Article de Delacroix sur Raphaël

Eugène Delacroix
Peu d'artistes ont autant écrit sur leur art que Delacroix. Il ya bien sûr son Journal qui révèle l'énergie qu'il mit jusqu'à la fin, à approfondir sa connaissance des grands maîtres, mais il a également publié dans les grandes revues parisiennes une série de textes sur Raphaël, Michel-Ange, Poussin, Puget et certains de ses contemporains, Gros, Charlet. Dans ce texte sur Raphaël qu'il fait précéder d'une introduction nostalgique d'une époque où l'art n'était pas réservé aux salons des amateurs fortunés, mais était goûté, admiré et critiqué par le peuple, Delacroix tente avant tout de faire valoir qu'un des traits du génie de Raphaël fut de savoir plus que tout autre, admirer et assimiler en les dépassant, la manière des grands artistes de son époque. Nul sinon Michel-Ange n'eut plus d'influence sur Raphaël que Masaccio qui a opéré, selon Delacroix, la révolution la plus importante que la peinture ait connue.
Le nom de Raphaël rappelle à l'esprit tout ce qu'il y a de plus élevé dans la peinture, et cette impression, qui commence par être un préjugé, est confirmée par l'examen chez tous ceux qui ont le sentiment des arts. La sublimité de son talent, jointe aux circonstances particulières dans lesquelles il a vécu, et à cette réunion presque unique des avantages que donnent la nature et la fortune, l'ont mis sur un trône où personne ne l'a remplacé, et que l'admiration des siècles n'a fait qu'élever davantage. C'est une espèce de culte que le respect de la postérité pour ce grand homme, et il est peut-être le seul, parmi les artistes de toutes les époques, je n'en excepte pas les poètes, qui soit comme le représentant ou le dieu lui-même de son art. Son caractère plein de douceur et d'élévation, ses inclinations nobles, qui le firent rechercher par tout ce que son époque avait d'hommes éminents, jusqu'à la beauté de sa figure et à sa passion pour les femmes, ajoutent dans l'imagination à l'attrait de ses ouvrages; ensuite sa mort prématurée, sujet de regrets éternels et qui fut un malheur public au milieu de l'époque brillante où fleurirent tous les beaux génies de l'Italie.

Raphaël n'a pas plus qu'un autre atteint la perfection; il n'a pas même, comme c'est l'opinion commune, réuni à lui seul le plus grand nombre de perfections possibles; mais lui seul a porté à un aussi haut degré les qualités les plus entraînantes et qui exercent le plus d'empire sur les hommes: un charme irrésistible dans son style, une grâce vraiment divine, qui respire partout dans ses ouvrages, qui voile les défauts et fait excuser toutes ses hardiesses.

Le bonheur le plus rare lui fournit, dès son entrée dans la carrière, l'occasion de développer son talent, et il lui arriva' ce qui n'était possible qu'à cette époque si favorable aux arts.

Jules II avait fait décorer une partie du Vatican par tout ce qu'il y avait alors d'artistes habiles. Bramante, son architecte, lui présente un jeune homme, son neveu, et lui demande de l'employer. Après un essai magnifique qui ravit d'admiration le pape, Raphaël est chargé de la totalité des embellissements du palais. La grande âme de Jules II avait compris le génie naissant du peintre. Aussitôt sont effacées les fresques commencées ou terminées; Raphaël, qu'on chargeait, d'une si grande entreprise, n'était guère connu que par quelques peintures, dans lesquelles nous trouvons bien à présent l'aurore de ses grandes qualités, mais qui, dans les essais d'un homme encore si jeune, ne pouvaient guère passer que pour une continuation de la manière de son maître.

