Fracture numérique

Enjeux

Extraits d'un Interview du Journal du Net le 17 mars 2000 avec M. Boutros Boutros-Ghali, alors Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie:
    «La Francophonie est là pour aider à s'exprimer ceux qui, sans elle, n'auraient pas le moyen de le faire. Internet constitue à cet égard un moyen nouveau de concrétiser l'esprit de solidarité, de partenariat qui est au fondement de notre communauté.
    (...)
    - Journal du Net: On parle souvent du problème de l'accès à Internet des pays en voie de développement, notamment pour l'Afrique qui est très peu connectée. N'est ce pas un sérieux obstacle aux échanges francophones en ligne ?
    - C'est non seulement un sérieux obstacle, mais c'est surtout la menace de voir se creuser chaque jour un peu plus un fossé d'un nouveau type, entre le Sud et le Nord, entre les "infopauvres" et les "inforiches". C'est la raison pour laquelle la démocratisation de l'accès, notamment en Afrique, reste l'une des priorités de l'Organisation internationale de la Francophonie. Car malgré une demande croissante, notamment de la part des jeunes, la généralisation de l'utilisation de l'Internet dans l'ensemble des pays d'Afrique reste limitée en raison de l'insuffisance de l'informatisation et des infrastructures de communication, mais aussi du coôt élevé des communications. Mais on ne peut pas tout faire. Il faut aussi, une volonté politique forte à l'échelle nationale. La stratégie de la Francophonie en la matière est de privilégier l'équipement des lieux publics afin de répartir le coôt de l'accès à ces équipements entre un grand nombre d'utilisateurs.

    - Journal du Net: Quelles actions sont ou vont être entreprises justement pour favoriser cet accès à Internet ?
    - Nous avons un ambitieux projet de création de cybercentres en Afrique, en partenariat avec la Banque mondiale. Nous voulons aussi tirer le meilleur parti des structures existantes. Je pense notamment aux 170 Centres de lecture et d'animation culturelle mis en place par l'Agence intergouvernementale de la Francophonie en zone rurale qui seront progressivement connectés à Internet. Je pense, aussi, aux points d'accès aux inforoutes pour la jeunesse (PAJE) au sein des établissements scolaires, des instituts de formation ou d'autres organisations touchant la jeunesse, déjà installés dans 17 pays francophones dont 10 pays africains. Je pense, aussi aux 26 Centres de ressource créés par l'Agence universitaire de la Francophonie qui permet déjà l'accès à Internet pour plus de 4.000 enseignants et chercheurs sur les cinq continents. Mais il ne suffit pas d'équiper, il faut aussi favoriser la production de contenus en français et former les utilisateurs. La Francophonie dispose, depuis 1998, d'un Fonds francophone des inforoutes doté d'un montant annuel de 40 millions de francs français destiné à subventionner la créations de sites à vocation multilatérale. Depuis sa mise en place, ce Fonds a déjà traité plus de 600 projets. Elle s'appuie aussi sur un Institut francophone des nouvelles technologies de l'information et de la formation, l'Intif, situé à Bordeaux, qui a pour vocation d'assurer un accès aux nouvelles technologies, un accès à l'information et à la documentation et un accès à la formation à distance.»

Article disponible sur le Journal du Net

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