Bouchard Serge
L‘humour primaire — hélas! le plus répandu — fait rire par l’imitation souvent grotesque de gestes ou de paroles jugés ridicules. L’humour de Serge Bouchard s’appellerait plutôt l’esprit, au sens que le XVIIe siècle donnait à ce mot: «Il faut avouer que Monsieur de Molière a bien de l’esprit.» disait Louis XIV à celle qui pouvait le mieux recueillir et diffuser cette critique royale: Mme de Sévigné. Un esprit qui est une façon d’épingler la contradiction propre à notre humaine condition, perpétuelle union du comique et du tragique, celle qui préside aux fous rires lors des funérailles d’un être aimé, celle qui nous fait pleurer lors d’une chansonnette. (voir le chapitre «La chansonnette»).
L’esprit de Serge Bouchard est voisin de celui de Sol par l’aisance avec laquelle il tord les mots pour en exprimer toute la moelle, et j’ajouterais, de celui de Jean Narrache ou de Raoul Ponchon à cause du ton gouailleur et du rythme des phrases qu’on ne peut s’empêcher de lire à haute voix, comme des poèmes.
Par Hélène Laberge