Francine Pelletier et Le Devoir

St-Onge Jean-Claude

Notes liminaires sur l’efficacité des vaccins et la liberté d’expression

J.-Claude St-Onge, auteur de L’envers de la pilule. Les dessous de l’industrie pharmaceutique; Les dérives de l’industrie de la santé; DSM : fiabilité et validité des diagnostics; Tous fous? L’influence de l’industrie pharmaceutique sur la psychiatrie; TDAH? Pour en finir avec le dopage des enfants.

Professeur de philosophie et d’économie à la retraite (difficile à congédier), ni médecin, ni épidémiologiste, qui a bénéficié pendant 25 ans des conseils d’un excellent professeur privé en la personne d’un médecin pharmacologue.

À la suite de la publication d’un article paru le 26 janvier 2022, la direction du Devoir estimait que les contributions de la chroniqueuse chevronnée Francine Pelletier n’étaient plus requises.

Son article faisait la synthèse d’un texte du docteur Doidge questionnant le récit dominant entourant la pandémie. Si certains propos de ce psychiatre ontarien sont contestables, notamment l’affirmation que la recherche sur les traitements fut délaissée au profit des vaccins, mon objectif n’est pas ici d’en faire la critique.

Après l’échec de plusieurs tentatives de téléchargement, l’article de Mme Pelletier, semble devenu indisponible sur le site du journal.

Dans un texte intitulé « Mise au point », la direction reproche à Mme Pelletier de manquer de nuances et de précision et d’affirmer à tort que Pfizer n’a pas publié son essai clinique (https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/664773/la-pandemie-revue-et-corrigee).

Cette décision invoquait la science, qu’il faut distinguer de ceux et celles qui s’en font les porte-paroles. Amalgamer la science avec les scientifiques qui la représentent n’est pas sans ressembler à Staline qui se prenait pour la classe ouvrière.

D’après la direction du journal, Mme Pelletier : 1 ; n’a pas précisé que la fluvoxamine fait l’objet d’une controverse, 2 ; elle aurait faussement affirmé que Pfizer n’a pas publié son essai clinique, 3 ; elle omettait d’indiquer que la baisse de couverture du vaccin de 39% à 42% s’appliquait au cas israélien avec l’arrivée du variant Delta, 4 ; elle a oublié de préciser que cette étude n’a pas été révisée par les pairs, 5 ; elle a omis de préciser que l’efficacité des vaccins après la deuxième dose était au départ de 95% contre les formes graves de la covid-19, 6 ; elle a omis de mentionner qu’après la deuxième dose au Québec, les vaccins ont une efficacité de 85% contre les hospitalisations et la mortalité.

Reprenons chacun de ces points.

CONTROVERSE AUTOUR DE LA FLUVOXAMINE

Le petit nombre d’études sur la fluvoxamine, nom générique de l’antidépresseur Luvox, se contredisent. Une méta-analyse évoque un effet somme tout modeste qu’il conviendrait de confirmer ou d’infirmer et de mettre en balance avec les préjudices fréquents causés par les antidépresseurs. Convenons que Mme Pelletier aurait dû préciser que les conclusions au sujet de la fluvoxamine ne sont pas irrévocables, mais cette omission ne justifie en rien le châtiment qui lui a été réservé.

S’il fallait congédier les journalistes qui omettent précisions et nuances, il y a longtemps que les journaux et les médias électroniques auraient mis la clef dans la porte. Laisser tomber certaines nuances est le sort qui attend presque tous les journalistes qui écrivent sur des sujets complexes et sont prisonniers de ces inévitables et agaçantes contraintes d’espace. D’ailleurs, la « Mise au point » de la direction fait preuve du même travers que celui qui est reproché à Mme Pelletier et je suis convaincu que l’article que vous avez sous les yeux ferait l’objet des mêmes remontrances.

Je souligne au passage que les plus grands experts, notamment ceux de l’OMS ont fait mieux que manquer de nuances et n’ont pas été licenciés ou remplacés pour autant. Le directeur de l’OMS est toujours en poste.