Je ne détaillerai pas les mérites si connus de ses célèbres fresques dont la description est partout, les bornes de cet article ne me permettant guère que lés considérations les plus générales. On sait qu'à partir du moment où sa première fresque
1 fut achevée, le succès qu'elle obtint lui valut, avec la continuation des travaux inestimables où il put se donner toute carrière, une faveur universelle qui s'attacha dès lors à tout ce qu'il produisit. La confiance dans leurs propres talents ne manque jamais aux plus modestes, mais elle est une pâture stérile et plus qu'insuffisante quand l'assentiment public ne vient pas au secours de cette foi, qui peut chanceler, faute de cet appui. Raphaël n'eut donc plus qu'à produire sans avoir à lutter contre la mode ou contre la prévention. Heureux peintre! La mode ne le trahit pas plus que son génie, Nous aurons plus d'une occasion de nous récrier sur la rareté d'une pareille rencontre.

Raphaël, tout jeune et connu à peine, n'avait pas été effrayé de se mettre du premier coup en parallèle avec les docteurs de son art, avec ceux qui avaient pour eux la vogue et l'expérience. Il ne fut pas étourdi du succès qui suivit sa tentative et de son triomphe sur ses rivaux. Dans ce qui suit, c'est toujours là même facilité, mais toujours aussi la même application. Doué de l'invention la plus heureuse, il s'aidait de tous les secours étrangers, retrempait pour ainsi dire son génie aux sources voisines de grandeur et de beauté, et se renouvelait ainsi lui-même par l'étude de l'antique et des grands artistes de l'Italie qui l'avaient précédé. Beaucoup de critiques seront peut-être tentés de lui reprocher ce qui me semble à moi la marque la plus sûre du plus incomparable talent, je veux parler de l'adresse avec laquelle il sut imiter, et du parti prodigieux qu'il tira, non pas seulement des anciens ouvrages, mais de ceux de ses émules et de ses contemporains.

Il y a plusieurs manières d'imiter: chez les uns c'est une nécessité de leur nature indigente qui les précipite à la suite des beaux ouvrages. Ils croient y rallumer leur flamme sans chaleur, et appellent cela y puiser de l'inspiration. Il leur semble aussi qu'un chef-d'œuvre est comme un grand homme, dont on dit communément qu'il appartient au monde entier; ils se font l'illusion de croire qu'en déchiquetant misérablement un ouvrage pour se l'approprier, ils ne font que rentrer dans un bien qui est à eux, qui ne leur a été ravi que parce qu'ils sont venus un peu trop tard. Même ils en veulent presque ceux qui leur ont de la sorte et à l'avance volé leurs idées.

Chez les autres, l'imitation est comme une condition indispensable du succès. C'est celle qui s'exerce dans les écoles, sous les yeux et sous la direction d'un même maître. Réussir, c'est approcher le plus possible de ce type unique. Imiter la nature est bien le prétexte, mais la palme appartient seulement à celui qui l'a vue des mêmes yeux et l'a rendue de la même manière que le maître. Ce n'est pas là l'imitation chez Raphaël. On peut dire que son originalité ne paraît jamais plus vive que dans les idées qu'il emprunte. Tout ce qu'il trouve, il le relève et le fait vivre d'une vie nouvelle. C'est bien lui qui semble alors reprendre ce qui lui appartient et féconder des germes qui n'attendaient que sa main pour donner leurs vrais fruits.

Deux hommes ont eu sur le talent de Raphaël une influence extraordinaire: Masaccio et Michel-Ange
2. Ils ont fait de lui, si on peut le dire, deux hommes différents dans les deux époques qui partagent sa vie. Parlons d'abord de Masaccio.

La postérité, qu'on dit si juste apparemment pour consoler ceux qui n'ont pas la faveur de leur siècle, a mal traité bien des hommes dignes d'un meilleur sort, ou plutôt, l'ingrate qu'elle est, elle a souvent immolé une gloire ancienne à une nouvelle. Elle a caché la figure de Masaccio derrière les rayons dont elle a entouré Raphaël; et peut-être qu'un demi-siècle plus tard, un si beau génie eût eu une destinée toute contraire. Né misérable, presque inconnu pendant la meilleure partie de sa courte vie
3, il a opéré à lui seul dans la peinture la révolution la plus importante qu'elle ait subie. C'est de lui que date la splendeur de l'école italienne. Jusque-là, elle n'avait point rencontré ce charme qui lui est particulier, des expressions vraies jointes à une grande beauté et à une grande pureté. Les mérites et les défauts des peintres italiens qui l'ont précédé se confondent avec ceux des écoles allemandes, quoique dans le Giotto, Cimabue et quelques autres un peu postérieurs, tels que Gozzoli, Orcagna, etc., la tendance vers la beauté fût déjà sensible.

