of the Myth about Odysseus's Son / Joanna Kloss --
An Attempt on Theseus by Kir Bulychev: Travelling to Virtual Antiquity / Hanna Paulouskaya --
Graeco-Roman Antiquity and Its Productive Appropriation: The Example of Harry Potter / Christine Walde --
J.K. Rowling Exposes the World to Classical Antiquity / Elżbieta Olechowska --
East, West, and Finding Yourself in Caroline Lawrence's "Roman Mysteries" / Helen Lovatt --
Create Your Own Mythology: Youngsters for Youngsters (and Oldsters) in Mythological Fan Fiction / Katarzyna Marciniak.
Caroline Morel, Le grand dictionnaire de la petite enfance, Dunod, 2018
"La petite enfance est un univers en plein essor. Les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE), les assistantes maternelles et familiales, les accueils de loisirs, les établissements de l’Aide sociale à l’enfance, les lieux de soins et les écoles évoluent.De nombreuses initiatives et recherches actuelles permettent aux professionnels de revisiter leurs pratiques. De nouveaux modes relationnels côtoient les approches plus traditionnelles…Dans ce grand dictionnaire, écrit à plusieurs mains, 84 auteurs – professionnels de terrain et personnalités du monde de la recherche – croisent leurs regards pour faciliter les échanges et encourager le partage, en équipe et avec les parents, d’une réflexion critique, dynamique et humaniste.Cet ouvrage pratique réunit l’ensemble des grandes notions liées aux métiers de la petite enfance et intègre les thématiques et les concepts les plus récents. Il sera utile aux professionnels, aux parents et à tous ceux que le coeur de l’enfance intéresse."
La directrice de l'ouvrage est consultante petite enfance, psychologue et linguiste (carolinemorel.com).
Un ouvrage fascinant d'un sociologue de l'enfance québécois.
André Turmel, Le Québec par ses enfants. Une sociologie historique (1850-1950), PUM, 2017
“De 1850 à 1950, le Québec transite d’une société rurale vers une société en voie d’industrialisation qui s’installe peu à peu dans la modernité urbaine. Dans cet important ouvrage, l’auteur observe ce passage et propose aux lecteurs de mieux comprendre l’histoire du Québec à partir du traitement que l’on a fait aux enfants. Il éclaire de manière tout à fait originale les questions difficiles à affronter, comme celle des orphelins de Duplessis, de l’adoption des filles, de notre rapport très ambigu avec l’éducation.
Cet ouvrage s’inscrit dans une perspective précise, réintroduisant le passé dans le présent ; il porte au jour ces idées de jadis qui aiguillent encore nos façons d’agir. Cela place l’enfance québécoise dans une position en apparence contradictoire : un pied dans la modernité, l’autre dans certaines pesanteurs de la société agraire qui subsistent malgré tout. Au moment où l’homme a tendance à être de plus en plus présenté, ou rêvé, comme un être isolé, autonome, responsable, guidé par sa raison, opposé à la collectivité contre laquelle il défendrait son « authenticité » ou sa « singularité », les sciences sociales ont plus que jamais le devoir de mettre au jour la fabrication des individus. L’auteur de ce livre s’attelle à cette tâche avec brio." (présentation de l'éditeur)
André Turmel est professeur associé au Département de sociologie de l’Université Laval. Il poursuit depuis des années des recherches en sociologie de l’enfance.
https://pum.umontreal.ca/catalogue/le-quebec-par-ses-enfants
L'auteur a mis en ligne la bibliographie détaillée insérée dans son ouvrage -- https://pum.umontreal.ca/fichiers/livres_fichiers/bibliographie-exhaustive.pdf
En 2013, Turmel avait fait paraître Une sociologie historique de l'enfance. Pensée du développement, catégorisation et visualisation graphique aux Presses de l'Université Laval. En voici la présentation que propose l'éditeur :
"Qu’est-ce qu’un enfant « normal »? Tout au long du XIXe siècle, l’hygiène publique et la pédiatrie ont joué un rôle déterminant autant dans l’image que dans la conception des enfants. Au début du XXe siècle, la psychologue parvient à l’avant-scène, transformant du coup notre pensée et notre compréhension. André Turmel examine ces transformations à la fois selon la perspective de l’observation scientifique des enfants ( hygiène publique, pédiatrie, psychologie, éducation ) selon le point de vue d’une politique publique ( bien-être de l’enfant, politique de la santé, éducation et obligation scolaire. S’appuyant sur des descriptions historiques poussées en provenance de Grande-Bretagne, des États-Unis et de France, il étudie comment le développement séquentiel et le raisonnement statistique mènent au concept d’enfant « normal » et produisent une forme de standardisation par laquelle nous surveillons de près les enfants. Il montre comment les sociétés occidentales sont devenues des cultures centrées sur l’enfant et demande si nous allons continuer à faire reposer parentalité et éducation sur une vision de l’enfant qui n’est plus appropriée."