Les experts se sont contredits sur le port du masque, les aérosols, la durée de vie du virus sur les objets, les origines du covid-19, l’incidence des thromboses atypiques, l’équivalence des vaccins, etc., etc. La liste est longue. Quant aux prévisionnistes, leurs modèles étaient à peu près aussi fiables que l’horoscope. Au Québec, ils prédisaient jusqu’à 35 000 hospitalisations au cours de la première vague.

LA PUBLICATION DE L’ESSAI CLINIQUE DE PFIZER

Rigoureusement parlant, Pfizer n’a pas publié l’essai clinique de son vaccin cominarty, mais un résumé de quelques pages. Cette question n’est pas une affaire de sémantique mais une question vitale, comme nous le verrons et il importe de distinguer la partie du tout.

Il y aurait beaucoup à redire au sujet de cet essai clinique de courte durée dans lequel les vieux de plus de 75 ans— j’en suis, modèle 1941— ne représentaient que 4% des participants alors qu’ils sont les plus fortement impactés par le virus.

Les documents du fabricant pour obtenir sa demande d’autorisation pour utilisation d’urgence auprès de la FDA, comptaient 392 000 pages. Un groupe de médecins et de professionnels en santé publique a présenté une demande d’accès à ces documents. Dans un premier temps la FDA exigeait un délai de 75 ans pour tout divulguer; sous la pression, elle réduisait ce délai à 55 ans, juste à temps pour le tricentenaire des États-Unis. Finalement, la justice l’obligeait à tout dévoiler en huit mois.

La « Mise au point » reprend les arguments des grandes pharmaceutiques à l’effet que ces documents doivent rester secrets pour protéger la composition des vaccins. Ces demandes ne s’intéressent pas à la composition des médicaments. L’intérêt pour ces documents provient d’une longue expérience qui se décline en analyses comptant des millions de pages, analyses démontrant à quel point les documents publiés par l’industrie surestiment l’efficacité des médicaments et sous-estiment leurs effets indésirables.

Les fabricants organisent et communiquent les résultats des essais cliniques et sont à la fois juge et partie. L’information contenue dans les documents publiés est sélectionnée de façon à présenter leurs produits sous leur meilleur jour et sont conçus pour maximiser les ventes. D’ailleurs, la loi est claire, les entreprises ont la responsabilité de maximiser les avoirs des actionnaires.

C’est ainsi que les informations accessibles aux médecins et au public sont incomplètes et biaisées la plupart du temps. Les parties occultées des essais cliniques sont une mine de renseignements vitale pour l’évaluation de l’efficacité et l’innocuité des produits de santé. J’y reviens.

LES ÉTUDES ÉVOQUANT LA PERTE D’EFFICACITÉ CONTRE LES INFECTIONS ET LE CAS ISRAÉLIEN

On semble reprocher à Mme Pelletier d’avoir repris la référence de l’article du docteur Doidge évoquant une baisse de couverture du vaccin en Israël autour de 39% à 42%. On devine qu’il s’agirait de la protection contre les infections et qu’Israël serait un cas isolé.

Plusieurs études démontrent l’effritement de l’efficacité des vaccins contre l’infection et la transmission du virus. Des articles concernant le Royaume-Uni, l’Angleterre, le Qatar et Israël, ont été publiés dans le New England Journal of Medicine (NEJM) et The Lancet Infectious Diseases, entre octobre 2021 et février 2022. Vu le délai entre le moment où la recherche fut menée et la publication des résultats, Delta était  prédominant, Omicron ayant été identifié pour la première fois le 24 novembre 2021.

Un article publié dans le NEJM au sujet du cominarty, dévoilait que le pic de protection contre l’infection atteignait 77,5% au cours du premier mois après la deuxième dose et cette efficacité avait diminué à 20% dans les cinq à sept mois suivant la deuxième dose (https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2114114).

Une étude, menée par des chercheurs indépendants et publiée en février 2022 dans le Lancet, arrive à des conclusions similaires pour la Suède. Bien que l’efficacité diffère selon le type de vaccin, en moyenne l’efficacité relative des vaccins chutait à 23% après sept mois; celle du vaccin d’AstraZeneca était indétectable après 12 à 16 semaines et pourrait atteindre 0%. (https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(22)00089-7/fulltext).