Masaccio agrandit le caractère du dessin: il débarrassa ses figures de ces plis mesquins et serrés autour du corps comme des langes, qui semblaient les emprisonner plutôt que les couvrir. Il connaît les raccourcis, et ses figures ont vraiment de la vie et du mouvement. Dès lors, le retour vers la sécheresse des premiers âges fut impossible. Qui peut dire ce qu'il eût rencontré de perfections nouvelles dans un âge plus mûr; et qui affirmerait qu'il n'eût pas, effacé Raphaël lui-même? La douceur de ses mœurs et une vie presque ignorée ne purent trouver grâce aux yeux de l'envie... Le poison trancha ses jours, et il expira au milieu de ses chefs-d'œuvre, à un âge où d'autres s'essayent encore.

Il serait peut-être bien hardi de marquer sa place à côté de Raphaël, ce qu'on est tenté de faire. Si l’on remarque, combien ce dernier a profité de ses inventions; mais on peut bien dire au moins due le hasard seul a disposé des rangs. Raphaël est arrivé à ce point précis où l'art devait ouvrir tous ses trésors, à une imagination comme la sienne. Cela est si vrai, qu'à cette époque, non seulement les plus brillants génies se développèrent, mais l'impulsion fut générale vers le beau. On y découvre le talent dans la foule des simples ouvriers dont la main décorait les églises et les palais. La perfection paraît à la fois dans tous les genres, Venise a le Giorgione, le Titien et leurs élèves, qui inventent la couleur; Michel-Ange, Léonard de Vinci, le Corrège, tous génies divers paraissent, à la fois, et la virilité de leur talent semble ne pas avoir eu d'enfance. La France même se réchauffe aux rayons de cette lumière universelle, l'Italie ne peut rien mettre au-dessus des prodiges que la sculpture et l'architecture enfantent sur notre sol, dans cette brillante époque si justement appelée Renaissance. C'est bien alors que, le goût sévère des anciens fit alliance avec la hardiesse et l'imagination des gothiques. L'antique ne fut pas, comme chez nous une ridicule mascarade. On ne s'affubla pas de Grec et de Romain avec la fureur puritaine des réformateurs de la peinture moderne. La simplicité des proportions grecques s'introduisait, dans les édifices, dans les meubles et le décorations de toute espèce: elles n'avaient que plus de piquant en s'animant de tous les détails pleins de caprice de l'architecture sarrazine.

Pour ne parler que de Raphaël, qui a été comme le représentant de la peinture à cette époque, son heureuse nature lui donna toute la souplesse nécessaire pour tirer parti de ce qui avait été fait jusqu'à lui et toute la hardiesse qui fait tenter des routes nouvelles et reculer les bornes d'un art. Mais ces bornes posées par son génie et celui de ses contemporains, il dut presque les franchir. L'audace de cette époque et le génie ardent de ces grands hommes avaient conquis un monde tout entier: il n'y avait plus rien devant eux que la décadence, qui commença vite. Ce fut comme cet instant rapide d'éclat et de fraîcheur qui dure si peu chez une belle femme. Cette union de la force et de la grâce naïve ne fut qu'un éclair. La force seule demeura mais le charme tiré de la simplicité disparut sans retour, et l'enflure même ne tarda pas à succéder à la vraie grandeur. Ce ne fut pas tout à fait la faute de ces hommes rares; ce fut la nécessité des temps: c'est celle du temps qui marche toujours. Telle est aussi celle du génie, qui ne peut, rester oisif ni stationnaire.

