Chirurgie plastique

Qu’est ce que la chirurgie plastique? Voici la définition que propose le Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (France) :

«Appellation globale de notre spécialité, elle englobe la totalité des interventions qui modifient, réparent ou embellissent les téguments et les formes. On distingue :
    - la chirurgie Réparatrice qui apporte une transformation allant de "l’anormal ou pathologique" vers le "normal", exemple les malformations congénitales ou les séquelles de brûlures ou de morsure ou encore les séquelles d’accidents ou de chirurgie destructrice après cancer. Il s’agit de réparer un défaut et de tendre vers la plus grande amélioration possible mais en apportant en contrepartie des cicatrices et parfois des opérations répétées. (...).
    - la chirurgie Esthétique qui fait passer du "normal" vers le "beau" hors contexte de maladie (...). »
Source: Questions les plus fréquentes (site du Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique)

Essentiel

«Les attitudes profondes face à la chirurgie esthétique dépendent de la conception que l’on a des rapports de l’âme et du corps. Selon que l’on considère le corps comme un instrument ou comme un signe de l’âme, on est plus ou moins favorable à la chirurgie esthétique. C’est par le visage surtout que le corps se manifeste en tant que signe. La chirurgie esthétique appliquée au visage le réduit à un instrument semblable aux biceps.

Jeunes ou vieux, certains visages nous repoussent! D’autres nous attirent absolument, qui souvent ne correspondent pas aux canons de la beauté classique, ou plastique! Dans le visage le plus jeune, il y a une mobilité des traits qui est l’esquisse, tout de suite effacée, des rides d’expression qui se formeront avec le temps et qui laissent entrevoir la façon dont il vieillira. C’est cette mobilité qui nous séduit ou nous repousse. Sur le visage refait, cette mobilité n’existe plus; une essentielle manifestation de la vie a disparu.

Certains visages de vieillards sont fascinants précisément parce qu’on y lit comme dans des couches géologiques, les divers âges de la vie. Telle expression fugace, et qu’il faut savoir saisir au vol, sur le visage de ma mère ou de ma grand-mère, et c’est la fillette de cinq ans, gourmande ou espiègle, qui ressurgit. Ou, tout au contraire, dans ces traits durement sculptés — je pense au visage de Sénèque — quelle synthèse de toutes les passions, de toutes les contradictions, de toutes les illusions, de toutes les jouissances d’une longue vie. Certains visages de vieillards sont un concentré de civilisation. Et pourtant, ils gardent leur secret, leur mystère, que n’a pas défloré l’indiscret scalpel. On est devant un être humain, devant l’éphémère, réelle et déchirante union d’un corps et d’une âme dont chacun des traits du visage témoigne.»

HÉLÈNE LABERGE, Une histoire de la chirurgie plastique, L'Agora, vol. 8, no 2.

Enjeux

Les États-Unis servant de modèle dans ce domaine, la chirurgie esthétique connaît une forte croissance au début du second millénaire, notamment parmi les jeunes.

Les problèmes que soulève cette pratique sont évidemment psychologiques, mais aussi raciaux et économiques.

Problèmes raciaux

Aux États-Unis, divers immigrants, les Juifs et les Italiens en particulier, furent atteints par les règles de standardisation de la beauté. Ces Cyranos malgré eux étaient identifiés par leur nez. Et pour avoir accès aux emplois offerts, beaucoup choisirent de se faire faire une chirurgie du nez conforme aux critères de beauté imposés par le old stock. Ce nez qui provoquait des préjugés, ils se le firent redresser. Et, paradoxalement, ce furent les nouveaux arrivants, déjà amputés de leur passé, de leurs traditions, de leurs cultures vivantes, qui se virent dans l’obligation de se départir d’un des traits héréditaires les plus riches sur le plan de l’identité et de la beauté personnelle et raciale. Melting Pot, a-t-on dit, pour désigner l’intégration si réussie aux USA des immigrants des diverses vagues. Un mélange? Oui, mais après élimination des légumes négatifs!

Problèmes économiques

En 1993, deux économistes, Daniel Hamermesh et Jeff Biddle, démontrèrent «que la beauté était une matière première, un produit dont on pouvait calculer la valeur. Les personnes attrayantes font plus d’argent. Une belle apparence fait gagner 5 % de plus à l’heure, alors que la perte est de 7 % pour la personne d’allure ordinaire. Quel que soit le type de travail, qu’on soit à Hollywood ou ouvrier, les personnes qui paraissent bien (good looking) gagnent plus d’argent». (ELIZABETH HAIKEN, Venus Envy, A History of Cosmetic Surgery, Baltimore and London, Johns Hopkins Paperbacks Edition, 1999, 370 p.)

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