LA RÉVISION PAR LES PAIRS

Un article du Journal of the Royal Society of Medicine est coiffé du titre évocateur : « Révision par les pairs, un processus vicié au cœur de la science et des journaux » (ma traduction).

Un spécialiste de l’Université de Montréal confiait au Devoir du 7 février 2022 : « Un article scientifique qui n’a pas été revu par les pairs vaut « à peu près » la même chose qu’un article publié dans une revue prestigieuse… » (https ://www.ledevoir.com/recherche?expression=LE+COURRIER+DU+CORONAVIRUS+7+F%C3%89VRIER+2022).

Le British Medical Journal a expédié à de nombreux réviseurs des études dans lesquelles les rédacteurs du journal avaient glissé plusieurs erreurs. Certains réviseurs ont été incapables d’en repérer une seule et la plupart en ont découvert environ le quart. En outre, le processus de révision ne s’est pas avéré la bonne méthode pour détecter les fraudes (https ://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1420798/#:~:text=Some%20reviewers%20did%20not%20spot,because%20it%20works%20on%20trust).

UNE EFFICACITÉ DE 95% AU DÉPART APRÈS DEUX DOSES CONTRE LES FORMES GRAVES

La chronique de Mme Pelletier a omis de préciser que l’efficacité du vaccin après deux doses était de 95% au départ contre les formes graves.

Pour les besoins de la démonstration, mettons pour l’instant entre parenthèses la question de savoir si ce 95% réfère à la protection contre les infections ou les formes graves pour se concentrer sur la signification de ce 95%. Disons immédiatement que l’efficacité dont il est question est l’efficacité relative. Cette façon de présenter les choses laisse croire que plus de 9 personnes vaccinées sur 10 seront protégées?

Ce taux d’efficacité est obtenu en comparant le nombre d’infections chez les sujets vaccinés au nombre d’infections chez les non-vaccinés. Il y eut 162 infections dans le groupe placebo contre 8 dans le groupe vacciné. Selon la formule consacrée, ce nombre est obtenu en soustrayant 8 de 162, divisé par 162, multiplié par 100 pour obtenir un pourcentage; la formule classique est disponible à l’adresse suivante (https://en.wikipedia.org/wiki/Vaccine_efficacy).

Pour comprendre en quoi consiste l’efficacité dont il est question prenons un exemple fictif, proche de la réalité. Au cours d’un essai clinique vous traitez 100 personnes à risque cardiovasculaire et un nombre égal de participants reçoivent un placebo. Dans le groupe traité, une seule personne subit un événement cardiovasculaire; dans le groupe placebo deux personnes en sont victimes. L’efficacité relative du médicament, exprimée en pourcentage, est de 2-1 X 100, soit 50%. Qu’en est-il de son efficacité absolue? Elle est de 2-1, soit 1 sur cent. Autrement dit, il faut traiter 100 personnes pour qu’une seule bénéficie du médicament.

Un exemple réel

L’hypercholestérolémie est un facteur de risque controversé et ce n’est pas le lieu ici de trancher cette polémique. L’essai clinique d’une durée de deux ans du Crestor, un réducteur de cholestérol, permettait au fabricant d’affirmer que son médicament réduisait de 57% le risque d’épisode coronarien grave (angine instable, crise cardiaque, stent, pontage). C’est l’efficacité relative.

Or, le taux de problèmes coronariens fut de 2,8% dans le groupe placebo et de 1,6% dans le groupe traité. L’efficacité absolue du médicament était de 2,8-1,6, soit 1,2%, ce qui est le vrai taux de protection. Par conséquent 1 patient sur 83 sera protégé.

Les grands médias sont restés muets au sujet de cette différence. L’efficacité relative est un outil de marketing imbattable et il arrive assez fréquemment que les torts causés par les médicaments soient présentés en termes absolus. C’est ce qui fit le fabricant du Crestor quand il s’est agi de présenter les risques de contracter le diabète à la suite de la prise de son médicament (http://agora.qc.ca/dr-pierre-biron/cui-cui-5-efficacite-relative-ou-absolue-du-vaccin-ca-fait-toute-la-difference).

