Conseils aux débutants qui se proposent la carrière littéraire
« La Revue universelle (15 avril) achève de publier la série des conférences que M. Léon Daudet a faites sous ce titre : "Études et milieux littéraires". Il y est, selon sa bouillante nature, homme de parti et admirablement fidèle à la grande mémoire de Mistral, comme au souvenir de l’exquis Alphonse Daudet. Il a regardé les gens illustres sans s’aveugler de respect; mais il les a vus en satiriste qui sait à merveille sur quelle manie ou sur quel défaut physique opérer le grossissement. Il a lu abondamment. A ses connaissances encyclopédiques, il ajoute la finesse, l’originalité du jugement. Un tel homme – en dehors de toute doctrine politique ou religieuse – est qualifié particulièrement pour conseiller la jeunesse « dans un temps où presque tout le monde s’imagine pouvoir écrire ». Il appelle modestement « petits aphorismes » de très sages avis qu’il donne à ses cadets; tous devraient les connaître… et les suivre. » (Charles-Henry Hirsch)
* N’écris que si tu as quelque chose à dire. Il faut avoir trop à dire pour dire un peu.
* Méfie-toi des cafés, des cénacles, des repas de ville, des salons, de l’Académie française et du journal intime à publier, ou non, après ta mort.
* Je te conseille de ne jamais prendre de notes; et, si tu en as pris, lorsque tu es encore bien portant, et sans défaillance, de brûler tout. C’est ce que j’ai fait.
* Choisis ta femme. – C’est très important – et ne crois pas que la femme ignorante soit plus facile à vivre que la savante.
* Attends d’avoir trente ans pour essayer de peindre la femme et même une femme.
* Écoute, regarde, flaire, conjecture, devine, et, selon ton tempérament, note ou souviens-toi. Fais attention aux aspects cursifs et obliques des choses et des gens; c’est là souvent qu’est l’essentiel.
* Ne demande ni ne donne jamais un conseil littéraire, d’abord parce qu’il ne sera pas suivi, et puis parce que le pis est de fausser une nature.
* N’entretiens de correspondance suivie avec aucune personne du sexe féminin. – C’est de cette façon qu’après la mort arrivent – permettez-moi le mot – les plus grands embêtements.
* Ne reçois dans ton intimité que ceux et celles que tu connais depuis dix ans.
* Fiche-toi des éreintements, savoure les éloges… sans trop y croire.
* Ne te fie guère aux compétences.
* Garde toujours ta perspicacité, même quand elle t’aura fourvoyé.
* Réfléchis un peu avant d’écrire, mais pas trop; autrement, tu n’écrirais pas, ou bien ce serait artificiel et tu sentirais le renfermé.
* Aie une bonne cuisinière, surveillée par ta femme, présumée habile dans cet art majeur. Aie une bonne table bien entretenue, de la bonne huile et du bon beurre.
* Tu ne liras jamais assez les auteurs anciens, les bons auteurs du seizième et du dix-septième siècle français, en prose et en vers. L’école est là.
* Sois clair ou sois complexe, mais ne sois jamais ennuyeux; l’ennui est le contraire de l’art.
* Préserve ton indépendance; elle est le trésor où tu puiseras jusqu’au bout; elle est aussi à l’écrivain ce que l’air pur est au laboureur.
* Aide tes jeunes confrères en parlant d’eux; tu aurais été bien content d’être aidé et encouragé à tes débuts.
* Parle aux gens de la campagne et fuis les raseurs de toute catégorie, mais ne crois pas qu’on ait quelque chose à apprendre de n’importe qui. Les trois quarts des hommes sont vides ou ne sont que des échos.
* Méfie-toi des cafés, des cénacles, des repas de ville, des salons, de l’Académie française et du journal intime à publier, ou non, après ta mort.
* Je te conseille de ne jamais prendre de notes; et, si tu en as pris, lorsque tu es encore bien portant, et sans défaillance, de brûler tout. C’est ce que j’ai fait.
* Choisis ta femme. – C’est très important – et ne crois pas que la femme ignorante soit plus facile à vivre que la savante.
* Attends d’avoir trente ans pour essayer de peindre la femme et même une femme.
* Écoute, regarde, flaire, conjecture, devine, et, selon ton tempérament, note ou souviens-toi. Fais attention aux aspects cursifs et obliques des choses et des gens; c’est là souvent qu’est l’essentiel.
* Ne demande ni ne donne jamais un conseil littéraire, d’abord parce qu’il ne sera pas suivi, et puis parce que le pis est de fausser une nature.
* N’entretiens de correspondance suivie avec aucune personne du sexe féminin. – C’est de cette façon qu’après la mort arrivent – permettez-moi le mot – les plus grands embêtements.
* Ne reçois dans ton intimité que ceux et celles que tu connais depuis dix ans.
* Fiche-toi des éreintements, savoure les éloges… sans trop y croire.
* Ne te fie guère aux compétences.
* Garde toujours ta perspicacité, même quand elle t’aura fourvoyé.
* Réfléchis un peu avant d’écrire, mais pas trop; autrement, tu n’écrirais pas, ou bien ce serait artificiel et tu sentirais le renfermé.
* Aie une bonne cuisinière, surveillée par ta femme, présumée habile dans cet art majeur. Aie une bonne table bien entretenue, de la bonne huile et du bon beurre.
* Tu ne liras jamais assez les auteurs anciens, les bons auteurs du seizième et du dix-septième siècle français, en prose et en vers. L’école est là.
* Sois clair ou sois complexe, mais ne sois jamais ennuyeux; l’ennui est le contraire de l’art.
* Préserve ton indépendance; elle est le trésor où tu puiseras jusqu’au bout; elle est aussi à l’écrivain ce que l’air pur est au laboureur.
* Aide tes jeunes confrères en parlant d’eux; tu aurais été bien content d’être aidé et encouragé à tes débuts.
* Parle aux gens de la campagne et fuis les raseurs de toute catégorie, mais ne crois pas qu’on ait quelque chose à apprendre de n’importe qui. Les trois quarts des hommes sont vides ou ne sont que des échos.