Le premier amendement et le droit de parodier les personnes en vue

James Goodale
Le premier amendement protège également le droit de parodier les personnes en vue, même quand de telles parodies sont « outrageantes » et même si elles causent à la personne visée de graves souffrances morales. Dans l'affaire Hustler Magazine, Inc. contre Falwell, 485 U.S. 46 (1988), la Cour examina une accusation « d'infliction intentionnelle de souffrances morales » que portait Jerry Falwell, pasteur conservateur et commentateur politique bien connu, contre Larry Flynt, propriétaire de la revue érotique Hustler Magazine. (Cette affaire est largement traitée dans le film The People vs. Larry Flynt, qui est sorti aux États-Unis à la fin de l'année dernière et qui connaît un grand succès.)

Ce procès découlait de la parodie d'une série d'annonces publicitaires dans lesquelles des gens connus évoquaient la « première expérience » qu'ils avaient faite d'une liqueur, le Campari. La parodie publiée dans Hustler et intitulée « Jerry Falwell parle de sa première expérience », contenait une prétendue interview au cours de laquelle celui-ci racontait que sa « première expérience » avait eu lieu au cours de rapports incestueux avec sa mère, alors qu'il était ivre. Cette parodie laissait entendre que Falwell ne prêchait qu'en état d'ébriété.

La Cour suprême décréta que Jerry Falwell ne pouvait invoquer le premier amendement pour prétendre qu'un directeur de publication devait être tenu pour coupable d'une satire « outrageante » visant une personne en vue. Elle déclarait que, tout au long de l'histoire des États-Unis « les descriptions crues et les dessins satiriques avaient joué un rôle de premier plan dans les débats publics et politiques ».

Tout en reconnaissant que la parodie publiée dans Hustler n'avait que peu de rapport avec les dessins satiriques traditionnels, la Cour estimait que le critère d'outrage invoqué par Falwell ne permettait pas de faire une distinction juridique entre la parodie incriminée et les dessins satiriques. La Cour suprême soulignait la nécessité qui s'imposait de donner à la presse suffisamment de latitude pour lui permettre d'exercer la liberté que lui garantissait le premier amendement. Elle ajoutait : « Si c'est l'opinion de l'auteur qui offense le plaignant, cela justifie la protection accordée à la presse par la Constitution. Car l'un des principes fondamentaux posés par le premier amendement est que le gouvernement doit rester neutre sur le marché des idées. »

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