Une information incomplète

Deuxièmement, l’information transmise par la voie des journaux médicaux est la plupart du temps incomplète, biaisée, voire manipulée. En matière d’essais cliniques il existe un énorme déficit de transparence. Une équipe allemande a exceptionnellement pu mettre la main sur les données non-publiées de 101 essais cliniques. Une comparaison des données publiées aux données inédites, révélait que seulement 39% de l’information était disponible dans les journaux médicaux et les registres gouvernementaux, que fort peu de gens lisent au complet, se contentant souvent des résumés ou de l’opinion d’experts (http ://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1001526).

Les parties occultées des essais cliniques constituent une mine de renseignements indispensables pour établir l’efficacité et l’innocuité des produits de santé. Plusieurs experts présents sur toutes les plateformes, sont liés financièrement à l’industrie et les opinions qu’ils émettent sont teintées par ces liens. L’argent, expliquait Shakespeare, est un puissant solvant, il dissout jusqu’aux consciences.  

Après de longues et difficiles démarches des chercheurs indépendants ont obtenu les études non publiées au sujet du Tamiflu. D’après le fabricant, cet antiviral acheté à coups de milliards par les gouvernements, permettait d’éviter les complications liées au virus de l’influenza, notamment les hospitalisations. Or, les données non publiées de la compagnie contredisaient cet énoncé.

Des chercheurs ont obtenu les données non publiées des essais cliniques qui testaient l’antidépresseur Paxil auprès des adolescents. Un article dans un journal médical, signé par 22 experts, dont certains avaient reçu des dizaines de milliers de dollars, soutenait que le Paxil est « efficace et sécuritaire » pour traiter la dépression chez les adolescents. Or, l’analyse des données gardées secrètes, publiée dans le British Medical Journal, dévoilaient que le médicament n’était pas plus efficace qu’un placebo. Par ailleurs, 11 des 93 adolescents qui testaient le Paxil ont développé des idées et/ou des comportements suicidaires et plusieurs ont été hospitalisés (https://www.bmj.com/content/351/bmj.h4320#:~:text=Principal%20findings%20and%20comparison%20with,in%20harms%20with%20both%20drugs).

Dans les documents du fabricant pour obtenir une demande d’approbation auprès de la FDA, ces comportements étaient déguisés sous l’appellation « labilité émotionnelle », expression qui intrigua les scientifiques de l’agence. Après avoir demandé des précisions sur la signification de cette expression sibylline, la réponse du fabricant : idées et comportements suicidaires. Finalement, l’agence concluait à l’absence de tout bénéfice du médicament pour les adolescents.

L’article frauduleux qui concluait à l’efficacité et l’innocuité de cet antidépresseur n’a jamais été retiré de la circulation et il est encore prescrit aux adolescents.

La plupart des études négatives ne sont pas publiées. Grâce à une demande d’accès à l’information, des chercheurs ont obtenu de la FDA, les études des fabricants d’antidépresseurs.

Un article paru dans le NEJM, montrait que sur les 74 études soumises à l’agence pour approbation des nouveaux antidépresseurs, 38 étaient positives et 36 étaient négatives. Or, 37 des 38 études positives ont été publiées contre trois études négatives qui ont fait l’objet d’une publication (http ://opentrials.net/2016/08/10/opentrialsfda-unlocking-the-trove-of-clinical-trial-data-in-drugsfda).

C’est ce qu’on appelle le biais de publication. Ces données sont d’autant plus inquiétantes que les fabricants peuvent organiser cinq, six essais cliniques et bien davantage comme ce fut le cas pour certains des nouveaux antidépresseurs. Si cinq essais sont négatifs et deux sont positifs, ils présenteront ces deux derniers aux agences sanitaires.   

AU QUÉBEC : APRÈS SIX MOIS, UNE EFFICACITÉ DE 85% CONTRE LES HOSPITALISATIONS ET LA MORT. LES REMARQUES DU PDG DE PFIZER

Le portrait qui se dégage quant à l’efficacité des vaccins contre les formes graves de la maladie est plus embrouillé que celui de l’efficacité contre les infections et il est difficile de trouver des études comparables. Celles qui révèlent une perte d’efficacité modeste sont généralement commanditées par les fabricants, alors que les études indépendantes donnent un autre son de cloche. 

