Technique
Pour Oswald Spengler, auteur de L'homme et la technique (1931), la technique c'est la main armée. Sa thèse est que grâce à son intelligence, elle-même associée à l'articulation oeil/main, l’homme a pu se retrouver dans la position du prédateur des prédateurs et, tout au long de son histoire, de maître de la technique, entendue comme stratégie de survie et de domination.
Dans La question de la technique (1954), Heidegger précise que le mot grec technê ne désigne pas seulement le « faire » de l'artisan et son art, mais aussi l'art au sens élevé du mot et les beaux-arts. La technê fait partie du produire, de la poiêsis; elle est poiétique. Quant à la technique moderne, elle est pour Heidegger une provocation, un « arraisonnement » par lequel la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulée... Par comparaison, le travail du paysan ou celui de l'artisan, qui s'apparentent à la technê, ne provoquent pas la terre cultivable...
Dans sa première définition de la technique (1954), Jacques Ellul distingue l’opération du phénomène. L’opération technique recouvre tout travail fait avec une certaine méthode, en vue d'atteindre un certain résultat. « Le phénomène technique est la préoccupation de l’immense majorité des hommes de notre temps de rechercher en toutes choses la méthode absolument la plus efficace. » La technique - en tant qu’opération comme en tant que phénomène - constitue un système, expliquera plus tard Ellul.