À peine âgé de trente ans, Raphaël ayant atteint la perfection dans les peintures de Sienne, dans l'école d'Athènes, la dispute du Saint-Sacrement et tant d'autres beaux ouvrages, frappé aussi de la hardiesse de Michel-Ange, ajoute à sa manière. Les formes gigantesques prennent insensiblement la place de la simple grandeur qui brille dans les productions de son moyen style. C'est encore Raphaël; mais il semble voyager sur un sol étranger. La vue des êtres sublimes inventés par Michel-Ange l'avait ému profondément et l'avait presque fait douter de lui-même. Les peintres de Venise l'éblouissent à leur tour, et il inclinait encore vers cette nouveauté où il eût sans doute montré une supériorité remarquable, quand la mort cruelle vint interrompre une vie déjà si pleine et dont chaque jour semble marqué par un chef-d'œuvre.

Raphaël avait paru à point nommé, pour donner à l'art une magnifique impulsion, et quoique ce soit peut-être un blasphème de dire qu'il mourut à temps pour sa gloire, on peut craindre que, quelque élévation qu'il eût atteinte dans une manière nouvelle, il n'eût pas rencontré l'équivalent de ce qu'il perdait au change. Quoi qu'il en soit, rien ne montre mieux combien les qualités intellectuelles l'emportent sur celles qui sont purement d'exécution que le peu d'honneur qui fut fait à son héritage par ses disciples. C'étaient des maîtres habiles et possédant à un aussi haut degré que lui tous les procédés de l'art; mais parmi eux, il ne se rencontra pas de rival qui pût lui être comparé, même de loin, pour la création et pour la pensée. Ils gâtent et font presque haïr les mêmes choses qui nous eussent charmés sortant de ses mains. Les défauts seuls deviennent saillants, ou plutôt ils changent en défauts les qualités les plus brillantes.

À partir de cette époque, qui fut pour les arts un jour éclatant et presque sans aurore, l'inspiration diminue. Les grands artistes du siècle de Léon X avaient dû leur splendeur à l'imitation de ceux qui les avaient précédés; ceux qui suivirent se perdirent pat ce moyen. Les hommes ont un aveugle besoin de nouveauté qui les refroidit promptement sur les beaux ouvrages, et le règne n'en est pas plus long que celui des médiocres produits d'un goût dépravé. À dater du moment où une bévue de la médecine
4 qui ferait haïr la saignée dans tous les âges, arrêta le grand Raphaël au milieu de sa gloire, les grands génies ne brillent dans la peinture que comme des flambeaux dans une nuit profonde. L'admiration qu'ils inspirent ne fut plus un écho qui retentit dans tout un siècle, tel que celui de la Renaissance, où le sentiment du grand et du simple était partout. Les chefs-d'œuvre de la peinture et de la sculpture devinrent aussi insensiblement des objets d'un luxe orgueilleux, plutôt qu'une nourriture de l'âme et un besoin de l'esprit comme au temps de Raphaël. La peinture se borne peu à peu à des tableaux de chevalet, propres seulement à être placés les uns près des autres dans les galeries; mais adieu les décorations magnifiques des temples et des palais, plus de cet intérêt passionné qui jaillit d'une peinture faite pour une place, et que l'artiste a tracée sur une muraille dans l'espoir que l'impression en serait éternelle. Nous suivrons ce progrès funeste dans la vie des grands maîtres jusqu'aux époques de décadence où nous sommes arrivés et qui ne tarderont pas à faire des arts du dessin une espèce de sens perdu ou de souvenir vague, comme ceux de Pythagore quand il se rappelait ses transmigrations antérieures.

Ces idées, justes ou fausses, mais qui ne sont pas de la mauvaise humeur contre un siècle recommandable à d'autres égards s'expliqueront d'elles-mêmes par la suite. Encore quelques réflexions sur le talent de Raphaël.