Le PDG de Pfizer

Jusqu’à récemment, les vaccins ont offert une protection relative contre les formes graves de la maladie. Cependant, qu’en sera-il-demain? Albert Bourla, PDG de Pfizer, se posait, si l’on peut dire, la même question. 

En entrevue à CNBC le 10 janvier 2022, il déclarait : « …la protection contre les hospitalisations et la maladie grave, c’est, c’est (sic) raisonnable à l’heure actuelle, avec les vaccins dont nous disposons dans la mesure où vous allez chercher, disons une troisième dose » (cnbchttps ://www.cnbc.com/2022/01/10/first-on-cnbc-cnbc-transcript-pfizer-chairman-and-ceo-albert-bourla-speaks-with-cnbcs-squawk-box-today.html).

De telles précautions oratoires et plutôt vagues (à « l’heure actuelle », « raisonnable », « disons ») sont révélatrices. Si la troisième dose protège à l’heure actuelle contre les formes graves de la maladie, qu’en sera-t-il dans trois, dans six mois, particulièrement au vu des nouveaux variants qui ne semblent pas vouloir prendre de vacances? Au Québec, les hospitalisations au cours de la cinquième vague n’étaient pas loin du double de celles qu’on a connues lors de la première vague.  

Faudra-t-il une quatrième dose? À cette question, Bourla répond : « Et laissez-moi commencer en disant que j’ignore s’il y a besoin d’un quatrième rappel (booster) ». Il parlait sans doute d’une quatrième dose comme l’indique le contexte.

Plusieurs spécialistes craignent un affaiblissement permanent du système immunitaire avec la multiplication des doses, sans compter les effets indésirables des vaccins que plusieurs experts nient ou sous-estiment systématiquement comme on l’a vu avec les thromboses. Les premières données sur les thromboses liées au vaccin d’AstraZeneca faisaient état d’un cas par million alors que les études subséquentes établissaient l’incidence autour d’un cas par 25 000 à 50 000. La science s’accommode mal de la vitesse.

Il est légitime de se demander si l’efficacité des vaccins contre les formes graves de la maladie est si élevée, pourquoi une troisième dose, voire une quatrième dose serait-elle nécessaire? Invoquer les nouveaux variants n’est pas une réponse convaincante.

            La protection contre les formes graves de la maladie

Selon des études récentes, la protection contre les formes graves de la maladie se « maintient mieux » que la protection contre les infections, mais cette protection s’érode lentement. Selon les données actuelles, la troisième dose procure un surplus de protection en augmentant les taux d’anticorps. Mais si l’efficacité de la deuxième dose s’effrite avec le temps, quelles garanties avons-nous qu’il n’en sera pas ainsi avec la troisième dose (voir ci-après), entre autres parce les vaccins ont été conçus pour la souche originelle?

Des études concernant le Brésil et l’Écosse ont rapporté une baisse d’efficacité du vaccin d’AstraZeneca, contre les formes graves après trois mois. L’étude indépendante à laquelle je faisais référence montre que la protection du comirnaty en Suède, après la deuxième dose, est passée de 89% à un mois pour atteindre 64% après quatre mois. On ne s’étonnera pas si une étude commanditée par Pfizer BioNTech, dont plusieurs auteurs sont des employés de la multinationale, affiche une efficacité qui atteindrait 84% après quatre mois (https ://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa2110345NEJM).

Le COVID-19 Surveillance Report, Week 51, de l’Agence de sécurité de la santé de Grande-Bretagne a calculé les taux d’admission aux urgences par 100 000 personnes selon l’âge et le statut vaccinal. Ajoutons que la Grande-Bretagne est en « avance » sur le Québec (https ://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/1043608/Vaccine_surveillance_report_-_week_51.pdf).

Ce rapport couvre les semaines du 22 novembre au 19 décembre 2021, une période postérieure à celle couverte par les études susmentionnées, alors que le nombre d’infections liées à Omicron doublait tous les jours au début de décembre. Je souligne une des limites de cette analyse dans la mesure où elle ne spécifie pas la durée du séjour à l’hôpital, ni la gravité des symptômes, ni le ou les diagnostics du patient au moment de son admission.