La croisade de la jeune Greta Thunberg a permis à un large public d’être familiarisé avec le mot Asperger. Mais d’où vient-il et à quoi réfère-t-il? Ce livre nous l’apprend.
Edith Sheffer, Les enfants d’Asperger, Paris, Flammarion, 2019
"Qui fut vraiment le Pr Hans Asperger dont le nom passé dans le langage courant qualifie aujourd’hui un syndrome autistique ? L’historienne américaine Edith Scheffer a découvert la véritable histoire du psychiatre après la naissance de son enfant autiste. Et ce qu’elle apprend la glace d’effroi. Le « gentil docteur » dépeint comme une sorte de Schindler des autistes a menti, et c’est un tableau bien différent qu’en dressent les archives. Les preuves ne manquent pas, elles sont accablantes. En 1938, professeur à l’hôpital pédiatrique de Vienne, Asperger compte parmi les psychiatres appelés à façonner le nouvel Allemand selon des critères eugéniques : sélectionner les parents d’après leur hérédité, leurs défauts biologiques mais aussi leurs tendances politiques, leur religion. Les conséquences sont réelles : on refuse des crédits aux « mal mariés », on stérilise les « mauvais » géniteurs... Et parmi les enfants autistes dont il est un spécialiste reconnu, Asperger identifie les « négatifs » et les « positifs » à l’intelligence détonante qui auront alors une chance d’échapper au tri macabre.
Aux États-Unis, l’enquête d’Edith Sheffer a bouleversé et conduit à débaptiser le syndrome autistique. En France, cette histoire dramatique, encore méconnue, risque bien de susciter autant d’émotions." (présentation de l'éditeur)
Nous vivons à l’ère des neurosciences. L’enfance fait aussi partie des réalités qu’elles explorent…
Catherine Guégen, Pour une enfance heureuse. Repenser l' éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, Robert Laffont, 2014
“Dans le monde entier, les dernières découvertes scientifiques sur le développement et le fonctionnement du cerveau bouleversent notre compréhension des besoins essentiels de l'enfant. Elles prouvent qu'une relation empathique, aimante, est décisive pour permettre à son cerveau d'évoluer de manière optimale, pour déployer pleinement ses capacités intellectuelles et affectives. Le cerveau des enfants et des adolescents se révèle très vulnérable : toutes les expériences ont un impact majeur sur sa structuration. Les relations avec les parents ou l'entourage façonnent l'intelligence cognitive et relationnelle de l'enfant, et détermineront son comportement affectif, notamment sa capacité à surmonter le stress, à vivre ses émotions. Toute forme de maltraitance, de violence même apparemment anodine, perturbera le bon développement de son cerveau, de son affectivité, avec parfois des dommages irréversibles. Catherine Gueguen nous fait partager ces découvertes neurologiques saisissantes, les explique avec clarté. Elle les illustre de nombreux cas cliniques, et propose des conseils éducatifs pour les parents ou les professionnels. Afi n de donner la chance à l'enfant de devenir un jour un adulte libre et heureux.” -- Présentation de l’éditeur
Note sur l’auteur
Catherine Gueguen est pédiatre. Après le succès de Pour une enfance heureuse (Robert Laffont, 2014), elle est devenue une référence dans le monde de l'éducation et de la petite enfance. Spécialisée dans le soutien à la parentalité, formée en haptonomie et en communication non violente, elle donne des conférences et anime des groupes de travail pour les médecins, psychologues, éducateurs, sages-femmes, sur l'accompagnement des parents.