La musique et la vie

Naissance de la musique

La musique n'a plus de frontières. Orphée ne chantent plus seulement pour Euridyce, il charme tous les hommes. Ceci grâce aux progrès accomplis dans la technicisation du son. Nous savons tous que la musique perd de sa qualité au fur et à mesure qu'elle s'éloigne de l'intimité et du naturel de ses origines. C'est la raison pour laquelle certains mélomanes raffinés reviennent à l'analogique, Jusqu'où peut aller la technicisation sans faire perdre son âme à la musique? Un rappel des origines de la musique peut nous aider dans cette réflexion.

Comment est née la musique? Vaste question qui relève davantage de l'ethnologie et de la philosophie que de l'histoire de la musique. C'est peut-être par accident que les chasseurs de la préhistoire ont découvert que le feu pouvait, en les rôtissant, améliorer la saveur des viandes. Mais n'ont-ils pas d'abord été sensibles à la calme ivresse que procure l'odeur de la fumée? L'instinct chez l'homme, est inextricablement mêlé aux besoins de l'esprit.

De même, les premiers sons ont-ils été émis pour des raisons pratiques de communication ou pour s'enchanter soi-même? Pour imiter le chant des oiseaux ou le grognement des bêtes? Pour calmer un enfant fiévreux ou endormir une douleur? Orphée, le mythique inventeur de la lyre, charmait les animaux, les plantes et même les pierres. La première danse est-elle née de l'impulsion produite par les premiers rythmes? Ou les cadences du danseur ont-elles déclenché le désir de les accompagner par le battement des mains ou le sifflement de la voix? Quelle que soit l'opinion retenue, elle ne peut être qu'une conjecture parmi d'autres. Voici celle d'Alain*: «A la chasse, il est nécessaire que les chasseurs s'avertissent de loin; ils ont commencé sans doute par crier en arrondissant leurs mains autour de leur bouche; puis ils ont fait des porte-voix en écorce et en métal; et là-dedans ils mugissaient en ne gardant de la voix ordinaire que l'aigu et le grave, joint à un rythme. C'est alors que la physique a réglé et comme filtré ces cris-là; car un tuyau ne renforce pas également tous les sons, mais seulement ceux qu'on appelle harmoniques; et, comme ceux-là s'entendaient mieux que les autres, on a appelé bons crieurs et maîtres dans l'art de crier ceux qui poussaient ces sons-là; c'est ainsi que le porte-voix est devenu peu à peu trompette, cor de chasse, clairon, en même temps que l'art de crier devenait l'art de chanter; toute notre musique est bâtie sur les notes que donne un clairon ou un cor de chasse. C'est dans ce qui nous entoure, dans la nature même qu'il faut chercher l'origine des institutions, et non dans les vieux papiers».


LES PREMIERS INSTRUMENTS DE MUSIQUE

Le plus vieil instrument connu est un rhombus(1) en bois de renne découvert en Dordogne et pouvant dater de 12,000 ans avant notre ère. On a retrouvé en Chaldée des instruments à vent datant d'environ 3,000 ans av. J.-C. divers types de flûtes, des aulos à pavillon recouvert et (ou) recourbé, des trompettes à pavillon évasé; des instruments à corde: harpes, cithares, psaltérions, luths; et des instruments à percussion: cymbales, timbales, tambours et balags (grosse caisse). Cette civilisation suméro-chaldéenne (5,000 ans av. J.-C.) qui a eu une grande influence sur les Assyriens, les Hébreux, la Grèce, l'Égypte et les Romains nous a donc donné, à travers ces nations fondatrices de notre civilisation, certains des instruments que nous utilisons encore maintenant.

Les Grecs avaient une prédilection pour la lyre et la cythare: «la lyre et la cithare jouaient un rôle prédominant dans la poésie lyrique, mais l'aulos se joignait à elles pour accompagner les odes de Pindare et tenaient le monopole dans le domaine du dithyrambe et des choeurs dramatiques; la lyre régnait sur l'instruction athéniennne, l'aulos trouvait sa place dans la vie sociale et militaire». De grands poètes ont eu leurs noms associés à d'autres instruments: Homère et son kitharis, Sapho et son barbytos. La mythologie grecque attribue l'invention de la lyre à Hermès, qui l'offre à Apollon et à Orphée. Le tragique amour de ce dieu pour Eurydice inspirera le célèbre opéra de Gluck (1714-1787): Orphée et Eurydice. Une religion naîtra du culte d'Orphée, l'orphisme, laquelle exercera une influence profonde dans toute la Grèce du VIe siècle av. J.-C. jusqu'à la fin de l'Antiquité.

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