Malgré les difficultés d’interprétation de ces données, notamment en raison des différences entre vaccinés et non-vaccinés, différences qui ne se limitent pas au statut vaccinal, elles constituent un signal qu’il ne faut pas prendre à la légère. À partir des tableaux de la page 40, on constate que les taux d’admission aux urgences par 100 000 personnes (et non le nombre brut) des 50 ans et plus des vaccinés deux doses sont de 5,95 à 6,31 fois plus élevés que ceux des non-vaccinés. Ce rapport s’inverse chez les 0 à 49 ans dont les taux d’hospitalisations des non-vaccinés sont de 2,61 à 4,35 fois plus élevés que ceux des vaccinés.

Cette même source a évalué les taux d’admission aux urgences pour la période du 16 janvier au 6 février 2022 après trois (3) doses, alors qu’Omicron prédominait. En moyenne, chez les personnes de 50 ans et plus ayant reçu 3 doses, 128,5 personnes sur 100 000 ont été admises à l’urgence avec un diagnostic de covid, contre 389,1 pour les non-vaccinés. Proportionnellement, trois fois plus de non-vaccinés que de vaccinés ont été hospitalisés (COVID-19 vaccine surveillance report Week 6, 10 February 2022).

Bien que la comparaison ne soit pas parfaite, nous sommes loin des propos d’un ministre qui confiait au Devoir, en septembre 2021, que les non-vaccinés étaient 32,8 fois plus à risque d’être hospitalisés que ceux et celles ayant reçu 2 doses. Les données actuelles indiquent que si les vaccins protègent contre les formes graves de la maladie, cette protection est temporaire et ne constitue pas une panacée ou la clé pour sortir de ce cauchemar comme on l’entend trop souvent.

            L’exemple de l’Écosse

L’Écosse est le pays qui publie — ou publiait — probablement les meilleures données concernant la covid.

Le dernier rapport des autorités sanitaires écossaises compare les données par 100 000 personnes au sujet des hospitalisations en soins aigus et de la mortalité chez les non-vaccinés d’une part et les vaccinés 2 et 3 doses (https://publichealthscotland.scot/media/11619/22-02-09-covid19-winter_publication_report.pdf). Ces données comportent leurs propres limites notamment parce que seuls ceux et celles qui s’avéraient positifs à un test PCR ont été pris en compte.

Pour la période du 8 janvier au 4 février 2022, les vaccinés 2 doses par 100 000 personnes sont 1,11 à ,47 fois plus susceptibles d’être hospitalisés que les non-vaccinés. La donne change avec la troisième dose : les non-vaccinés sont 2,60 à 4,59 fois plus susceptibles d’être hospitalisés.

Sur le plan de la mortalité, les vaccinés 2 doses par 100 000 personnes sont de 1,25 à 2,18 fois plus susceptibles de mourir que les non-vaccinés. La troisième donne un supplément de protection : les non-vaccinés sont de 4,61 à 17,15 fois plus susceptibles de décéder.

Il semble que ces données soient devenues gênantes. D’après le Evening GlasgowTimes du 17 février 2022, les données sur la covid ne seront plus publiées car elles pourraient faire le jeu des antivaccins. Le 20 février le New York Times révélait que le Centers for Disease Control refusent de publier les dernières données au sujet des hospitalisations et de la mortalité. Si les choses étaient expliquées clairement on suppose que les gens seraient assez intelligents pour comprendre.

UN MEILLEUR VACCIN 

Le codécouvreur du vaccin contre l’Ébola et conseiller auprès de l’OMS, Gary Kobinger qui enseignait à l’Université Laval, estimait dans une entrevue au Devoir du 14 janvier 2022, que les vaccins actuels n’empêchent pas la réplication du virus. Bien qu’ils réussissent à « diminuer la maladie et à sauver des vies », ils ne nous permettront pas « de sortir de la pandémie ». Les vaccins actuels ne sont la voie royale pour en finir avec ce cauchemar; Kobinger suggère d’investir dans de nouveaux vaccins universels.

