Les musiques amérindiennes

Hélène Laberge
Observations sur la musique amérindiennes aux XVIIe siècle.
Des ethnologues ont noté des analogies entre les chants amérindiens et les chants des cultures hébraïque, égyptienne et grecque. La musique étant l'art le plus direct et le plus souple, les hommes se sont toujours exprimé par des chants religieux, des chants communautaires, des chants guerriers, des chants de guérison et de deuil. Willy Amtmann, un musicologue autrichien formé en France, s'est vivement intéressé à la musique amérindienne et y a recensé les formes suivantes:

    À la première catégorie appartenaient les chants qui racontaient les visions et les songes, les chants mystiques qui invoquaient les dieux, ainsi que les chants de consécration et d'action de grâces. Les chants de la deuxième catégorie accompagnaient, quant à eux, les fêtes, les tabagies, les jeux et les autres événements publics. Les chants de la troisième catégorie préparaient à la guerre, évoquaient des conquêtes, racontaient des légendes et louaient l'héroïsme des grands guerriers. Appartenaient aussi à cette catégorie les chants et les danses qui accompagnaient les tortures des prisonniers et qui présidaient à la cérémonie du scalp; enfin, la fin des hostilités donnait lieu au chant de la paix, le chant du calumet. Finalement, les chants de la dernière catégorie comprenaient les chants du culte des morts et les chants de guérison. Ces derniers surtout occupent dans les annales une place importante. (La musique au Québec 1600-1875, Éditions de l'Homme 1976)

    Le Père Lejeune dans les Relations des Jésuites a décrit une cérémonie de guérison où le sorcier se sert d'instruments de musique, de chants et de danses pour exorciser la maladie. Ils se servent, écrit-il, de ces chants, de ce tambour & de ces bruits, ou tintamarres en leurs maladies... Parfois cest homme (il s'agit du sorcier) entroit comme en furie chantant, criant, hurlant, faisant bruire son tambour de toutes ses forces; cependant les autres hurloient comme lui, & faisoient un tintamarre horrible avec leurs bastons, frappans sur ce qui estoit devant eux; ils faisoient danser les ieunes enfants, puis des filles, puis des femmes; (le malade) baissoit la teste, souffloit sur son tambour; puis vers le feu, il siffloit comme un serpent, il ramenoit son tambour soubs son menton, l'agitant & le tournoyant;... il se mettoit en mille postures; & tout cela pour se guérir. Voila comme ils traictent les malades.

    Qu'était la musique amérindienne? On sait que les Indiens chantaient à l'unisson. Mais ce qui a le plus frappé les observateurs européens, c'est l'endurance des chanteurs qui pouvaient se livrer à cet exercice pendant des heures, sinon des jours d'affilée. Les missionnaires prétendaient même que la conversion transformait la voix des Indiens. Le passage des rythmes indiens à la ligne mélodique occidentale devait effectivement donner cette impression. Mais les voix était belles et les Jésuites les admiraient: les religieuses de France ne chantent pas plus agréablement que quelques femmes sauvages qu'il y a, et universellement tous les sauvages ont beaucoup d'aptitude et d'inclination à chanter les cantiques de l'Église qu'on a mis en leur langue (se reporter à la recension par Jean Proulx du livre de Paul-André Dubois, De l'oreille au coeur).

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