Pas de pilule miracle

Jean Hamann
Une équipe de chercheurs de l'Université Laval vient de publier dans The American Journal of Cardiology, les résultats d'une étude maison qui ne permet pas d'établir une relation positive entre l'utilisation d'un médicament prescrit pour abaisser le mauvais cholestérol dans le sang, l'Atorvastatin et l'augmentation de la capacité cardiquaque. Article publié dans le journal Au fil des événements, Université Laval, édition du 29 janvier 2004
Les médicaments anti-cholestérol améliorent le profil des lipides sanguins et la réponse physiologique des artères, mais ils n'augmentent pas — du moins pas à moyen terme — la capacité de travail du coeur des personnes atteintes de maladies cardiovasculaires, rapporte une équipe de la Faculté de médecine, dans un récent numéro de The American Journal of Cardiology. Peter Bogaty, Gilles Dagenais, Paul Poirier, Luce Boyer, Lucie Auclair, Guylaine Pépin, Jean Jobin et Marie Arsenault, du Centre de recherche de l'Hôpital Laval, arrivent à cette conclusion après avoir étudié l'effet de l'Atorvastatin, un médicament qui abaisse le niveau de mauvais cholestérol sanguin, sur différents paramètres indicatifs de la santé du système cardiovasculaire.

Pour faire cette démonstration, les chercheurs ont soumis à une batterie de tests 17 patients souffrant d'un rétrécissement des artères coronaires (blocage de 70 % et plus) et d'angine de poitrine avant qu'ils ne commencent la prise du médicament. Les mêmes analyses répétées un an plus tard ont révélé que le traitement avait réduit respectivement de moitié et du tiers les taux de mauvais cholestérol et de triglycérides sanguins. Par ailleurs, les examens échographiques de l'artère brachiale, avant et après administration de produits vasodilatateurs, ont révélé une amélioration significative de sa capacité de dilatation. «Ce test indique qu'il y a une amélioration de la réponse endothéliale des artères», commente Peter Bogaty.

Par contre, un test de condition physique effectué sur tapis roulant a produit des résultats beaucoup moins spectaculaires: la capacité de travail du coeur, le niveau d'effort seuil où survient l'angine de poitrine et le temps de récupération après exercice sont demeurés inchangés. «Nous n'écartons pas la possibilité que la période d'un an soit trop courte pour que nous puissions observer des changements importants dans la réponse des sujets à l'effort physique, reconnaît Peter Bogaty. Ou encore que le médicament ait permis de freiner une détérioration de la condition des patients sur une période d'un an. Par contre, il se peut que le médicament n'ait tout simplement pas d'effet parce que les blocages sont trop sévères.»

Selon le chercheur, les résultats obtenus avec l'Atorvastatin peuvent être extrapolés aux autres médicaments anti-cholestérol de la famille des statines. «Nos conclusions ne signifient pas que ces médicaments sont inutiles, insiste-t-il. Des études antérieures ont clairement démontré qu'ils réduisaient les risques d'accidents cardiaques. Les compagnies qui fabriquent ces médicaments auraient sûrement aimé que nous prouvions que leurs produits pouvaient aussi améliorer la réponse à l'effort, mais ce n'est pas ce que nous avons observé.»

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