Un dernier point. Un article du Lancet signale : « L’impact de la vaccination sur la transmission communautaire ne semble pas significativement différent de l’impact des non-vaccinés ». La communication personnelle d’un médecin ayant œuvré au sein de la collaboration Cochrane indiquait que 93% des ontariens admis aux soins intensifs étaient adéquatement vaccinés. Bien que les non-vaccinés soient proportionnellement plus à risques de développer des formes graves de la maladie, contrairement aux élucubrations des chasseurs de boucs-émissaires, la pandémie n’est pas une pandémie de non-vaccinés (https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(21)00768-4/fulltext#:~:text=Transmissibility%20of%20SARS%2DCoV%2D2%20among%20fully%20vaccinated%20individuals).  

ÉPILOGUE

Comme il est de mise depuis un certain temps, passons au confessionnal, ce rituel qui nous terrifiait tant   dans nos jeunes années. Je suis adéquatement vacciné, en public je porte un masque médical doublé d’un masque en tissu et en raison de mon âge je me tiens à carreau. Je n’ai jamais rencontré ni parlé à Mme Pelletier.

La direction du Devoir laisse entendre que l’article de Mme Pelletier bafouait la science et manquait de nuances. Son geste intempestif était tout sauf nuancé.

Loin de bafouer la science, sa chronique pratiquait une activité prisée des scientifiques en questionnant les affirmations de certains représentants de la science, ces humains, trop humains, qu’on a parfois tendance à élever au rang de divinités et qui ont souvent des intérêts financiers inavouables …  à l’instar des scientifiques embauchés par l’industrie du tabac, qui ont livré pas moins de 6400 articles niant tout effet indésirable du tabac.

La science est un processus complexe qui s’accommode mal de la vitesse, se nourrit de lenteur et n’aime pas céder à la panique. C’est tout le contraire de ce que nous observons depuis deux ans, sans oublier que la vitesse tue parfois. Et puisque nous en parlons, c’est à une vitesse affolante que la science a été mise à mal, que la vérité et la liberté d’expression ont été écorchées durant cette pandémie.

Avertissement : ce texte ne constitue en aucune façon un conseil ou un guide médical.

J.-Claude St-Onge, auteur de L’envers de la pilule. Les dessous de l’industrie pharmaceutique; Les dérives de l’industrie de la santé; DSM : fiabilité et validité des diagnostics; Tous fous? L’influence de l’industrie pharmaceutique sur la psychiatrie; TDAH? Pour en finir avec le dopage des enfants.

Professeur de philosophie et d’économie à la retraite (difficile à congédier), ni médecin, ni épidémiologiste, qui a bénéficié pendant 25 ans des conseils d’un excellent professeur privé en la personne d’un médecin pharmacologue.

Extrait

L’Écosse est le pays qui publie — ou publiait — probablement les meilleures données concernant la covid.

Le dernier rapport des autorités sanitaires écossaises compare les données par 100 000 personnes au sujet des hospitalisations en soins aigus et de la mortalité chez les non-vaccinés d’une part et les vaccinés 2 et 3 doses (https://publichealthscotland.scot/media/11619/22-02-09-covid19-winter_publication_report.pdf). Ces données comportent leurs propres limites notamment parce que seuls ceux et celles qui s’avéraient positifs à un test PCR ont été pris en compte.

Pour la période du 8 janvier au 4 février 2022, les vaccinés 2 doses par 100 000 personnes sont 1,11 à ,47 fois plus susceptibles d’être hospitalisés que les non-vaccinés. La donne change avec la troisième dose : les non-vaccinés sont 2,60 à 4,59 fois plus susceptibles d’être hospitalisés.

Sur le plan de la mortalité, les vaccinés 2 doses par 100 000 personnes sont de 1,25 à 2,18 fois plus susceptibles de mourir que les non-vaccinés. La troisième donne un supplément de protection : les non-vaccinés sont de 4,61 à 17,15 fois plus susceptibles de décéder.

Il semble que ces données soient devenues gênantes. D’après le Evening GlasgowTimes du 17 février 2022, les données sur la covid ne seront plus publiées car elles pourraient faire le jeu des antivaccins. Le 20 février le New York Times révélait que le Centers for Disease Control refusent de publier les dernières données au sujet des hospitalisations et de la mortalité. Si les choses étaient expliquées clairement on suppose que les gens seraient assez intelligents pour comprendre.




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