C'est sans doute par un mouvement de jalousie que Michel-Ange disait que Raphaël devait tout au travail. Au contraire, tout chez lui porte l'empreinte de la facilité. Il semble qu'il n'ait jamais réfléchi un instant pour produire; ses moyens d'exécution même ne semblent soumis à aucun calcul. La main a obéi, comme par instinct, à une abondance d'idées prodigieuses si grande que le choix était impossible. De tous les aspects sous lesquels on peut saisir une chose, Raphaël réalisait le premier qui s'offrait à lui, embarrassé qu'il eût été de prendre un parti au milieu des richesses de son imagination et avec cela la sobriété la plus merveilleuse, une mesure constante, jamais d'extravagance, de trivialité, de bassesse: je n'entends pas de celle que certains critiques croient voir dans un nez fait de telle ou telle manière et plus ou moins conforme à l'antique, personne plus que Raphaël n'ayant usé librement de toutes les formes de la nature. Il plaçait la noblesse dans la propriété de chaque chose, dans sa convenance, dans le juste rapport de l'ensemble et des détails.

Sa dignité n'est pas la dignité un peu théâtrale du Poussin, dans laquelle il semble toujours que le peintre avait besoin d'un certain effort pour soutenir un ton qui ne lui est pas familier. Ce n'est pas la grâce élevée, mais quelquefois mignarde, de Léonard de Vinci; c'est une élégance dont le modèle n'est nulle part; une verve pudique, si l'on ose le dire une manifestation terrestre d'une âme qui converse avec les dieux. Ce n'est pas la pompe, l'éclat d'idées, la profusion quelquefois indiscrète, des peintres vénitiens. Dans ses dispositions les plus simples, comme dans ses vastes compositions pleines de majesté, son esprit répand partout, avec la vie et le mouvement, l'ordre le plus parfait, une harmonie enchanteresse.

Il n'est jamais banal. On ne trouve point chez lui de ces figures, que je ne sais quel autre peintre appelle plaisamment figures à louer, espèce de remplissages insipides qu'on rencontre dans tant de tableaux. Il n'a pas attaché une importance extrême à ce que toutes les parties de ses peintures fussent traitées ou terminées avec un soin excessif, car ce scrupule se rencontre plus souvent qu'on ne pense avec l'absence de toute expression. Il a seulement voulu que rien n'y fût froid et inutile, que rien ne s'en pût détacher pour être appliqué à volonté ailleurs. C'est ainsi qu'il faut entendre ce, mot de lui à un homme curieux qui lui demandait s'il pouvait, se rendre compte des moyens qui l'avaient élevé si haut: il lui dit que c'était «en ne négligeant rien».



Notes
1. C'est, celle de La Dispute du Saint-Sacrement, appelée ainsi je ne sais pourquoi. C'est une réunion de docteurs, d'évêques, de Pères de l'Église, personnages enclins à la dispute, à la vérité, mais qui, dans l'œuvre de Raphaël, sont assis paisiblement, et semblent même à peine attentifs à la présence de la Trinité, figurée au-dessus d'un autel. Tout cela ne semblera peut-être pas composer un tableau bien expressif ni bien intéressant; mais la peinture, qui a ses bornes, a aussi des sources de plaisir inconnues en poésie, trésors dont celle-ci n'approcherait qu'en faussant sa destination.

2. Le lecteur sentira qu'il ne faut pas confondre ces deux grands artistes avec la foule de ceux que Raphaël a fait oublier en les imitant. Pour Michel-Ange, cela va sans dire; mais, pour ce qui concerne Masaccio, il est nécessaire d'insister sur cette remarque, parce qu'il est moins généralement connu et moins apprécié. Raphaël lui doit des inspirations charmantes. Dans ses fameux cartons d'Hampton ­Court, notamment, il lui a emprunté des figures entières sans en changer la moindre intention.

3. Il mourut à vingt-sept ans, et l'on ne sait pas même son nom de famille. Masaccio est une espèce de sobriquet à l'italienne, qui vient de Tomaso, Thomas. Il emporte même une idée de ridicule et de mépris; ce qui vient, à ce que croient les historiens, de ce que Masaccio était négligé dans ses vêtements et sur sa personne, par suite de son application excessive au travail.

4. On croit communément que Raphaël mourut d'épuisement, après une partie de débauche. C'est un conte qu'il est bonde démentir. Les historiens les plus rapprochés de lui ne font mention que d'une saignée faite mal à propos.

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