Enjeux
"Quant au méthane, le gaz des marais, sa contribution à l'intensification de l'effet de serre représente 20 % de celles des gaz à effet de serre de longue durée émis par l'homme. D'après les mesures opérées, les concentrations ont augmenté d'environ 150 % depuis 1750, et il semble que le seuil atteint actuellement n'ait jamais été dépassé au cours des 420 000 années précédentes.
Ce gaz apparaît dans l'atmosphère à la suite de réactions chimiques.
Comme le gaz carbonique, le méthane peut être d'origine naturelle, par exemple lorsqu'il se dégage des zones humides naturelles, ou d'origine animale (fermentation entérique ) ou bien d'origine humaine, lorsqu'il provient de l'agriculture (rizières inondées), de l'extraction de gaz ou des prairies. Il est considéré que plus de la moitié des émissions de méthane sont d'origine anthropique.
Les mesures systématiques de ces émissions ne datent que de 1983; là encore, pour toute la période passée, il faut recourir à l'analyse des carottes glaciaires.
Les sources naturelles de méthane sont les sols pour 65 % environ et les océans pour 30 %.
Lors de son audition, M. Robert Kandel a relevé qu'en cas de réchauffement, il existerait un risque de dégagement important de méthane piégé sous forme d'hydrates dans les sédiments sous-marins comme dans les pergélisols alors que ce gaz possède un potentiel d'effet de serre bien plus puissant que le CO2.
Il s'agirait là d'une cause humaine indirecte même si cette émission provenait de l'océan."
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"Plus de la moitié des émissions de méthane proviennent de sources anthropiques. À partir de l'année 1983, début des mesures précises de la concentration de ce gaz dans l'atmosphère, celui-ci a continué à augmenter en passant de 1,610 ppbv* en 1983 à 1,745 ppbv en 1998. Cependant, l'augmentation annuelle s'est réduite durant cette période.
De grandes variations dans les émissions annuelles ont été observées au cours des années 1990. Ainsi, en 1992, les émissions étaient proches de zéro, alors qu'elles dépassaient 13 ppbv en 1998. Il s'agit là d'une source d'interrogation pour les experts.
Dans la mesure où l'accroissement dans l'atmosphère de la présence du CH
4 résulte de l'équilibre entre les sources et les puits, toute prévision des taux futurs de concentration est difficile à établir. En effet, même si les principales sources ont été identifiées, elles sont difficiles à quantifier, étant toujours largement sujettes à variation, et ce déjà en fonction du changement climatique lui-même.
Il doit être rappelé qu'une importante part des émissions de méthane provient de la culture du riz, et de la fermentation entérique chez les ruminants, c'est-à-dire des vents émis par ceux-ci lors de leur digestion.
Curieusement, le résumé technique du dernier rapport du GIEC ne dit rien sur ce dernier point, tandis que la riziculture est à peine évoquée.
Cette omission provient-elle en partie du souhait d'encourager la Chine, forte productrice de riz, et l'Inde, possédant le plus vaste cheptel de ruminants, à adhérer aux objectifs du protocole de Kyoto?"
* Parties par milliards en volume
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (France).
Rapport sur l'évaluation de l'ampleur des changements climatiques, de leurs causes et de leur impact prévisible sur la géographie de la France à l'horizon 2025, 2050 et 2100.
Tome 1. Session ordinaire de 2001-2002. Annexe au procès-verbal de la séance du 13 février 2002. Rapporteur: Marcel Deneux, sénateur (site du Sénat de la République française)